Malte fait la première entorse au pass sanitaire européen : Bruxelles fait les gros yeux

Neuf jours après la mise en place du pass sanitaire européen pour relancer le tourisme, Malte a décidé, pour contrer la recrudescence de l'épidémie, de fermer ses frontières aux non-vaccinés. Et ce même s'ils détiennent un test PCR comme le préconisent les règles européennes. Pour le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, l'adoption du pass sanitaire par l'UE s'impose.
(Crédits : AXEL SCHMIDT)

C'était la crainte des professionnels du transport aérien et du tourisme au Paris Air Forum : que chaque pays de l'Union européenne applique ses propres mesures de restrictions de voyage de manière unilatérale, sans coordination, alors qu'ils se sont tous entendus sur la mise en place le 1er juillet d'un pass sanitaire européen pour faire redécoller le tourisme. Or la première entorse à ce certificat européen n'a pas traîné. Neuf jours seulement après sa mise en place de ce pass permettant aux vaccinés comme aux non-vaccinés de voyager au sein de l'Union européenne, Malte a décidé, devant la flambée du variant Delta de fermer ses frontières aux non-vaccinés. Et ce même s'ils détiennent un test PCR comme le préconisent les règles européennes.

Nouveaux cas à Malte

Alors que la mise en place de ce certificat sanitaire avait pris des mois, la décision de Malte fait désordre au sein de l'UE. Pour Clément Beaune, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes , elle "est contraire aux règles européennes", a-t-il regretté ce dimanche au Grand rendez-vous Europe 1/CNews/Les Echos. "Je ne le condamne pas, mais la décision qui a été prise par Malte est contraire aux règles européennes et je crois qu'il faut qu'on s'en tienne à notre cadre et l'appliquer pleinement. Ce cadre, c'est celui du pass sanitaire européen".

Malte avait ouvert ses frontières bien avant la date du 1er juillet. Dès le 1er juin, les touristes de l'UE, des Etats-Unis et de quelques autres Etats étaient de nouveau les bienvenus dans la petite île méditerranéenne de 500.000 habitants, à condition de présenter un test négatif au Covid ou s'ils étaient complètement vaccinés. Mais un test PCR ne suffit plus, ont annoncé les autorités maltaises, espérant ainsi juguler une recrudescence des nouveaux cas de Covid-19. Pays le plus vacciné de l'UE, avec 79% de la population adulte ayant reçu deux doses de vaccin, Malté a recensé vendredi 96 nouveaux cas, dont 90% chez des personnes non vaccinées, alors que le 27 juin, elle n'en avait enregistré aucun.

Le pass sanitaire s'impose aux pays de l'UE dit Bruxelles

En tout cas, la décision n'est pas du goût de la Commission européenne. Bruxelles cherche ainsi à convaincre Malte de revenir sur sa décision. Pour le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, l'adoption du pass sanitaire par l'UE s'impose aux pays membres, a-t-il rappelé ce lundi sur France Inter.

"Il y a eu deux décisions: le certificat qu'on a mis en place et qui s'impose à tous les Etats européens, comme une preuve de votre situation par rapport à la maladie. Et puis il y a une recommandation adoptée par les 27 Etats, qui part de l'idée que le passeport se suffit à lui-même, sauf si la situation sanitaire venait à se détériorer", a expliqué le commissaire.

"Nous allons donc discuter avec Malte pour qu'elle accepte les test PCR", a-t-il ajouté.

"En fonction du taux de contamination par le variant Delta (...), il est normal que l'on reprenne des mesures, de test et de quarantaine, mais pas d'interdiction de voyage", a-t-il poursuivi.

Comment fonctionne le pass sanitaire?

 Pour rappel, ce précieux sésame est censé donner une bouffée d'oxygène à l'industrie du tourisme, mise à genoux par la pandémie. Disponible aux formats papier et numérique, le pass sanitaire prend la forme d'un QR Code qui peut être vérifié par les compagnies de transport (avion, train, bateau) et la police.

Ce certificat comprend des données d'identification (nom, date de naissance) et surtout les informations relatives à la vaccination (type de vaccin, nombre de doses reçues, date d'injection), ou au dépistage (date et type de test, résultat négatif ou positif). Il s'applique en fait à trois situations: il atteste qu'une personne a été vaccinée contre le Covid-19, qu'elle a passé un test négatif, ou encore qu'elle est immunisée après avoir contracté la maladie.

Il revient au pays de destination de décider s'il accepte les tests antigéniques rapides en plus des PCR. L'UE recommande d'accepter les deux et d'harmoniser leur durée de validité (pas plus de 72 heures avant l'arrivée pour les PCR et pas plus de 48 heures pour les antigéniques).

Pour prouver qu'elle a été immunisée après une infection, une personne doit fournir un test PCR positif prouvant son infection. La durée de validité de ce test positif est fixée à un maximum de 180 jours, mais les Etats peuvent décider de la réduire. Les tests sérologiques ne sont pour l'instant pas jugés suffisamment fiables pour attester de cette immunité. Si l'outil est censé être le même dans les 27 Etats membres de l'Union européenne et six autres pays voisins (Andorre, Islande, Liechtenstein, Monaco, Norvège, Suisse), les règles d'entrée et de sortie varient selon les destinations.

Ainsi, pour entrer en France depuis un pays européen, il faut actuellement justifier soit d'un schéma vaccinal complet (deux semaines après la dernière injection, ou quatre pour le vaccin Janssen), soit d'un test PCR ou antigénique négatif de moins de 72 heures. Un délai parfois ramené à 48 heures dans d'autres pays, où un test positif récent (souvent de moins de 6 mois) peut aussi être accepté comme preuve de rétablissement après une infection.

Les utilisateurs de l'application TousAntiCovid (téléchargée par 21 millions de Français selon le gouvernement) qui ont déjà récupéré leur QR Code n'ont "rien à faire", car celui-ci sera "mis à jour automatiquement".

Pour les autres pays qui ne seraient "pas encore prêts" à délivrer les nouveaux certificats, une "période de transition" de six semaines (jusqu'au 12 août) est prévue, durant laquelle d'autres documents comme un "certificat de vaccination au format papier" pourront encore être présentés aux frontières.

Lire aussi 3 mnPass sanitaire : sous la pression de l'UE, Malte fait volte-face et ne ferme pas ses frontières aux non-vaccinés

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Commentaires 6
à écrit le 12/07/2021 à 23:49
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C'est ce qu'on aurait dû faire depuis le début. A croire qu'il y a d'autres intérêts à laisser circuler le virus et ses mutations que l'aspect sanitaire...

à écrit le 12/07/2021 à 16:53
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L'UERSS va-t-elle s'attaquer à l'argent sale circulant à Malte?

à écrit le 12/07/2021 à 15:00
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N'en déplaise au sous ministre Beaune, Malte est un état souverain et est en droit de fixer les règles à respecter pour entrer sur son sol. Malte est en droit de choisir ses touristes, les non vaccinés doivent rester chez eux et ne pas se plaindre.

à écrit le 12/07/2021 à 14:39
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L'Europe fait les gros yeux alors que Malte montre la voie à suivre pour imposer le vaccin. Cette pensée de non frontières nous tuera tous, alors que c'est une évidence, il faut être vacciné pour franchir une frontière.

à écrit le 12/07/2021 à 12:42
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Où il apparaît encore une fois que l'avion et le tourisme de masse sont des facteurs aggravants pour la diffusion du virus, avec un 'impact écologique négatif.

à écrit le 12/07/2021 à 11:37
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Le problème n'étant pas la maladie mais les dégâts économiques colossaux engendrés par notre classe dirigeante en son nom, on ne peut que comprendre que nombreux veuillent se faire plus roi que le roi surtout dans des tout petits pays à l'économie no...

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