Ryanair ne deviendra pas client du Boeing 737 MAX 10, du moins pas tout de suite. La compagnie à bas coût irlandaise a annoncé, le 6 septembre, avoir mis fin à ses discussions avec le constructeur américain pour l'achat de cet appareil, le plus grand de la famille 737 MAX capable d'accueillir jusqu'à 230 passagers. Les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre sur les prix malgré dix mois de négociations, Ryanair jugeant que l'écart entre ses positions et celles de Boeing était encore trop important pour pouvoir être comblé. Le potentiel de cette commande était estimé entre 100 et 200 appareils.
Michael O'Leary, directeur général de Ryanair, n'a hésité à critiquer la politique de prix pratiquée par l'avionneur américain dans un communiqué : « Nous sommes déçus de ne pas avoir pu parvenir à un accord avec Boeing sur une commande de MAX10. Cependant, Boeing a une vision des prix des avions plus optimiste que nous, et nous avons la ferme habitude de ne pas payer des prix élevés pour l'acquisition d'avions. » Le fantasque dirigeant irlandais y voit même la raison pour laquelle Delta Air Lines et Jet2 ont préféré commander des A321 NEO (new engine option) à Airbus ces dernières semaines, soit le principal concurrent du 737 MAX 10.
Pression forte sur les prix
Ces déclarations font suite à celles prononcées la semaine dernière et rapportées par l'agence Reuters. Le patron de Ryanair avait alors laissé entendre qu'un accord ne serait pas trouvé avant la fin de l'année pour les 737 MAX 10 - loin de l'optimisme qu'il affichait sur ce même sujet en juillet - tout en déclarant qu'il pourrait commander jusqu'à 250 avions supplémentaires sur cinq ans si Boeing revoyait ses prix à la baisse.
Après les déboires à répétition du 737 MAX depuis fin 2018, frappé d'interdiction de vol pendant deux ans, Boeing semblait pourtant jusque-là enclin à concéder d'importants rabais pour relancer son appareil et tenter de combler l'écart avec la famille A320 NEO d'Airbus. Une stratégie a priori payante au vu des 529 commandes fermes enregistrées depuis le début de l'année, dont 140 appareils pour Southwest Airlines et 250 pour United Airlines.
Ryanair a déjà fait les soldes
Ryanair s'était d'ailleurs elle-même engagée pour 75 exemplaires supplémentaires du 737 MAX 8 - dans sa version haute densité 8-200 - en décembre 2020. Un contrat signé seulement deux semaines après le feu vert des autorités américaines pour la remise en service de l'appareil et avant même la reprise effective des vols commerciaux. Il est fort à parier que la compagnie avait alors obtenu de substantiels rabais avant de conclure cette première commande majeure de 737 MAX depuis l'interdiction de vol de l'avion, mais aussi depuis le début de la crise sanitaire.
Michael O'Leary avait alors « sincèrement remercié » ses partenaires de Boeing et salué « leur étroite collaboration au cours des 18 derniers mois pour reprogrammer les livraisons d'avions, pour fournir une compensation équitable afin de refléter les coûts que Ryanair a encourus en raison de ces retards de livraison et pour convenir de cette nouvelle commande élargie d'avions. »
Des négociations seulement suspendues ?
Cette commande de 737 MAX 10 pourrait néanmoins revoir le jour dans les prochains mois. La compagnie, qui revendique 450 Boeing 737-800 et onze 737 MAX 8 en flotte, doit recevoir encore 199 exemplaires du 737 MAX d'ici 2025 (elle tablait initialement sur des livraisons jusqu'en décembre 2024). Elle possède donc du temps pour négocier un nouveau contrat et pousser Boeing à faire baisser ses prix.
La négociation pourrait tout de même s'avérer serrée comme le montre le round qui vient de s'achever. Après deux années noires, Boeing a retrouvé du volume pour son 737 MAX, en signant quelques grosses commandes - en dépit de nombreuses annulations - et en reprenant les livraisons (127 appareils depuis le début de l'année). Il est donc raisonnable de penser que l'avionneur américain cherche à faire remonter peu à peu ses prix pour permettre à son programme de retrouver un semblant d'équilibre économique - même si celui-ci repose de plus en plus sur la fourniture de services après-vente aux compagnies aériennes.
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