Coronavirus : annulations de concerts en cascade, ventes de billets en chute libre (-50%), le monde du spectacle appelle à l'aide

"C'est pire qu'après les attentats de 2015!" Les ventes de billets de concerts et spectacles ont déjà chuté de 50% sur un an. Les annulations de spectacles se sont multipliées (Gims, M, PNL, Simple Minds, M. Pokora, Madonna). La situation est grave car, comme dans le transport aérien, tout ce qui est perdu ne sera pas rattrapé. Un appel aux autorités vient d'être lancé qui réclame la mise en place d'"un fonds d'urgence" pour aider un secteur déjà très fragilisé (attentats, grèves...). Ci-après, un point aussi sur les mesures de réduction de la fréquentation de grands sites (Château de Versailles, Louvre, Centre Pompidou, Théâtre de Chaillot, Philarmonie, Opéra de Paris).
(Crédits : Opéra de Massy / Céréales Killer / via Wikipedia (CC-BY-SA-4.0 ))

Annulations pures et simples ou accès restreint: le monde du spectacle et de la culture cherchait la parade lundi après la décision choc d'interdire tout rassemblement supérieur à 1.000 personnes, pour freiner la propagation du coronavirus.

Après une première série de reports la semaine dernière (Gims, M, PNL, Simple Minds, M. Pokora), ce sont les concerts de Madonna, prévus mardi et mercredi au Grand Rex, qui ont été annulés, mettant un point final à la tournée "Madame X".

L'inquiétude est palpable du côté des salles de concerts et des producteurs, avec des ventes de billets qui ont déjà chuté de 50% sur un an. Une perte "supérieure à celle des attentats de 2015", selon le syndicat professionnel Prodiss.

"On n'a plus rien de prévu d'ici début juin", détaille auprès de l'AFP Thierry Teodori, directeur général de la Halle Tony Garnier à Lyon, une des plus grandes salles de France (jusqu'à 17.000 places).

"Tout ce qui était plus de 5.000 spectateurs a déjà été reporté, pour la plupart à l'automne. Il nous restait quelques concerts en petite jauge qu'on est en train de déplacer (...) jusqu'à un an faute de place".

Principale difficulté: l'absence de précisions sur la durée des restrictions.

"Ça envoie un signal très négatif pour la fréquentation des salles"-

Au label indépendant Chinese Man Records (CMR), l'interdiction gouvernementale ne pouvait plus mal tomber: le groupe qui a donné son nom au label devait entamer jeudi à Marseille une tournée de 18 dates, pour accompagner le lancement d'un album.

"Ce qu'on attend, c'est le décret qui doit être publié" mardi, explique à l'AFP Frédéric Maigne, le directeur de CMR. Évoquant une situation "catastrophique financièrement", il s'inquiète de la durée des décisions et des mesures de soutien qui seront mises en place.

"Ça envoie un signal très négatif sur la fréquentation des salles. Nous sentions un fléchissement. Mais là on semble dire que se rendre dans une salle de spectacle, c'est courir un grand danger. Ce n'est pas la fin du monde. Ce n'est pas parce que deux personnes sont contaminées que 600 personnes seront contaminées", a commenté pour sa part le producteur de spectacles, Jean-Marc Dumontet, président des Molières, sur BFMTV.

Le ministre de la Culture devait recevoir les professionnels du secteur

La Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma (Fesac) a donc tiré la sonnette d'alarme, appelant les autorités à mettre en place "un fonds d'urgence" pour aider un secteur déjà fragilisé, par les attentats et les grèves dans les transports liées à la mobilisation contre la réforme des retraites.

Le ministre de la Culture Franck Riester doit recevoir entre lundi soir et mardi matin les professionnels du secteur, selon son entourage.

À menace exceptionnelle, mesures de sécurité draconiennes

Face à la menace exceptionnelle liée au coronavirus, le gouvernement avait d'abord interdit les rassemblements en milieu clos de plus de 5.000 personnes jusqu'à fin mai, avant de ramener l'interdiction à mi-avril. La mesure avait entraîné des annulations de concerts et salons comme le Mondial du tatouage mi-mars et le salon Livre Paris fin mars.

En annonçant l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes, en plein air comme en milieu clos, il a encore durci sa réponse, semant l'émoi. Des exceptions sont toutefois prévues pour des événements considérées "comme utiles à la vie de la nation".

Dans les musées et lieux d'exposition, s'adapter semble être le maître mot. Pour le Louvre, le plus fréquenté au monde, l'accès est désormais réservé uniquement aux visiteurs munis d'un billet électronique et à ceux bénéficiant d'une entrée gratuite.

Réduction de la jauge à Pompidou

Le Centre Pompidou a établi un comptage en temps réel avec des jauges maximales de 1.000 personnes dans les espaces d'expos et dans la bibliothèque (où seulement un siège sur deux doit être occupé).

Quant au château de Versailles, il va mettre en place dès mardi une régulation de ses visiteurs, en les incitant à réserver un billet en ligne avec créneau horaire.

La Philharmonie de Paris a annulé dès lundi soir et au moins jusqu'au 22 mars les concerts qui ont lieu dans la grande salle Pierre Boulez (2.400 places), tout en maintenant ses autres concerts, ateliers et activités.

L'Opéra de Paris, déjà échaudé par une grève historique de son personnel qui lui a coûté 16,4 millions d'euros, a annulé trois représentations. Quant au Théâtre de Chaillot a annoncé qu'il limitera sa jauge à 1.000 places.

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Commentaires 2
à écrit le 11/03/2020 à 8:24
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L'heure n'est, de toutes manières, plus au divertissement. Et c'est tant mieux car il serait temps de s'impliquer dans des sujets importants.

à écrit le 10/03/2020 à 17:36
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Notre système capitaliste reposant sur la consommation/productions/gains semble tellement vieux et obsolète pour s'adapter aux nouveaux fléaux liés à la pollution générale...

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