Aéroports de Paris : les syndicats interpellent la direction sur son acquisition en Turquie

Après la demande de la commission économique du Comité d'entreprise (CE) d'ADP d'inscrire à l'ordre du jour des questions internationales d'ADP, le CE interpellé mardi la direction sur l'acquisition en mai de 38 % de l'opérateur turc TAV car quelques semaines après, Ankara annonçait sa volonté de créer un nouvel aéroport à l'horizon 2015-2016.
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Comité d'entreprise (CE) un peu tendu mardi matin au siège d'Aéroports de Paris (ADP). La Commission économique du CE ayant demandé l'inscription à l'ordre du jour des questions internationales, le dossier de l'acquisition en mai dernier de 38 % du capital du groupe aéroportuaire turc TAV (pour 700 millions d'euros), gestionnaire notamment de l'aéroport d'Istanbul Ataturk, a été abordée, selon plusieurs sources concordantes. La Commission économique avait demandé la présence des commissaires aux comptes d'ADP. Ils n'étaient pas là.

L'appel d'offres pour un nouvel aéroport n'a pas encore été lancé

Les déclarations du gouvernement turc - quelques semaines après l'achat de la participation de TAV à des actionnaires privés turcs par ADP - de lancer un appel d'offres pour la construction d'un nouvel aéroport gigantesque à Istanbul à l'horizon 2015-2016, interpellent les élus du personnel, alors que la concession accordée à ADP à Ataturk court jusqu'en 2021. Si ce projet aboutit, et qu'un opérateur autre que TAV remporte la gestion du nouvel aéroport, Ataturk serait pénalisé. Si TAV remporte néanmoins l'appel d'offres, l'investissement non prévu initialement pourrait être très lourd. L'appel d'offres n'a toujours pas été lancé. "Quelles seront les répercussions sur le plan économique et social pour ADP"?, s'est interrogé un syndicaliste,

Quand ADP a acheté 38 % de TAV, il était plutôt question d'une nouvelle piste

A l'époque des négociations entre ADP et les vendeurs de TAV (qui sont toujours présents au capital), la saturation d'Ataturk était bel et bien prévue, à l'horizon 2018. Mais l'idée était plutôt de construire une nouvelle piste pour y remédier. "Lorsque nous avons acheté, la question de la saturation d'Istanbul se posait. A l'époque, il était question d'y répondre par une piste de décollage ou d'atterrissage supplémentaire, à la charge de l'Etat", indiquait vendredi 31 août 2012 à "latribune.fr" le PDG d'Aéroports de Paris, Pierre Graff, en aparté de la présentation des résultats semestriels. Le 11 octobre, dans une interview aux "Echos", il confirmait être au courant du projet d'un nouvel aéroport mais pas avant la fin de la concession en 2021. "Nous étions informés de ce projet de nouvel aéroport à Istanbul, même si son ouverture ne devait pas intervenir avant la fin de notre concession, qui s'achève en 2021", avait-il dit.

Indemnisations si le nouvel aéroport ouvre avant 2021?

Pour autant, la construction d'un tel aéroport de plusieurs dizaines millions de passagers dans un délai aussi court semble improbable. Pour Pierre Graff, contraint de démissionner le 11 novembre prochain, date à laquelle il atteindra les 65 ans, la limite d'âge à ADP, "il paraît ambitieux de construire un aéroport de 70 millions de passagers d'ici à 2016", précisait Pierre Graff aux "Echos". Cet été, la presse turque évoquait plutôt une première tranche de 90 millions de passagers pour 2015, une capacité pouvant grimper jusqu'à 150 millions de passagers ultérieurement. Mercredi, en aparté de la présentation des travaux de modernisation d'Orly, Pierre Graff a indiqué à "latribune.fr" qu'il avait rencontré le ministre des Transports turc. "Il m'a assuré que si le nouvel aéroport devait ouvrir avant la fin de la concession, nous serions indemnisés". Depuis, le ministre turc l'aurait dit publiquement à plusieurs reprises, selon le PDG d'ADP.

Le conseil approuverait-il l'opération aujourd'hui ?

Reste une question. Le conseil d'administration aurait-il voté favorablement à ce qui reste aujourd'hui la plus grosse opération capitalistique de l'histoire d'ADP s'il avait eu connaissance de l'éventualité d'un troisième aéroport dans quatre ans pour résoudre les problèmes de congestion aéroportuaire d'Istanbul plutôt que la construction d'une nouvelle piste ? Interrogé par La Tribune, JP Morgan, l'une des banques conseils d'ADP pour l'opération turque n'a pas souhaité faire de commentaires.

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Commentaire 1
à écrit le 18/10/2012 à 13:12
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"Il m'a assuré que si le nouvel aéroport devait ouvrir avant la fin de la concession, nous serions indemnisés": c'est écrit dans le contrat avec des clauses bétonnées? Un ministre ça va et ça vient...

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