Au Havre, le logisticien Seafrigo voit les choses en grand

Spécialisé dans l’exportation de produits frais, le groupe Seafrigo profite à plein de la vitalité du marché de l’alimentaire. Il investit 100 millions d’euros dans son berceau historique du Havre pour accroître ses capacités.
Vue aérienne des entrepôts logistique de Seafrigo au Havre.
Vue aérienne des entrepôts logistique de Seafrigo au Havre. (Crédits : Haropa)

Il a grandi en même temps qu'explosait la conteneurisation des produits alimentaires et la consommation de masse. Né en 1976 au Havre -une année de canicule, ce qui ne manque pas de sel-, Seafrigo est un enfant de la mondialisation. Comme l'indique son patronyme, ce pionnier du groupage de marchandises sous température dirigée s'est spécialisé depuis l'origine dans la logistique de produits frais et surgelés en secteur portuaire et aéroportuaire : une « niche » où il a su prospérer à côté des grands logisticiens généralistes en proposant un service de bout en bout sans intermédiaires.

Aujourd'hui, ce groupe méconnu, prestataire pour la grande distribution et l'industrie agro-alimentaire, expédie chaque année à travers le monde quelque 110.000 conteneurs chargés de denrées périssables : fruits, légumes, laitages, produits de la mer et carnés mais aussi du vin, des spiritueux, des conserves ou de l'épicerie. « En fait, tout ce que peuvent contenir les rayons alimentaires d'un supermarché », résume son porte parole, Thomas Costantin.

Crisis. What crisis ?

Devenu l'un des leaders mondiaux de la logistique du froid, Seafrigo (1.200 salariés dont 800 en France) est présent sur les cinq continents et dans une vingtaine de pays de New York à Shanghai en passant par Anvers. Porté par un marché agro-alimentaire dynamique, en croissance de 5 à 6% par an, il devrait franchir en fin d'année le cap du demi-milliard d'euros de chiffre d'affaire.

« La logistique en température dirigée est en plein expansion. Elle bénéficie d'une double tendance, le regain d'appétit pour les produits frais d'une part et pour les produits prêt à l'emploi d'autre part, spécialité dans laquelle la France excelle », indique Arnaud Brac de la Perrière, son secrétaire général.

La propension des chargeurs à se rapprocher des zones portuaires profite aussi au logisticien et, par extension, à son berceau historique du Havre où il augmente ses capacités d'entreposage comme jamais. En présence d'Edouard Philippe, son PDG, Eric Barbé vient d'inaugurer un nouveau pôle multimodal de 60.000 m2 de dernière génération construit pour son compte par AG Real Estate avec qui un contrat de location de douze ans a été signé. « Les bâtiments seront prochainement connectés au rail et un bord à quai sera créé pour favoriser le trafic fluvial et favoriser le report modal vers les ports parisiens », précise le groupe.  En 2023, 40.000 m2 supplémentaires viendront s'ajouter à l'ensemble.

Des racines et des ailes

Peu enclin à montrer ses muscles jusqu'alors, Seafrigo sort de sa réserve à la faveur de cette expansion, ne serait-ce que pour cultiver sa marque employeur dans un secteur frappé par une pénurie de main d'œuvre. La construction à venir d'un nouveau siège de 5.000 m2 dans l'un des quartiers en transformation du Havre participe à cette stratégie. « C'est une affirmation de notre ancrage local et de notre identité havraise », explique son secrétaire général. Une affirmation sonnante et trébuchante. En cinq ans, le groupe devrait avoir investi la bagatelle de 100 millions d'euros dans la ville qui l'a vu naître, devenant au passage l'un des premiers investisseurs privés de la communauté urbaine.

La création d'Haropa, nouveau grand port unifié de la vallée de Seine, n'est pas complètement étrangère à ces choix, fait valoir Arnaud Brac de la Perrière.

« Nos arbitrages auraient pu tourner en faveur de New York ou d'Anvers si Haropa avait été piloté depuis Paris. Le fait que le siège soit installé au Havre démontre qu'il existe une volonté de positionner le port comme une vitrine nationale et internationale ».

Le propos devrait résonner agréablement aux oreilles de l'ancien Premier ministre. Accoucheur de l'établissement public portuaire, il avait beaucoup ferraillé depuis Matignon pour que sa chefferie amerrisse dans l'estuaire.

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