Les relations entre le Club Méditerranée et Bernard Tapie sont loin de s'apaiser. Le groupe de tourisme vient d'indiquer qu'il a porté plainte devant le procureur de la République contre l'homme d'affaires "pour manipulation de cours de nature à induire en erreur les investisseurs". Le Club Med souhaite "que soient sanctionnées des pratiques en violation flagrante avec les règles de la communication boursière", indique le groupe dans un communiqué. Ces pratiques, "compte tenu de la personnalité médiatique de leur auteur, sont de nature à avoir induit en erreur des investisseurs, notamment des petits actionnaires non professionnels susceptibles d'avoir été influencés par la confusion que Bernard Tapie a entretenue, jour après jour, sur ses intentions", ajoute le Club Med. Les propos de Bernard Tapie, qui n'a eu de cesse de dénigrer la société, sa stratégie, ses collaborateurs et ses dirigeants, ont par ailleurs causé au Club Méditerranée un préjudice d'image important", souligne le communiqué.

Joint par la Tribune.fr, Bernard Tapie a refusé de s'exprimer, assurant ne plus avoir parlé sur ce sujet depuis plusieurs jours et réagissant à l'annonce du dépôt de cette plainte par un tonitruant "je m'en branle !" (sic). Il a un peu plus tard diffusé un communiqué cité par l'AFP (Agence France Presse) indiquant : "Monsieur Giscard d'Estaing a annoncé ce jour, avec un sourire de satisfaction, les résultats du premier semestre, à savoir une perte de 22 M d'euros, une baisse de fréquentation de 18 % et a déclaré être dans l'incapacité de donner des chiffres précis sur les perspectives du deuxième semestre. Voilà l'information importante, le reste n'est que diversion".

De son côté, l'AMF, l'autorité des marchés financiers a indiqué avoir ouvert une enquête sur l'évolution du titre Club Med.

Un peu plus tôt dans la matinée, Club Med avait laissé entendre qu'il allait porter plainte. Jugeant dans un communiqué que ses "critiques constituent un dénigrement de la société et portent atteinte à son image et à son activité", le Club Med laissait planer le doute avant de passer un peu plus tard à l'acte. "Les critiques publiques portées par Bernard Tapie - sur le fonctionnement du Club Méditerranée, sur sa stratégie et sur ce qu'est aujourd'hui le Club Méditerranée intervenant alors que s'est tenue une augmentation de capital de la société - ne sont pas conformes, par leur forme et leur contenu à ce qui peut être exprimé sur toute société cotée. Ces critiques constituent un dénigrement de la société et portent atteinte à son image et à son activité" indique un communiqué paru à l'issue du conseil d'administration qui s'est tenu mercredi pour valider les comptes semestriels. Les préjudices qu'elles sont susceptibles de causer à la société et, de ce fait, à ses actionnaires ainsi qu'à ses collaborateurs, seront appréciés par l'autorité judiciaire compétente. Les attaques personnelles formulées à l'encontre de Henri Giscard d' Estaing sont considérées par le conseil d'administration comme "scandaleuses et dénuées de tout fondement". Le conseil a rappelé que c'est avec son soutien constant que Henri Giscard d'Estaing et l'équipe de direction du Club Méditerranée ont mis en oeuvre avec énergie et ténacité la stratégie du Groupe. Le conseil tient à réaffirmer son soutien total à la stratégie de montée en gamme et à ses modalités de réalisation qui lui paraissent les seules à même de sauvegarder l'intérêt des actionnaires, la satisfaction de ses clients et d'assurer l'avenir, le développement et la rentabilité du Club Méditerranée. A l'unanimité, le conseil d'administration rend hommage au travail déjà réalisé dans un contexte rendu très difficile pour l'activité touristique par la situation économique mondiale, précise encore le communiqué. Le conseil renouvelle sa totale confiance en Henri Giscard d'Estaing et en l'ensemble descollaborateurs qui agissent quotidiennement avec talent, compétence et dévouement au service des clients du Club Méditerranée.

Parallèlement à cette plainte, le groupe a présenté ses comptes semestriels. La crise mondiale se fait durablement sentir pour le groupe. Des résultats qui seront passés au crible, en particulier par Bernard Tapie qui depuis deux mois s'intéresse de près au groupe, du moins par ses déclarations. En attendant, le groupe de tourisme a vu ses pertes se creuser de 9 à 22 millions au premier semestre de l'exercice 2008-2009. Au niveau opérationnel, le groupe de loisirs inscrit une perte de neuf millions d'euros contre un bénéfice de cinq millions engrangé au premier semestre 2007-2008, selon un communiqué publié ce jeudi. Le résultat opérationnel courant de la division loisirs s'est pour sa part accru passant à 28 millions contre 26 millions.

Les ventes semestrielles se sont repliées de 4,2% à 724 millions. Le chiffre d'affaires par lit disponible, présenté comme l'indicateur clé de la montée en gamme du groupe en terme d'activité, est en croissance de 2,3% sur le semestre, grâce à un taux d'occupation en légère progression et à un prix moyen en progression de 3%. "Les chiffres de l'hiver 2009, réalisés dans un contexte de crise mondiale, sont marqués par une nouvelle progression du nombre de clients sur le haut de gamme, des gains de part de marché et la progression de la rentabilité opérationnelle des villages", déclare Henri Giscard d'Estaing, le président directeur général du Club Méditerranée, cité dans le communiqué. Tout en prenant en compte "le manque de visibilité sur l'été constaté par l'ensemble des acteurs du tourisme, le groupe poursuit sa stratégie grâce à sa structure financière et son actionnariat renforcés", ajoute le P-DG.

La saison s'avère difficile: le Club Méditerranée fait état d'une baisse de 18,3% cumulé au 6 juin de ses réservations pour la saison été 2009 comprenant une baisse de 17,4% en Europe, de 18,2% en Asie et de 28,4% aux Amérique. Pour s'adapter à la crise mondiale, le Club Méditerranée a mis en place, une politique de réduction de ses capacités, de ses investissements et de ses coûts.
Aussi la capacité a-t-elle été ajustée à la baisse de 8,7% pour cet été, les investissements ont-ils été limités à 50 millions pour l'exercice 2009 et à 35 millions pour 2010. Le groupe a en outre engagé des cessions devant représenter un montant de 45 millions d'euros en 2009, dont 10 millions sont déjà réalisés, et un montant de 50 millions en 2010. Enfin, il a renforcé ses programmes de productivité des coûts de structure en les portant de 31 millions prévus en décembre 2008 à 56 millions.

Au 30 avril, la dette nette s'établissait à 317 millions. Les liquidités s'élèvent à 116 millions et le ratio d'endettement est de 71,7%. Club Med souligne que l'ensemble des covenants ont été respectés et ceci avant même l'impact de l'augmentation de capital de 102 millions clôturée le 26 mai dernier. A l'issue de cette opération, la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc possède 10,97% du capital du groupe de loisirs, Rolaco Groupe 4,69%, Air France Finance 2%, Crédit Agricole 4,2% et Nippon Life 2,98%.

En Bourse, le titre Club Med a été sanctionné jeudi avec un recul de 3,98% à 9,18 euros.

(retrouvez le communiqué du Club Méditerranée sur ses résultats du premier trimestre 2009)