Relocalisation : All circuits confirme le grand retour de l’électronique en France

DOSSIER MONDIALISATION- Le groupe All circuits, l’un des premiers sous-traitants français de cartes électroniques pour l’automobile, est emblématique des efforts de réindustrialisation menés dans l’Hexagone sur certains créneaux abandonnés il y a plusieurs décennies. Dans ce contexte, il vient d’agrandir son usine du Loiret pour booster sensiblement sa production. En ligne de mire, le développement exponentiel annoncé de la voiture électrique.
L’usine MSL de Meung sur Loire est le navire amiral du groupe All circuits. Ses effectifs seront portés à 800 salariés d’ici 2025, soir une hausse de 25%. (Photo MSL / Depoorter)
L’usine MSL de Meung sur Loire est le navire amiral du groupe All circuits. Ses effectifs seront portés à 800 salariés d’ici 2025, soir une hausse de 25%. (Photo MSL / Depoorter) (Crédits : Reuters)

L'agrandissement important de 6.000 mètres carrés, dont va bénéficier l'usine MSL circuits à Meung-sur-Loire, dans l'agglomération orléanaise, est un bon exemple de relocalisation industrielle. Et ce d'une activité qui avait largement disparu en France. Et pour cause, cet investissement vise à doper la production de cartes électronique de l'unité loirétaine du groupe All circuits dont le siège est également installé sur le site. Un véritable retournement de tendance dans la mesure où depuis deux décennies, l'électronique industrielle a largement disparu du territoire national provoquant l'arrêt complet d'activités comme la téléphonie. Un virage qui se retrouve ailleurs en France, comme en Dordogne où un autre fabricant de cartes électroniques et équipements de radiocommunication, TPL Systèmes, las des vicissitudes du commerce mondial depuis le Covid, a investi lourdement dans une ligne de production dernier cri à Sarlat.

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Inaugurée le 21 juin en présence de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et élu dans le département voisin du Loir-et-Cher, la nouvelle unité de production 4.0 se verra équiper de nouvelles lignes de fabrication. Elle a nécessité un investissement de huit millions d'euros pour la construction du seul bâtiment. Côté équipements, 25 millions d'euros supplémentaires seront injectés sur trois ans par All circuits. Cet effort financier est soutenu par l'Etat dans le cadre du plan France Relance, à hauteur d'1,9 million d'euros. Lors de la visite, Marc Fesneau a ainsi justifié ce coup de pouce significatif par la volonté du gouvernement Borne « de soutenir le développement d'une production française compétitive de composants électroniques qui participe au renforcement de la souveraineté industrielle nationale ».

Ce que confirme Bruno Racault, PDG d'All circuits : « moins de 5% des composants sont actuellement fabriqués en Europe où il ne reste plus que quelques acteurs, comme STMicroelectronics en FranceL'objectif est d'atteindre 10% d'ici à huit ans. La nouvelle unité y contribuera en se posant comme la plus importante Factory hexagonale de cartes électroniques fabriquées et non plus seulement assemblées sur le territoire ». La plupart des circuits d'All circuits sont imprimés en Asie et aux Etats-Unis.

Le tremplin des moteurs électriques

Ce retour de la production sur le territoire est également lié à l'évolution du marché automobile, un segment de marché qui représente 75% du chiffre d'affaires d'All circuits, lequel s'est élevé à 295 millions d'euros en 2021. Il œuvre également pour les géants de l'industrie électrique Schneider, Général Electric, mais aussi la startup Lunii, éditrice du boîtier « La Fabrique à histoires » pour les enfants. Sur son principal segment d'activité, l'automobile, All circuit est ainsi un sous-traitant de premier rang pour les majors équipementiers Valéo, Continental et Inteva, concernant les commandes de climatisation et de feux notamment. Il fournit aussi en direct certains constructeurs. E-Motors, coentreprise du groupe PSA (Stellantis) et de Nidec Leroy-Somer, figure ainsi parmi les grands comptes clients de cette entreprise à taille intermédiaire (ETI). La signature en 2021 d'un contrat avec Renault, qui a prévu l'arrêt des moteurs thermiques sur ses véhicules en 2035, a été le déclencheur de l'investissement à Meung sur Loire. All circuits fournira dès 2022 les boîtiers de contrôle des batteries électriques du constructeur français. Un marché exponentiel que Bruno Racault estime annuellement à 80 millions d'euros.

Outre MSL à Meung sur Loire, All circuits détient deux autres sites de production en France, à Bayonne et à Angers, et emploie au total un millier de salariés. Le groupe possède également deux usines en Tunisie et au Mexique, portant ses effectifs à 2.000 collaborateurs. Détenu majoritairement par des investisseurs privés luxembourgeois, All circuits ambitionne de doubler ses recettes d'ici trois ans, en les portant à 600 millions d'euros. Cette renaissance de l'électronique nationale, dont l'ETI s'affirme comme l'un des moteurs à côté des principaux groupes concurrents, Lacroix electronics à Saint-Pierre-Montlimart près de Nantes et Actia à Toulouse, se traduira aussi par environ 240 nouveaux recrutements chez MSL. D'ores et déjà, 50 postes sont ouverts dans le Loiret.

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Commentaire 1
à écrit le 22/07/2022 à 9:53
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Très bonne nouvelle, et espérons que ça n'est que le début. A la fin, il y aura plus de gens au boulot, et moins de gens en train de refaire le monde dans les bistrots. Un monde qui n'en sera que meilleur, même si il y aura toujours les intellos pa...

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