Le projet d’extension du plus vieux Center Parc français a du plomb dans l’aile

Nouveau revers pour le groupe Pierre & Vacances. Un an et demi après l’échec de Roybon, le tribunal administratif de Rouen vient de mettre un coup d’arrêt au projet d’extension du domaine des Bois Francs, le premier des Center Parcs construit en France.
Inauguré en 1988, le Domaine des Bois Francs est le plus ancien des Center Parcs français
Inauguré en 1988, le Domaine des Bois Francs est le plus ancien des Center Parcs français (Crédits : PVCP)

Les temps sont durs pour le groupe Pierre & Vacances - Center Parcs. Lesté par la pandémie, le groupe touristique a accumulé plus de 600 millions d'euros de dettes au cours de ses deux derniers exercices et joue son avenir. Il vient de prolonger jusqu'au 18 février les négociations exclusives entamées en décembre avec un consortium d'investisseurs et de créanciers en vue d'une recapitalisation massive. Occupé à sortir la tête de l'eau, il se débat aussi avec d'autres difficultés. Bien accepté lors de son lancement, le développement de son modèle de parcs de loisirs aquatiques se heurte à une opposition de plus en plus résolue en France.

Dernier exemple en date dans la verdoyante vallée de l'Avre (Eure) où le groupe projetait d'étendre le premier des Center Parcs créés dans l'Hexagone par leur concepteur, le fantasque Néerlandais Piet Derksen décédé depuis. Inauguré en 1988 puis racheté par Pierre & Vacances au début de la décennie 2000 en même temps que tous les parcs de la marque, le domaine des Bois Francs devait porter sa capacité d'accueil de 3.500 à 5.400 personnes, moyennant le déboisement d'une trentaine d'hectares, l'agrandissement de l'Aqua Mundo et la construction de plus de 300 cottages supplémentaires. Le tout pour un investissement de 160 millions d'euros.

La justice administrative coule le projet

C'était sans compter sur la détermination d'un collectif d'opposants. Arguant d'un projet « calamiteux, anachronique et destructeur », leur association -Le Pic Vert des Bois Francs- vient d'obtenir gain de cause devant le tribunal administratif de Rouen. Le 16 janvier, celui-ci a annulé la délibération de la communauté de communes Interco Normandie Sud Eure qui actait la modification des documents d'urbanisme : pré-requis indispensable à l'extension du site. Dans leurs attendus, les juges estiment qu'en dépit de la promesse de  Pierre & Vacances - Center Parcs de planter une centaine d'hectares de nouveaux espaces boisés « les modalités de déboisement compensatoire ne sont pas définies ». En outre, ils mettent en doute l'impact positif  sur l'économie locale « pas suffisamment établi ».

Localement, la décision du tribunal est diversement accueillie. « Nous espérons qu'elle mette un coup d'arrêt définitif  à l'objectif d'agrandissement du domaine », applaudissent les co-présidents du groupe EELV au Conseil régional qui dénoncent « un projet écologiquement irresponsable ». Le ton est nettement moins enthousiaste du côté de la communauté de communes où l'on n'exclut pas la possibilité d'un recours. « C'est dommage pour l'attractivité du territoire, regrette son directeur général Yannick Rouyeras. Le domaine est un acteur économique important et nous sommes très soucieux de le voir évoluer ».

Stop ou encore ?

Au siège de Pierre & Vacances, on se refuse à commenter la décision de justice. « Le groupe avait retiré toutes ses demandes d'autorisation en 2020 à la demande des services de l'Etat qui ne souhaitaient pas instruire pendant la période de contentieux », se borne t-on à nous signaler.

Quant à savoir ce qu'il adviendra du projet d'agrandissement, mystère. « Rien n'est décidé à ce stade », assure sa porte-parole. Une incertitude confirmée à la communauté de communes. « Bien que nous soyons en relation régulière, le groupe ne nous a fait part d'aucune intention », indique Yannick Royeras à regret. L'intéressé peut toutefois se rassurer : PVCP ne semble pas avoir renoncé à investir. Les travaux de montée en gamme du domaine entamés en 2017 se poursuivent. « Sur 852 cottages au total, 679 cottages ont d'ores et déjà été rénovés. La rénovation des 173 cottages restants commence en mars prochain et sera finie en 2022 », indique sa maison-mère. La suite reste à écrire.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 03/02/2022 à 8:58
Signaler
Le problème de ces franchises qui jouent plus sur le CA et les emprunts que sur les bénéfices, par ailleurs ce modèle touristique reste profondément désespérant, payer pour passer ses vacances enfermés c'est quand même particulier mais forcément avec...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.