Rio Tinto laisse tomber Chinalco et se tourne vers BHP Billiton

Le groupe minier anglo-australien met fin à son accord de recapitalisation controversé avec le chinois Chinalco. Rio Tinto lance une augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars et forme une co-entreprise avec son homologue australien BHP Billiton.

Rio Tinto rebat les cartes de son avenir. Le groupe minier anglo-australien a annoncé ce vendredi trois informations capitales: la fin de son accord de recapitalisation controversé avec le chinois Chinalco, le lancement d'une augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars et la formation d'une co-entreprise pour ses actifs australiens avec BHP Billiton.

Ce revirement est un vrai coup de théâtre, même si déjà jeudi, les rumeurs allaient bon train sur la fin de l'accord entre Rio Tinto et Chinalco. Ce dernier devait être à terme actionnaire à 18% et obtenir deux sièges au conseil d'administration. Mais sa montée en puissance avait été contestée dès son annonce en février par les autres actionnaires qui le trouvaient onéreux et n'en comprenaient pas la logique : Rio Tinto avait auparavant farouchement défendu son indépendance contre une proposition de fusion de sa compatriote  BHP Billiton, qui aurait créé un géant mondial du secteur. Chinalco, déjà actionnaire à 9% de Rio Tinto , s'était engagé à lui apporter 19,5 milliards de dollars, à travers, d'une part, un achat d'obligations convertibles de 7,2 milliards de dollars, et d'autre part l'achat de divers actifs de premier choix de Rio Tinto, pour un montant de 12,3 milliards de dollars.


"La transaction annoncée et recommandée par les conseils d'administration  ne sera pas poursuivie", annonce Rio Tinto dans son communiqué. Chinalco va recevoir un dédommagement de 195 millions de dollars. "Nous sommes très déçus de ce résultat", a aussitôt réagi le président de Chinalco, Xiong Weiping, dans un communiqué. Rio Tinto indique néanmoins "rester intéressé dans une potentielle future collaboration avec Chinalco et continue à reconnaître l'importance de la Chine et de la construction de relations importantes dans ce pays".

Par ailleurs, BHP Billiton et Rio Tinto vont finalement mettre en commun leurs riches gisements de l'ouest australien dans une co-entreprise à 50/50 et BHP Billiton dédommagera Rio Tinto à hauteur de 5,8 milliards de dollars pour égaliser les contributions. Avec sa recapitalisation de 15,2 milliards de dollars (la deuxième plus importante sur les marchés après les 18,3 milliards levés par HSBC en avril), Rio Tinto entend notamment être en mesure de réduire sa dette contractée avec l'achat du producteur d'aluminium Alcan en 2007 pour 38,7 milliards de dollars, au plus haut de la bulle des matières premières.  Rio Tinto espère ainsi être en mesure de la réduire à 23,2 milliards de dollars. 

Pour Chinalco, société contrôlée par l'Etat chinois, il s'agit d'un échec important, car elle souhaitait à travers cet investissement, avoir voix au chapitre sur la fixation des prix du minerai de fer. A eux deux, Rio Tinto et BHP Billiton fournissent en effet environ 75% du minerai de fer importé par la Chine. L'investissement de Chinalco aurait aussi été le plus important jamais réalisé par un investisseur chinois à l'étranger.


Le président Jan du Plessis, cité dans le communiqué, explique le revirement de son groupe par l'amélioration récentes des marchés: "Depuis début février, les marchés financiers ont connu une amélioration importante. Cela a eu pour conséquence, d'une part de rendre les termes de la transaction prévue avec Chinalco beaucoup moins intéressants, d'autre part notre aptitude à lever un niveau de capital approprié à nos besoins et dans des conditions attractives s'est améliorée très considérablement". Et d'ajouter : "Parallèlement, nous avons eu l'opportunité d'entamer avec BHP Billiton des discussions sur la possibilité d'une très intéressante coentreprise de production de minerai de fer dans l'ouest de l'Australie, qui va apporter une valeur considérable aux actionnaires", a-t-il ajouté. Avant de conclure: "Etant donné les circonstances nouvelles, et le retour important que nous avons eu de nos actionnaires entre autres, nous avons pensé que la formation de la coentreprise et l'augmentation de capital étaient la meilleure solution". 

(retrouvez le communiqué de Rio Tinto).

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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accord et desaccord que rio est entrain de saventurer ne profite qu'a lui seul qui sait ce quil veut.les guinéen doivent comprendre que rio n'est pas prèt a exploiter nos 2,5miliards de tonne du simandou et ne veut pas laisser autre a le faire.ce é...

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