OPA de Veolia : l’intersyndicale de Suez appelle Macron à la rescousse

Les syndicalistes du géant du traitement de l’eau et des déchets exhortent le chef de l’Etat à arbitrer l’OPA lancée par Veolia, dénonçant un « projet mortifère ».
Marine Godelier
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

C'est son « ultime recours pour mettre fin [au] conflit » qui l'oppose depuis de long mois à Veolia. Alors que Suez est sous la menace d'une OPA de Veolia, l'intersyndicale de Suez a annoncé le 22 mars avoir sollicité Emmanuel Macron une semaine plus tôt, afin qu'il trouve « une solution par le haut pour l'ensemble des parties prenantes ». « Soudée et indéboulonnable », contre le projet de son concurrent, elle demande au chef de l'Etat de se positionner en arbitre. « [Sa] voix peut et doit nécessairement se faire entendre dans un débat aux enjeux capitaux que sont l'emploi et la gestion de l'eau et des déchets », a-t-elle déclaré dans la foulée.

Une « casse sociale inexorable »

En octobre, Veolia avait acquis auprès d'Engie 29,9% du capital de Suez, avant de se lancer à l'assaut du reste, via une OPA à 18 euros par action. Un « projet mortifère », dénoncent les syndicats dans ce courrier remis au Président de la République, « funeste en ce qu'il ne porte aucun projet industriel solide et durable pour Suez en France et à l'international ». Celui-ci prévoit l'intégration de la totalité des activités françaises de Suez (eau, recherche et développement, déchets) au sein d'une entité unique, cédée pour des raisons de concurrence, au fonds d'infrastructure Meridiam.

Mais ce dernier « n'a ni la taille [...], ni l'expérience dans la gestion d'entreprise de cette dimension, gérant simultanément plusieurs centaines de contrats », estime l'intersyndicale. « Privé de synergies avec des activités internationales, il ne serait qu'un petit concurrence éphémère pour Veolia, et voué à un échec rapide, engendrant une casse sociale inexorable. » Ce « démantèlement » ne fera ainsi « que réduire la concurrence et l'innovation, et par conséquent, porter atteinte à l'égal accès de nos territoires aux solutions innovantes en matière de gestion des déchets et gestion de l'eau », ajoute-t-elle.

Lire aussi : Veolia laisse la totalité de Suez France à Meridiam, pour prendre l'international

Flou sur les engagements sociaux

Pourtant, Meridiam s'est engagé à conserver l'activité sur le long terme, sous la marque Suez, ainsi que ses 30 000 salariés en France pendant au moins quatre ans. « On veut que les salariés s'y retrouvent. Il y a la place pour deux champions », se défend-on a Veolia. Antoine Frérot, le patron du groupe, a d'ailleurs affirmé être prêt à faire contrôler ses engagements en termes d'acquis sociaux par une instance indépendante.

Mais les syndicats de Suez dénoncent un mirage. « [C]es engagements sociaux ne valent rien, dans la mesure où [ceux] sur l'emploi ne portent que jusqu'en 2023, soit le temps pour obtenir les autorisations nécessaires au niveau de la concurrence, puis d'organiser des Plans de Sauvegarde de l'Emploi ou des ventes en bradant nos entités », écrivent-ils. Avant de reprocher à leur rival d'avoir « balayé d'un revers de main » la médiation proposée par la représentation nationale et la main tendue du conseil d'administration et de la direction.

L'issue Ardian et GIP

Pour sauver Suez, ils soutiennent une contre-offre du groupe, formulée par son président Philippe Varin dimanche 21 mars afin de « sortir par le haut ». Celui-ci s'est en effet tourné vers deux fonds, Ardian et Global Infrastructure Partners (GIP), qui proposent de reprendre l'essentiel des activités de Suez en France, ainsi que l'activité « Eau et Technologie » à l'international. Le tout pour un montant de 11,9 milliards d'euros (soit 15,8 milliards en valeur d'entreprise et 20 euros par action). Veolia a immédiatement coupé court aux négociations, déclarant n'être « pas intéressé par le démantèlement de Suez proposé par M. Philippe Varin », et ajoutant qu'il ne vendra pas ni n'échangera sa participation de 29,9% dans Suez.

Mais, pour l'intersyndicale, Ardian et GIP représentent des « investisseurs sérieux et solides (...), prêts à poursuivre notre plan stratégique ». Celui-ci comprend le maintien des statuts et avantages sociaux, que Suez a exigé pour quatre ans pour ses salariés passant chez Veolia, mais aussi « la garantie de l'autonomie et de l'indépendance du groupe Suez » et « une vraie concurrence en France, en Europe et à l'international ».

Marine Godelier

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Commentaires 2
à écrit le 25/03/2021 à 7:52
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comme pour l'electricité et le gaz le client doit avoir le droit de choisir son fournisseur et dans ce cas veolia exit et pas imposer par des vendeurs de vent

à écrit le 25/03/2021 à 4:28
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L'Intersyndicale de SUEZ serait avisée de prendre contact avec le management et l'Intersyndicale de VEOLIA

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