Grande distribution : Bercy donne son feu vert au plan de sauvetage de Casino

Le ministère de l'Économie a validé le plan du groupe destiné à restructurer son importante dette. Bercy devait se prononcer « au titre du contrôle des investissements étrangers ». Casino doit encore emporter l'approbation de différentes autorités de la concurrence.
Casino comptait encore fin 2022 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France sous diverses enseignes.
Casino comptait encore fin 2022 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France sous diverses enseignes. (Crédits : STEPHANE MAHE)

La restructuration de Casino avance... ou du moins l'autorisation de celle-ci. Le groupe, engagé dans la restructuration de sa dette et sa reprise par un trio composé des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière ainsi que du fonds britannique Attestor, a annoncé ce lundi avoir obtenu l'aval de Bercy pour l'opération « au titre du contrôle des investissements étrangers ».

Le distributeur en grandes difficultés financières a annoncé dans un communiqué « que le ministère de l'Économie français a rendu le 11 janvier 2024 sa décision autorisant, au titre du contrôle des investissements étrangers en France, la prise de contrôle du groupe dans le cadre de sa restructuration financière par le consortium » des repreneurs.

« Le véhicule d'acquisition du consortium (France Retail Holdings) sera contrôlé par EP Equity Investment III s.à r.l., société contrôlée » par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, indique encore Casino.

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Créanciers et actionnaires de Casino ont sans surprise avalisé la semaine précédente le plan de sauvegarde du groupe négocié ces derniers mois, ce qui permet au distributeur, qui comptait encore fin 2022 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France sous diverses enseignes (Casino, Monoprix, Franprix ou CDiscount), d'avancer dans la restructuration de son intenable endettement.

Une décision du tribunal de commerce le 5 février

Mais le groupe doit encore emporter l'approbation de différentes autorités de la concurrence « autres que la Commission européenne », qui a donné son feu vert début janvier sur ces questions; l'autorisation par l'Autorité luxembourgeoise des assurances du changement de contrôle indirect de Casino RE (filiale de réassurance du Groupe); ou encore l'autorisation de la Commission européenne sur les questions de subventions étrangères.

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Le tribunal de commerce de Paris devra, lui, statuer le 5 février sur l'examen du projet de plan de sauvegarde accélérée, avaient précisé en fin de semaine précédente les administrateurs judiciaires au chevet du groupe. La période de sauvegarde accélérée de Casino s'achèvera le 25 février.

Les diverses augmentations de capital doivent ensuite avoir lieu en mars et une assemblée générale des nouveaux actionnaires devra dans la foulée statuer sur la nouvelle composition du conseil d'administration. Ces derniers n'auront plus tellement voix au chapitre, puisqu'ils vont être massivement dilués : actuel actionnaire majoritaire, Rallye (contrôlé Jean-Charles Naouri) ne détiendra plus que 0,12% du capital.

Une restructuration critiquée par les syndicats

Philippe Palazzi, appelé à devenir le directeur général du groupe une fois que les repreneurs seront actionnaires majoritaires, a présenté jeudi les grandes lignes d'un objectif de « croissance rentable et responsable », avec un programme d'investissements à hauteur de 300 millions d'euros par an jusqu'en 2028 pour redresser les comptes. Interrogé sur l'avenir de l'équipe actuelle, il a indiqué qu'il prévoyait « des changements », mais « gardera aussi les personnes compétentes ».

L'avocat Saam Golshani, qui accompagne Daniel Kretinsky dans la reprise de Casino, a quant à lui balayé les doutes d'un actionnaire sur des velléités de vente à la découpe, présentant le milliardaire tchèque comme un investisseur « de long terme ».

Les repreneurs ne se sont toutefois pas opposés à l'entrée de Casino « en négociations exclusives » avec Intermarché et Auchan pour céder« la quasi-totalité » de son parc de magasins de grande taille, 313 hyper et supermarchés. Ces négociations doivent s'achever d'ici « fin janvier », selon le patron des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard.

Les syndicats réunis en intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA et CFE-CGC), y voyant un dépeçage de l'activité historique du groupe né à Saint-Etienne, ont quant à eux déposé un nouveau préavis de grève allant du 9 janvier au 5 février. L'intersyndicale a indiqué jeudi qu'elle allait négocier avant la fin du premier trimestre un « accord de méthode » pour l'accompagnement social des salariés concernés par la vente des hyper et supermarchés. Trois dates de négociation ont été arrêtées, les 18, 26 janvier et le 7 février.

Importantes pertes en 2023

Pour l'exercice de l'année 2023, le groupe prévoit que son Ebitda (résultat brut d'exploitation), un indicateur clé de rentabilité, passe dans le rouge avec une perte d'environ 100 millions d'euros, selon un communiqué publié en novembre dernier. Pour rappel, fin octobre, il prévoyait un Ebitda dans le vert, à moins de 100 millions d'euros. C'est la deuxième fois en moins d'un mois que le groupe sabre dans ses prévisions de rentabilité.

En plus de ce nouveau chiffre, Casino prend encore plus de précautions en donnant une fourchette, allant d'une perte de 78 millions d'euros à une perte encore plus lourde de 140 millions, dans laquelle pourrait finalement s'établir son Ebitda pour 2023 « en fonction de la bonne réalisation des plans d'actions ».

Casino, qui a baissé ses prix début 2023 après les avoir laissés filer l'année précédente, indique également que ses marges souffrent, dans un contexte d'inflation, de l'impact des « investissements » mis en place dans le cadre de son redressement. Ces effets devraient être durables puisque Casino a également sabré mercredi dans ses prévisions 2024, anticipant un Ebitda de 222 millions d'euros, contre 401 millions précédemment anticipés en septembre dernier. Pour 2025, la baisse est plus contenue, la prévision passant de 582 à 509 millions.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 16/01/2024 à 17:07
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Il n'y aura pas de licenciements, ...uniquement des départs volontaires !!!

le 16/01/2024 à 21:15
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@Idx 🤣 C'est effectivement une autre méthode de faire. Comme celle du taulard que l'on retrouvera suicidé dans sa cellule de quatre coups de couteau dans le dos.

à écrit le 15/01/2024 à 21:45
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On reprendra les actionnaires à jouer au Casino! Personnellement, j'avais joué Carrefour; même secteur, même PDG énarque-inspecteur des finances; mais l'un avait la bosse du commerce et l'autre celle des mathématiques financières.

à écrit le 15/01/2024 à 18:13
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Quel intérêt de reprendre CASINO avec une telle dette pour ensuite revendre tous ses hypermarchés et supermarchés pour garder des entrepôts et un siège surdimensionnés, pour garder FRANPRIX MONOPRIX et des magasins de proximité ayant une politique pr...

à écrit le 15/01/2024 à 17:15
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J'attends de constater (sur une période de douze mois) le nombre des licenciements, de déplacements des masses salariales auprès d'autres structures à des kilomètres et kilomètres (histoire à forcer implicitement cet exode à démissionner) pour mieux ...

le 15/01/2024 à 19:12
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Une plainte vient d être déposée pour faux usage de faux et escroquerie en bande organisée ! Ils vont etre content la bande des quatre ! On prends les mêmes et on recommence mis à part attestor qui a sentie la bonne soupe ! On nationalise les pertes ...

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