Réindustrialisation : Protecop relocalise la fabrication des gilets pare-balles

Le fabricant normand d’équipements de protection pour les forces de l’ordre et les soldats a rapatrié dans l’Eure la production des gilets pare-balles qui était dévolue à son usine tunisienne.
Vue du stand de Protecop au salon Milipol l'an dernier
Vue du stand de Protecop au salon Milipol l'an dernier (Crédits : DR)

Sébastien Lecornu, nouveau ministre des armées, sera content de l'apprendre. C'est dans son fief de l'Eure -où il a conservé la présidence du Conseil départemental- que seront désormais fabriqués l'entièreté des gilets pare-balles produit par Protecop : l'un des gros acteurs de la filière balistique hexagonale. Fondée il y a une quarante ans, cette PME familiale s'est faite une réputation en développant les toutes premières tenues intégrales de maintien de l'ordre connues sous le nom de Robocop. Presque une décennie après avoir créé une usine en Tunisie (150 de ses 200 salariés), elle relocalise une partie de son activité dans le bocage normand.

Profitant d'une dotation d'un demi-million allouée dans le cadre du plan de Relance, elle rapatrie sur son site historique de Bernay la production des gilets pare-balles qu'elle fabriquait depuis le Maghreb pour les forces de l'ordre et les armées françaises et étrangères.

« Il ne s'agit pas de déshabiller la Tunisie pour rhabiller la France, mais de sécuriser l'approvisionnement de ces produits stratégiques pour répondre aux enjeux de souveraineté », précise Emmanuelle Hoebanx, sa directrice commerciale.

Objectif : mieux anticiper les tensions régulières que subit le marché des gilets pare-balles en raison d'événements sécuritaires sur la scène internationale.

« De l'œil au marché français »

En hissant le drapeau tricolore, l'entreprise ne cache pas qu'elle espère aussi s'arroger quelques bons points dans les futurs appels d'offres des ministères des armées et de l'intérieur. « On fait de l'œil au marché français, admet Emmanuelle Hoebanx. Car quand vous équipez les forces de l'ordre de votre pays, il est plus facile d'exporter ». Au passage, l'intéressée rappelle avoir mal vécu un épisode survenu il y a 4 ans. À l'époque, la Direction  générale de l'armement avait écarté la candidature de l'entreprise normande au profit d'un concurrent irlandais. Lequel avait confié à un sous-traitant asiatique la fabrication des 300.000 gilets pare-balles commandés par la DGA.

« C'est désespérant », avait commenté Pascale Le Carpentier, présidente de Protecop à la suite de cette déconvenue en fustigeant un code des marchés publics « plus royaliste que le roi ». Quatre ans plus tard, la directrice commerciale enfonce le clou à la veille de se rendre au salon Eurosatory où elle devrait croiser quelques représentants du gouvernement. « Le soutien du plan de Relance est précieux, mais nous avons besoin de la commande publique sinon notre nouvelle usine risque de tourner à vide », prévient-elle.

En attendant d'éventuelles bonnes surprises en provenance des administrations centrales parisiennes,  la PME (10 M€ de chiffres d'affaires dont 60% à l'export) poursuit son développement à l'étranger. Sa principale cible ? L'Amérique latine où elle a ouvert un bureau commercial et emporté, il y a peu, un gros contrat avec la police militaire de Sao Paulo (Brésil) pour la fourniture de 15.000 gilets pare-balles. Lesquels sont en cours de fabrication à Bernay.

Après avoir réalisé 600.000 euros d'investissement dans la R&D en 2021, elle vient par ailleurs de s'équiper d'un banc d'essai balistique doté d'un canon à impulsion pour tester in situ la résistance aux balles de ses équipements. « C'est une installation que nous sommes peu nombreux à posséder et qui va nous permettre de répondre plus rapidement aux appels d'offres grâce à sa proximité avec les nouveaux ateliers de fabrication», se félicite Emmanuelle Hoebanx. Une autre manière de protéger ses arrières.

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Commentaires 2
à écrit le 11/06/2022 à 10:49
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a quoi servent les gilets pare balles sinon aux voyous de la ponction publique qui ont la trouille !!! et on les appelle des protecteurs !! quelle blague !!!

le 11/06/2022 à 21:10
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N'importe quoi, va dire à un militaire que son gilet pare balle ne luis sert à rien et qu'il' est un voyou de la ponction publique à moins que tu préfères les milices privées

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