"Amazon éduque les PME françaises à la vente sur Internet" (Laurent Broncard, Amazon)

ENTRETIEN - A chaque fois qu'Amazon ouvre une plateforme logistique dans une région française, les commerçants et les entreprises locales soulèvent la crainte de perdre leurs débouchés. Le géant de l'e-commerce s'en défend et met en avant une politique d'intégration de l'offre "made in France". Dans une interview accordée à La Tribune, Laurent Broncard, responsable de la marketplace d'Amazon en France, détaille sa stratégie dans l'Hexagone.
(Crédits : Olivier Mirguet)

LA TRIBUNE - Quel est l'impact des ventes d'Amazon sur l'activité des PME françaises ?

Laurent BRONCARD - Amazon a réalisé 7,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France en 2020. La marketplace représente plus de la moitié de ces ventes. Le modèle que nous mettons en avant, c'est le développement d'un réseau de logistique partagée. Pour alimenter ce réseau, nous avons élaboré une offre de digitalisation destinée aux PME et aux TPE. 13.000 petites entreprises françaises vendent leurs produits sur Amazon. Elles ont réalisé 400 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'export, dont 25 millions d'euros pour les seules entreprises du Grand-Est.

Les commerçants locaux évoquent souvent leur crainte de perte de chiffre d'affaires, face à la montée en puissance de vos plateformes logistiques sur le territoire français. Amazon a-t-il fait régresser les commerçants français ?

Nous avons démontré à travers nos investissements notre volonté d'être partenaire des entreprises qui souhaitent vendre en ligne. Le site amazon.fr compte près de 400 millions de produits. Nous avons récemment lancé notre boutique du "Fabriqué en France". Cette boutique, qui doit leur permettre de se démarquer, propose plus de 230.000 références.

Comment ces PME peuvent-elles s'y prendre, lorsqu'elles ne sont pas rodées à vos pratiques logistiques et au commerce en ligne ?

Notre démarche se situe dans l'éducation des TPE et des PME à la vente sur internet. Nous avons lancé un outil en ligne, l'accélérateur du numérique, qui comprend une offre de formation en ligne, avec 80 vidéos qui couvrent tous les sujets du e-commerce. Cette offre a été plébiscitée. Plus de 9.000 PME et TPE se sont inscrites depuis un an et suivent nos cours, sous forme de webinaires ou de séminaires.

Et ensuite ?

Les vendeurs sont libres d'assurer eux-mêmes leur logistique ou de nous la confier. Quand ils souhaitent nous confier leurs produits, nous leur donnons un rendez-vous dans l'entrepôt régional le plus proche. Ils ont aussi la possibilité de nous faire parvenir leur envoi par UPS, avec qui nous avons, par exemple, négocié un tarif national unique de 5,42 euros hors taxes pour un envoi de 15 kilos.

Quels sont les freins au développement des PME sur votre marketplace ?

Vendre sur internet, c'est de plus en plus simple et intuitif. On essaie encore de faire tomber les barrières à l'entrée. Pour animer cette activité, nous disposons à Clichy d'une équipe de gestionnaires de compte chargés de présenter notre modèle de marketplace aux petites entreprises et de les rassurer quant aux bénéfices de la vente en ligne.

Quels objectifs partagez-vous avec ces PME ?

On a constaté pendant la pandémie que beaucoup de PME françaises n'étaient pas encore digitalisées. 30 % d'entre elles ont déployé une activité numérique en France, contre 70 % en Allemagne. Elles peuvent vendre sur internet en adoptant le modèle de place de marché. Dans ce cas, notre commission varie entre 7 % et 15 %, en fonction de la nature du produit vendu. Cette place de marché leur ouvre les portes à l'export. Les vendeurs ont le choix des pays dans lesquels ils veulent être diffusés. A l'échelle nationale, 65 % des PME dont nous distribuons les produits ont déjà vendu à l'export, via l'un de nos sept sites européens. Nous nous occupons des commandes et des éventuels retours. C'est inclus dans notre commission logistique.

Les ouvertures d'entrepôts ont-elles un eu impact sur les ventes réalisées par les entreprises des régions concernées ?

Notre entrepôt de Metz a ouvert au mois de septembre 2021, à la rentrée scolaire. Nous n'avons pas encore mesuré son effet sur l'activité des entreprises locales. Je ne pense pas que notre ouverture à Metz ait déjà eu un impact significatif sur le lancement sur Amazon de nouveaux vendeurs du Grand-Est. Avant de passer de l'idée à l'action, il se passe toujours un peu de temps. Et certaines entreprises du Grand-Est n'avaient pas attendu l'ouverture de notre entrepôt pour commencer à vendre sur Amazon.

Propos recueillis par Olivier Mirguet

[article modifié le 14 décembre à 20 h 40 : ajout de précision sur le chiffre d'affaires réalisé à l'export par les entreprises françaises du Grand-Est]

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Commentaires 8
à écrit le 13/12/2021 à 21:40
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Heureux de comprendre qu'il ne s'agit pas d'éduquer pour enfermer dans un écosystème propriétaire, mais bien d'éduquer à la vente sur internet en général.

à écrit le 13/12/2021 à 16:35
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Tous ça pour financer les loisirs de haut standing genre foire du trône, le manège enchanté de Jeff pezos ! Bonjour les marges arrières !

à écrit le 13/12/2021 à 10:59
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Amazon et Facebook sont très présents dans les médias en ce moment, et se paient des pleines pages de campagnes de notoriété. C'est curieux, et c'est peut-être parce qu'ils sont en pleine bagarre avec les Etats (cf l'amende de 1 milliard d'euro d'Am...

à écrit le 13/12/2021 à 10:17
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L'empire américain gère déjà la politique à Bruxelles ,la défense ,l'énergie ,la bourse, la santé ,cela me paraît logique qu'il gère le commerce européen .

à écrit le 13/12/2021 à 8:04
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Parce qu'ils y ont intérêt tout simplement tout comme ils usent abondamment du dumping social parce qu'ils y ont aussi intérêt et quand on est prévisible comme ça au final derrière les milliers de milliards on ne vaut pas grand chose.

le 13/12/2021 à 15:21
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Parce que des gens comme vous se complaisent dans les mots et commandent chaque jour sur Amazon... ... personnellement je n'achete pas eux... Faites comme moi

le 13/12/2021 à 16:51
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"commandent chaque jour sur Amazon... " Pas de chance je n'ai jamais commandé chez eux ni chez alibaba d'ailleurs et même pas par idéologie je trouve leurs sites moches et mal faits, une véritable honte quand on gagne autant d'argent avec ça. Mais tu...

à écrit le 13/12/2021 à 7:22
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Ah woué c'est du lourd là. .. 25 millions pour 13.000 《 entreprises 》... je pose 0 je retiens rien.. ça fait dans les 1900 € par an çà. .. et donc une somme gargantuesque de 160 € mensuel.. ht ou ttc ? la balance des paiements est sauve ! Trêve de ...

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