
Les Français vont-ils pouvoir partir en vacances ? À la veille du début des congés scolaires de la Toussaint, la ministre déléguée aux PME et au Tourisme, Olivia Grégoire, s'est voulue rassurante : « Les gens vont partir en vacances», a-t-elle affirmé, tandis que la situation de tensions sur les carburants, provoquées depuis trois semaines par le mouvement de grève dans les raffineries, s'améliore.
Jeudi, encore deux sites pétroliers de TotalEnergies restaient en grève et 16,9% des stations-service rencontraient des difficultés d'approvisionnement contre 20,3% la veille et 24,8% mardi. La situation était encore tendue en Auvergne-Rhône-Alpes (25,0%), en Bourgogne-Franche-Comté (29,0%) et en Ile-de-France (25,5%), selon les derniers chiffres du ministère de la Transition énergétique.
La Première ministre s'est néanmoins montrée rassurante, promettant que « les Français peuvent partir confiants » en vacances, avec « un retour à la normale dans les jours qui viennent », dans un entretien à Libération. « Je ne vais pas vous dire que la situation sera à 100% réglée pour les départs en vacances mais les Français peuvent partir confiants », a insisté Elisabeth Borne, en assurant que « 90% des stations d'autoroute fonctionneront normalement » dès vendredi soir pour le début des congés scolaires de la Toussaint.
Attentisme
La ministre déléguée aux PME et au Tourisme était, elle aussi, confiante. « Nous avons des raisons d'être plutôt sereins. On verra ce que ça donnera les prochains jours. Mais il ne devrait pas y avoir de chute massive des réservations », a ainsi prédit Olivia Grégoire en marge de la Convention pour « un tourisme positif » à Marseille. « Les réservations ont bougé d'à peu près 3% », a-t-elle affirmé.
Pourtant, dans ce contexte, certains Français ont bel et bien commencé à annuler leurs vacances, au risque de remettre en cause la très belle arrière-saison espérée par le secteur du tourisme. « Je devais aller à La Rochelle », raconte Sophie, mère de trois enfants, à l'AFP. « Mais je crains de devoir m'arrêter à mi-chemin, dans ma famille, à Orléans » faute de carburant. Comme elle, d'autres Français hésitent à confirmer leurs réservations, voire renoncent à partir en vacances.
Chez Villages Vacances Familles (VVF), si les annulations restaient encore marginales à cause de la pénurie de carburant, on constatait en début de semaine une phase d'attentisme avec des ventes de dernière minute et un ralentissement de 20 % des réservations ces derniers jours, selon un communiqué publié lundi. « Toujours pas de reprise d'activité au plateau d'appel. Les ventes sont faibles pour le départ de la Toussaint », déplorait VVF, contacté par La Tribune jeudi.
« Nous n'avons plus aucune réservation depuis trois jours. La semaine dernière encore, nous étions complets, ça se remplissait même à la dernière minute », confiait pour sa part à l'AFP Catherine Quesada, gérante de l'hôtel Mignon à Avignon. « Des clients appellent pour nous dire qu'ils sont inquiets et vont peut-être annuler.»
Pas de perturbations notables
Certains professionnels en revanche ne notent pas de perturbations : la Compagnie des Alpes par exemple ne voit pas fléchir les réservations de ses parcs comme le Futuroscope, le Parc Astérix, ou France miniature.
Du côté du comité régional du Tourisme de Bretagne, destination prisée à cette période, on souligne effectivement auprès de l'AFP la difficulté « d'anticiper le comportement des voyageurs » et l'on conçoit que la situation « aura pu freiner les réservations de dernière minute », mais « l'impact sera mineur malgré tout » sur les hébergements marchands. Car à cette période en Bretagne la majorité des vacanciers sont des « clientèles de proximité » et des familles qui séjournent dans une résidence secondaire.
Les Français prendront le train
À défaut de pouvoir prendre la voiture en cas de problème de carburant, les Français prendront le train. « Nous n'enregistrons pas de mouvement particulier d'annulations ces derniers jours », note la SNCF. Même mieux : « on s'attend à une fréquentation en hausse de +10% par rapport à 2019 et l'an dernier ». «Une dynamique positive comme on l'avait vu pendant les vacances de cet été », indique la SNCF. L'entreprise ferroviaire affirme avoir vendu déjà 4 millions de billets TGV, Ouigo et Intercités, dont 1 million de places réservées ces 10 derniers jours.
En moyenne, un Français sur trois part en vacances à la Toussaint. À cette période, les destinations sont majoritairement des zones de proximité. Sans surprise, le littoral reste la destination favorite des vacanciers, notamment ceux de Bretagne et de Normandie. Mais aussi à la campagne, pour des séjours « nature », « bien-être ».
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