La boulangerie-pâtisserie angevine Maison Becam étend son réseau

Fondateurs de l’enseigne de boulangerie-pâtisserie angevine Maison Becam, Nicolas et Cécile Becam viennent de créer une licence de marque pour développer au plan national, un concept muri durant quinze ans pour s’adapter à tous types d’implantations.
A Nantes, Maison Becam s'est implantée sur quatre emplacements dans le centre-ville.
A Nantes, Maison Becam s'est implantée sur quatre emplacements dans le centre-ville. (Crédits : MB)

Deux boulangeries-pâtisseries Maison Becam (MB) ont successivement ouvert en décembre dans le centre-ville de Nantes. Deux autres sont attendues en mars et avril. Suivront trois autres points de vente à Saint-Sylvain d'Anjou et à Orleans (2 magasins) au cours du premier trimestre 2021. A la tête de huit boulangeries-pâtisseries sur l'agglomération angevine, Nicolas et Cécile Becam ont pétri et façonné leur concept durant une quinzaine d'années pour finalement le développer en propre et sous licence de marques en France.

Au rythme de six à dix ouvertures par an, le réseau, qui doit prendre pied à Paris Intramuros dès l'an prochain, devrait compter plus de cinquante magasins d'ici cinq à dix ans dans l'Hexagone. Des espaces de 250 m² à 400 m² dont le modèle économique a été murement réfléchi et testé pour s'adapter à la fois aux configurations des centre-ville, des galeries commerciales, des quartiers, de la périphérie et des ronds-points... « Tous nos concurrents sont des modèles avec chacun une valeur ajoutée primaire », reconnait Nicolas Becam, inspiré par le savoir-faire des maisons Feuillette, Ange, Blachère... ou de l'angevin Michel Galloyer, qui a fait école jusqu'au Japon. « La nôtre, c'est de développer un concept abouti où l'on pétri, façonne et cuit sur place plus de vingt-sortes de pain. Les viennoiseries sont feuilletées et levées », ajoute l'artisan, fils de boulanger, qui a façonné son premier croissant à l'âge de trois ans dans le fournil familial. « Je suis né dans le pétrin...», indique le boulanger maitrisant aujourd'hui les ficelles du marketing et de l'entreprenariat.

L'apprentissage, un vivier de talents

 Après un bac de gestion, six ans d'apprentissage dans la boulangerie et l'obtention de brevets de maitrise de boulangerie et de pâtisserie, Nicolas Becam acquiert sa première boulangerie en 2005 à Angers avec son épouse, Cécile, elle aussi passée par l'apprentissage, dans la restauration gastronomique et comme sommelière.

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Huit ans plus tard, le couple fait du « Jardin des saveurs », la Maison Becam. Très vite, l'enseigne accouche de huit points de vente sur l'agglomération angevine, multiple les innovations (flûte Becam, flûte Plantagenet, pains spéciaux...) et collectionne les récompenses : 1er Prix au Concours de Pain de Tradition Française, 1er Prix au Concours du Pain Sucré, Salé, Snacking, le 2ème Prix au Concours de Pains Fantaisies... grâce à des recettes élaborées avec des produits (beurre, fromage, jambon...) 100% français et éco-responsables. Depuis 2012, les farines sont spécialement conçues à la carte par la minoterie Girardeau, en Loire-Atlantique. Chaque boulangerie est équipée d'un labo intégré permettant de fabriquer et cuire tout au long de la journée. Seules les pâtisseries sont centralisées dans un atelier de production, à Angers, piloté par Matthieu Blandin, champion du monde de la pâtisserie en 2013. L'autre recette de la croissance de Maison Becam (NCB holding), aujourd'hui, détenue à 84,9% par le couple Becam et 15,1% par la Sarl Baudinvest appartenant à Bertrand Baudaire, pdg des restaurants La Boucherie, c'est d'appuyer ses recrutements sur l'apprentissage. Le groupe qui emploie aujourd'hui 122 personnes compte dans ses rangs cinquante-sept apprentis issus des CFA, CCI, MFR (Maison Familiale Rurale)... « Depuis 2005, plus de 140 apprentis sont venus chez nous en alternance. Nous avons 95% de réussite aux examens. C'est un vivier dans lequel nous pouvons détecter des talents et nourrir le réseau. Nous leur offrons de véritables plans de carrière », assure Nicolas Becam.

 Un premier contrat de licence

 De 2005 à 2012 (2,2 millions d'euros), le chiffre d'affaires a été multiplié par dix. En 2019, il atteignait 7,2 millions d'euros en 2019 et devrait toucher la barre des 10 millions d'euros en 2020 et atteindre 16 millions d'euros en 2021. Avec un résultat net annuel de 10% du chiffre d'affaires depuis deux ans, l'affaire serait rentable. « La chance que l'on a, c'est que, dans ce secteur, l'écrémage a été fait par nos concurrents depuis 10 ou 20 ans», se félicite Nicolas Becam. Au cours des douze derniers mois, il a finalisé la rédaction de son contrat de licence de marques et la création d'une marque signature « Choc'Oroi », déclinée sous forme de moelleux au chocolat, de biscuits, de flûtes (Plantagenêts et Becam), de macarons framboise, de vins pétillant et moelleux... markétés d'une fleur de lys, symbole royaliste figurant sur les armoiries des Ducs d'Anjou et du Roi René qui régna sur Angers, et valeurs revendiquées par l'enseigne. Quinze ans de pratiques et de savoir-faire ont été traduits en protocoles, process, outils de management... pour construire un manuel opératoire transmissible aux futurs licenciés. Une étape charnière.

« Notre modèle économique s'équilibre autour de six métiers », précise l'entrepreneur. La boulangerie (20%), les viennoiseries (20%), la pâtisserie (15%), le snacking (25%), le salon de thé (5%), les pizza et Fizza (5%), création maison composée à partir d'une pâte feuilletée, recouverte de sauce tomate et divers ingrédients, plus légère que la spécialité italienne. Avec des nouveautés comme le Becam-Wish, une formule de sandwichs, dont le contenu est présenté sur une réglette en aluminium et préparé à la demande, ce sont au total, cent-soixante-dix lignes de produits créées, analysées et mises à la carte, dont une partie est rejetée si elle n'intègre pas les 80% de chiffre d'affaires.

Pourquoi une licence plutôt qu'une franchise ? « Le modèle économique est amené à évoluer. La franchise est un modèle très descendant, or, on l'a vu en période de crise, nous avons besoin d'agilité. La licence est aussi moins engageante juridiquement car nous n'avons, malgré tout, pas encore fait toutes nos preuves », admet Nicolas Becam, qui a signé son premier contrat de licence avec un couple de trentenaires nantais la veille du premier confinement.

Un partenaire engagé

A Nantes, c'est en plein centre-ville, sur des emplacements numéro 1 que Lucie Modicom et Quentin Goudet, premier partenaire licencié de Maison Becam, viennent d'acquérir, via Maison Becam Nantes (détenue à 33% par NCB holding et 67% par le couple Modicom-Goudet) quatre points de vente, précédemment détenus par un artisan boulanger nantais. Finalisé en février dernier pour des ouvertures programmées à partir de septembre, le projet a, en raison des restrictions sanitaires, été reporté en décembre dernier. Contraintes de centre-ville obligent, les espaces de vente s'étendent ici sur 100 à 170 m². Entre acquisition et transformation des quatre points de vente, l'investissement porte sur 4 millions d'euros. « L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros », précise Lucie Modicom, ex-directrice marketing du groupe d'agroalimentaire Sodebo, passé par le groupe Le Duff (Brioche dorée, Le Fournil de Pierre) associée Quentin Goudet, ex- directeur de centre de profit dans le BTP et d'unité de production chez le fabricant de bateau de plaisance Bénéteau.

« Les métiers de bouches nous parlent et nous avions envie de mettre à profit nos expériences dans la structuration de projets, la prospective, les attentes consommateurs, la gestion d'unités pour accompagner le développement d'entrepreneurs », justifie l'entrepreneuse nantaise. « On ne veut pas se cantonner d'une gestion globale des boulangeries mais faire grandir Maison Becam», précise-t-elle. Et c'est, apparemment, plutôt bien parti. D'abord, dans un contexte sanitaire et social particulier, les banques n'ont pas reculé et ont donné leur feu vert au projet qui s'accompagnait de la reprise de 40 salariés. En deux mois d'ouverture, avec 500 à 600 clients jours, les chiffres d'affaires des deux premiers points de vente ont dépassé de 25% et 40% les prévisionnels. « Et nous allons recruter vingt personnes supplémentaires pour accompagner les deux autres ouvertures en mars et avril. Ce projet, c'est une équipe que l'on tisse », observe Lucie Modicom, qui n'exclut pas une cinquième, une sixième voire une septième boutique sur l'agglomération nantaise où l'enseigne devrait rapidement mettre en place une boutique en ligne, le click & collect et la livraison à domicile, en s'appuyant sur les acteurs en place.

De son côté, Nicolas Becam, envisage une levée de fonds en 2021 pour accompagner sa croissance en propre et sous licences. Maison Becam entend séduire les franchisés du réseau La Boucherie, détenu par son unique actionnaire pour se densifier en France. Des profils qui pourraient amener MB à basculer vers la franchise d'ici deux à trois ans. Avant d'exporter ces douceurs angevines à l'international.

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