Métro parisien : Comment Socofer prend part au Grand Paris

SAINT-PIERRE-DES-CORPS (INDRE-ET-LOIRE). Le petit constructeur ferroviaire tourangeau fournira une vingtaine de locomotives et de voitures de maintenance dans le cadre de l’extension du métro parisien à partir de 2025. Conséquence de ce surcroît d’activité, Socofer ouvrira un nouvel établissement, probablement en Lorraine.
Le marché des trains de maintenance des vois remporté par Socofer pour l’extension du Grand Paris s’étalera au minimum jusqu’en 2030 et représentera au total un volume d’affaires de 80 millions d’euros.
Le marché des trains de maintenance des vois remporté par Socofer pour l’extension du Grand Paris s’étalera au minimum jusqu’en 2030 et représentera au total un volume d’affaires de 80 millions d’euros. (Crédits : Reuters)

La PME de Saint-Pierre-des-Corps, Socofer, vient d'être retenue par la société du Grand Paris pour un marché ferme comprenant 17 locomotives et voitures de maintenance des voies ferrées. Dix autres machines ont été commandées de manière optionnelle pour assurer la surveillance de 200 kilomètres de voies au total.

Si Jean-François Monteils, président du directoire de l'établissement public d'Etat, a annoncé le 22 décembre un décalage de plusieurs mois de la livraison intégrale du futur métro circulaire francilien, la livraison des premiers matériels de maintenance, prévue en 2025, ne devrait pas, en principe, être impactée par ce retard.

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Socofer change de dimension

Prévue pour s'étaler pendant cinq ans, cette première tranche de trains représentera environ 80 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ces recettes additionnelles feront changer Socofer de dimension.

Fondée en 1965 au cœur du nœud ferroviaire de Saint-Pierre-des-Corps, à quatre kilomètres de Tours, Socofer emploie actuellement 100 salariés et réalisera 20 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année. Grâce à ce nouvel appel d'air depuis l'Ile-de-France voisine, la société familiale compte tripler ses recettes d'ici 2026 à 60 millions d'euros. Socofer table parallèlement sur le recrutement d'une cinquantaine de salariés d'ici quatre ans.

Le nouveau marché se traduira enfin par une extension significative de l'outil de production de l'entreprise, actuellement de 8.000 m2 en Touraine. La société recherche depuis plusieurs mois sans succès un bâtiment de quelque 4.000 m2 sur la zone industrielle de Saint-Pierre-des-corps. « Nous n'avons pas identifié la surface et les locaux idoines localement. Il y a de moins en moins de foncier disponible sur place, ce qui est paradoxal vu le taux de chômage important, regrette Bertrand Hallé, président de Socofer. Dans ce contexte de pénurie, nous allons probablement nous rabattre sur la Lorraine, où nous possédons déjà un petit établissement à Woippy à proximité de Metz. Le choix sera effectué au premier trimestre 2023 ».

Outre la pénurie de terrains, le manque de compétences fait également défaut en Touraine, selon le chef d'entreprise. Il pense ainsi plus facilement recruter des techniciens de bureaux d'études et des ingénieurs en électricité sur le bassin industriel lorrain.

Thaïlande et Emirats arabes unis

Après deux années de crise sanitaire, qui ont fortement ralenti l'activité ferroviaire en 2020 et 2021, le marché du transport est nettement reparti à la hausse l'année dernière. Socofer a ainsi réactivé la production des 19 trains de maintenance commandés avant la pandémie par la compagnie Eurotunnel. Leur livraison avait été également retardée du fait du Brexit. « Les premières machines de surveillance des voies ferrées dans le tunnel sous la Manche devraient arriver au début de l'année 2024 », assure l'industriel tourangeau.

Socofer profite également du contexte devenu largement favorable au transport ferroviaire. Face à l'aviation et à l'automobile, le développement du train est désormais considéré au niveau mondial comme un vecteur essentiel de la transition énergétique et de la décarbonation des moyens de transport de voyageurs et de marchandises. Ainsi, le petit fabricant a plusieurs contrats en cours de finalisation dans son carnet de commandes. Il s'agit de deux trains de maintenance en Thaïlande et au Royaume-Uni, d'un autorail de contrôle des rails aux Emirats arabes unis, ainsi que d'une locomotive pour le métro de Marseille. « Avec la reprise économique, Alstom, principal fabricant de trains en Europe, ne s'intéresse plus aux petits marchés, souffle Bertrand Hallé. Socofer profite également de cet appel d'air ».

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Commentaire 1
à écrit le 26/12/2022 à 15:47
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Bonjour, Au moins une entreprise française qui a du travail et qui s'agrandit en France... Souvent je regrette que certains entreprises profitent de leur commande pour faire travailler la main d'oeuvre a bas prix hors de notre pays..

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