Air France-KLM : la rencontre entre Capron et les administrateurs est annulée

Selon nos informations, les rencontres prévues mardi 26 juin entre Philippe Capron et les administrateurs du groupe en amont du conseil d'administration qui se tiendra à Amsterdam, ont été annulées. Le choix du comité de nomination de le présenter au conseil pour diriger le groupe a suscité de fortes turbulences. Ses opposants rejettent son absence d'expérience dans le transport aérien.
Fabrice Gliszczynski
Philippe Capron, le directeur financier de Veolia.
Philippe Capron, le directeur financier de Veolia. (Crédits : Veolia)

La nomination de Philippe Capron à la tête d'Air France-KLM a du plomb dans l'aile. Choisi en fin de semaine dernière par le comité de nomination pour être présenté mardi 26 juin au conseil d'administration d'Air France-KLM, le directeur financier de Veolia Environnement, Philippe Capron a de fortes chances d'être recalé après le tir de barrage collectif que lui ont adressé l'État, Delta, KLM, sans oublier le groupe AccorHotels qui ambitionne de racheter les 14% de l'État dans le groupe aérien. Bien que ses qualités et sa très forte personnalité soient reconnues, son absence d'expérience dans le transport aérien est le plus souvent citée pour justifier un tel refus. Ceci alors que selon certaines sources, le comité envisageait de proposer le président du directoire de KLM, Pieter Elbers comme directeur général délégué d'Air France-KLM. S'ajoute aussi pour KLM et Delta, une hostilité au maintien de la structure du groupe avec la volonté du comité de nomination de nommer un PDG d'Air France-KLM qui serait également Président d'Air France.

Le comité de nomination est fragilisé

Selon nos informations, les rencontres prévues ce mardi entre Philippe Capron et les administrateurs du groupe en amont du conseil d'administration qui se tiendra à Amsterdam, ont été annulées. Si cette décision n'augure pas de la position qu'adoptera le comité de nomination face à ce qui peut apparaître comme une ingérence de l'État dans la gouvernance du groupe, il semble néanmoins difficile pour le comité de nomination de maintenir un nom qui ne ferait pas consensus au sein du conseil. Pointé du doigt par l'État pour son manque de transparence, le comité présidé par l'actuelle présidente par intérim du groupe, Anne-Marie Courderc, est aujourd'hui fragilisé.

Nouvelle gouvernance

Certains, notamment l'Etat français, poussent le conseil à exiger du comité de nomination qu'il revoit sa copie, en changeant notamment la structure de la gouvernance. Comme le suggère KLM notamment, ils préconisent une séparation de la fonction de président d'Air France-KLM de celle d'Air France comme c'était le cas de 2012 à 2016.

Ceci dans le but de dénicher un patron du groupe avec une stature et une vision internationale, et un professionnel du transport aérien à la tête d'Air France pour prendre les mesures pour changer la compagnie. Dans ce schéma, les noms de Marc Rochet ou de Bruno Matheu reviennent.

Un schéma qui pourrait convenir à plusieurs écuries comme Accor, mais aussi à Christian Blanc, l'ancien Pdg d'Air France entre 1993 et 1997, qui se verrait bien revenir (si on venait le chercher) avec une partie de son équipe de l'époque, dont Bruno Matheu, ancien directeur général d'Air France avant de partir chez Etihad de 2015 à 2017.

La stratégie de Janaillac présentée au futur Pdg

Dans l'esprit de la direction d'Air France actuelle et du conseil d'administration, il n'y a pas lieu de tout chambouler puisque les grandes mesures stratégiques à prendre sont déjà bien avancées (développement de Transavia, création ou pas d'une activité low-cost long-courrier...) et seront présentées au futur Pdg quand celui-ci sera en poste. En effet, après le départ de Jean-Marc Janaillac le 15 mai, le conseil a décidé de continuer les travaux stratégiques menés depuis plusieurs mois par ce dernier. Autrement dit, le futur Pdg devra appliquer la stratégie de Jean-Marc Janaillac. Avec un tel schéma, on comprend mieux pourquoi aucun professionnel du transport aérien n'ait été entendu par le comité de nomination.

"L'ombre d'Accor plane sur la gouvernance"

Dans ce bazar sans nom, le rôle d'AccorHotels, hostile lui aussi à la nomination de Philippe Capron, interpelle plusieurs administrateurs.

« L'ombre d'Accor plane sur ce dossier de la gouvernance, cela ne fait aucun doute », estime l'un d'eux.

Le projet d'entrer au capital d'Air France-KLM suscite l'opposition de la direction d'Air France mais aussi de nombreux administrateurs pour qui les synergies éventuelles d'un rapprochement entre les deux groupes sont beaucoup plus évidentes pour Accor que pour Air France-KLM. Et, quand bien même elles l'étaient pour le groupe aérien, elles n'ont pas besoin de se traduire par une entrée d'Accor dans le capital, estiment-ils. Surtout, les opposants à AccorHotels soulignent la prédominance de l'actionnariat étranger dans le capital du groupe hôtelier qui pourrait faire perdre le côté européen d'Air France-KLM. Or, une compagnie européenne doit être détenue à plus de 50% par des capitaux européens.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 26/06/2018 à 3:50
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Le hollandais volant n'est pas d'accord, et il a raison de le dire, les frogs ca suffit. meme si l'expression est Brit.

à écrit le 25/06/2018 à 18:58
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Cloué sur le tarmac avant même d'avoir fait un premier vol de reconnaissance !

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