Tourisme : les professionnels des Pays de la Loire satisfaits de la saison d'été

Après deux années en demi-teinte, le tourisme a retrouvé des couleurs en Pays de la Loire. Avec le retour des étrangers et l’arrivée d’une nouvelle clientèle française, la fréquentation atteint et dépasse les niveaux de 2019 et 2021. Fragilisés par la crise, la refondation d’une profession, les difficultés de recrutement et la baisse du pouvoir d’achat, hôteliers et restaurateurs cherchent l’équilibre face à une clientèle de plus en plus exigeante… et agressive.
Quatre professionnels sur dix, disent avoir été impactés par la canicule en Pays de la Loire, notamment dans les lieux de visite (67%), chez les restaurateurs (67%) et les campings (50%) et hôtels (47%), où les durées de séjour ont diminué en raison des fortes chaleurs.
Quatre professionnels sur dix, disent avoir été impactés par la canicule en Pays de la Loire, notamment dans les lieux de visite (67%), chez les restaurateurs (67%) et les campings (50%) et hôtels (47%), où les durées de séjour ont diminué en raison des fortes chaleurs. (Crédits : Solutions&Co)

atisfaits et confiants pour l'avenir. Selon une enquête réalisée par l'Observatoire régional du tourisme (Solutions & CO) entre le 11 et le 22 août auprès de 6.000 professionnels, dont un millier a répondu, 80% d'entre-eux estiment avoir réalisé une saison d'été conforme voire supérieure à leurs prévisions de juin 2022. Selon ce baromètre, l'ensemble des professionnels lui attribue même une note de 7,5 sur 10 contre 6,7 en juin. Un ressenti qui devra être confirmé par des tendances à l'issue de l'arrière-saison, période toujours décisive en Pays de la Loire où les hébergeurs annoncent déjà un taux de réservation de 44%, semblable à l'an dernier. « On a vu que même en période covid, le mois de septembre pouvait être supérieur à juin », note Cécile Onillon-Patron, responsable du département Tourisme de l'agence de développement économique Solutions&Co. Cette aile de saison sera aussi fortement impactée par les comportements du tourisme d'affaires dans une région dotée de huit palais des congrès. Toujours est-il que pour le tourisme des particuliers, le niveau de fréquentation française et étrangère a été identique à l'été dernier et même meilleur pour plus de 42% des professionnels. Et supérieur à 2019 pour 38% d'entre-eux.

« Après deux saisons ternes impactées par le Covid, les Pays de la Loire retrouvent les couleurs dignes d'une région touristique. Et pourtant, le contexte de la guerre en Ukraine, du pouvoir d'achat, du coût des matières premières, de l'essence, de l'inflation, de la sécheresse, des perturbations aériennes... laissaient planer, fin juin,  quelques inquiétudes. Même si la météo était favorable, tous les indicateurs n'étaient pas au beau fixe  », reconnaît Franck Louvrier, vice-président de la région, en charge du tourisme, dont l'activité compte 14.000 entreprises, 65.000 emplois pendant la saison. La région attire en moyenne 19 millions de visiteurs qui génèrent 6.9 milliards de retombées, soit 6,3% du PIB régional. « Une locomotive régionale au même titre que l'agroalimentaire », rappelle-t-il.

 6% des PGE ne seront pas remboursés

Si la fréquentation touristique atteint les niveaux de 2021 et dépassent pour certains,  ceux de 2019, l'année 2022, qualifiée « de bonne, voire très bonne » aura surtout été marquée par le retour de la clientèle étrangère (néerlandais, allemand, belge, britannique, espagnols...) qui compte jusqu'à 20% des visiteurs - et jusqu'à 80% en Maine et Loire-   et l'arrivée d'une nouvelle clientèle française. Habituellement fréquentée par les bretons, les franciliens ou les ligériens, la région a été particulièrement visitée par les habitants de l'Est et du Sud de la France. Estimée à 2,7% en 2021, la part de la Nouvelle-Aquitaine -peut-être en raison des incendies- est grimpée à 9%.  A noter aussi, la venue importante d'une clientèle américaine, dont on a du mal à déterminer les motivations (baisse du dollar, inflation, retombées du salon international Rendez-vous en France organisé en 2020...).   Côté chiffre d'affaires, « 85% des professionnels se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur saison estivale, que ce soit en ville, à la campagne ou sur le littoral », relève l'observatoire du tourisme. Si  les campings ont fait carton plein, d'un type d'hébergement à autre, l'optimisme est plus nuancé pour un secteur où le poids des PGE (Prêts Garantis par l'Etat) s'élève, selon BPIFrance et la Banque de France, à 310 millions d'euros, « dont 25% auraient déjà été remboursées et 6% n'arriveront à être remboursés », a indiqué Franck Louvrier.

Peu de marges et des exigences fortes

Si la météo et la fréquentation ont redonné le sourire, tous les professionnels mentionnent qu'ils ont dû faire face à de redoutables problématiques de recrutement, de baisse du panier moyen, d'exigences de services et d'incivilités grandissantes. « Nous avons réalisé une bonne activité, mais à quel prix ?», s'étrangle Olivier Dardé, président de l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) de Loire-Atlantique.

«Les hôteliers ont dû augmenter le prix moyen des chambres de 10% à 12% pour absorber la hausse de l'énergie et des matières premières et retrouver de la rentabilité, ce qui nous a contraint de monter en charge nos organisations, avec des réservations de plus en plus courtes, des petits déjeuners de moins en moins nombreux, recruter des jeunes à l'arrache sans qu'ils ne soient véritablement formés et faire face à des exigences de services de la part d'une clientèle parfois agressive... Faute de personnel, certains CHR ont dû abandonner leur restaurant, d'autres fermer le week-end ou alléger leur amplitude horaire. Avec la mise en œuvre de la nouvelle convention collective comprenant une hausse des salaires de 16%, les charges ont explosé. Alors faire du chiffre d'affaires, c'est bien, mais il est très difficile de sortir des marges et d'atteindre la rentabilité. »

Si elle se félicite de l'affluence et des bonnes dynamiques créées par le Slow tourisme, le cyclotourisme et la Loire à vélo, Catherine Quérard, Vice-présidente du GNI (Groupement National des Indépendants de l'Hôtellerie et de la restauration)  et présidente régionale Ouest du syndicat partage le point de vue de son collègue de l'UMIH. «  Les hausses de prix dans la restauration, de l'ordre de 5% à 6%, ont été modestes et plutôt vertueuses. Elles sont loin de compenser les hausses de 25% sur la volaille par exemple. Ce qui rend impossible le rattrapage des marges brutes. », dit-elle pointant aussi les difficultés de recrutement en demandant une défiscalisation des logements pour les saisonniers. « Au même titre que les pourboires dont on ignore si leur défiscalisation sera sanctuarisée au-delà de 2023 »,  dit-elle, regrettant aussi « la montée en puissance de l'agressivité d'une certaine clientèle vis-à-vis des salariés, de plus en plus exigeantes sur les services et les prix. Ce qui nuit aussi à l'attractivité du métier.»

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