CMA CGM gagne autant que TotalEnergies : 18 milliards de dollars de profits en 2021

Tandis que les conteneurs continuaient de s'entasser l'an passé, en pleine accélération de la reprise après des mois d'arrêts liés au Covid, les armateurs ont vu les prix de leurs services s'envoler. En un an, le groupe marseillais a ainsi multiplié par dix son bénéfice net. Une performance qui vient égaler de manière inédite celle du groupe d'énergies français. Aussi, sa dette nette a été réduite de 9,2 milliards de dollars, pour finir l'année à 7,7 milliards.
L'industriel français est particulièrement attentif à l'évolution de la situation géopolitique actuelle.
L'industriel français est "particulièrement attentif à l'évolution de la situation géopolitique actuelle". (Crédits : JEAN-PAUL PELISSIER)

Qu'un groupe pétrolier français tel TotalEnergies engrange des profits jamais vus depuis au moins 15 ans l'an passé, portés par la reprise fulgurante post-Covid, est déjà une performance. Et qu'un armateur français vienne égaler ce résultat - tandis que les chaînes logistiques souffrent encore de commandes en accordéon en raison de la pandémie -, le chiffre est encore plus surprenant. C'est pourtant le bilan qu'a présenté CMA CGM cette semaine, avec un bénéfice net qui atteint l'impressionnante somme de 17,9 milliards de dollars pour l'année 2021.

Encore plus vertigineux, en un an, le groupe marseillais, qui s'est diversifié dans la logistique avec l'intégration depuis 2019 du suisse Ceva Logistics, a multiplié par dix son bénéfice (1,755 milliard de dollars en 2020, après une perte de 229 millions l'année précédente.)

Pour étendre son empire, CMA CGM s'est aussi lancé dans le fret aérien avec le lancement d'une compagnie aérienne française, baptisée CMA CGM Air Cargo, qui devrait compter "au moins dix avions d'ici 2026".

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Réduction de la dette nette

Paradoxalement, la tension sur le transport maritime pour les biens de consommation, observée depuis l'été 2020 après le déclenchement de la crise sanitaire, s'est renforcée en 2021. Les transporteurs se sont heurtés à des problèmes logistiques - notamment des pénuries d'équipements et de conteneurs et l'encombrement des ports - qui ont allongé les délais d'attente, entraînant une augmentation des prix bien plus importante que celle des coûts des armateurs.

Avec la spectaculaire amélioration de sa situation, le groupe aux 130.000 salariés a poursuivi "le renforcement de sa structure financière", en réduisant son endettement de façon aussi spectaculaire: sa dette nette a été réduite de 9,2 milliards de dollars en 2021, pour finir l'année à 7,7 milliards.

Les coûts de l'énergie et la crise ukrainienne

Le chiffre d'affaires du troisième armateur mondial a augmenté de 78% à 55,98 milliards de dollars, porté majoritairement par les activités maritimes.

"Nous avons enregistré d'excellents résultats en 2021, portés par des conditions de marché extrêmement favorable", a sobrement commenté le PDG Rodolphe Saadé, cité vendredi dans le communiqué de présentation des résultats annuels.

Les prix du transport se sont envolés, ce dont a grandement profité l'armateur, mais la direction signale "une forte hausse des coûts opérationnels", de près de 30% au quatrième trimestre, "notamment en raison d'un renchérissement des coûts de l'énergie, des manutentions et des coûts d'affrètement".

Si il a prévu de réinvestir ses bénéfices (14 milliards supplémentaires) dans l'appareil de production, une nouvelle capacité de transport, des conteneurs, des terminaux portuaires... il reste toutefois sur le qui-vive concernant la guerre en Ukraine.

L'industriel français est "particulièrement attentif à l'évolution de la situation géopolitique actuelle", notant qu'il a suspendu ses rotations de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie -qui représentaient environ 2% de son chiffre d'affaires- et "veille à s'inscrire dans le respect des sanctions applicables à l'ensemble de ses opérations".

"Bien que les décisions prises n'aient pas à ce stade d'impact matériel sur les résultats du groupe, l'impact sur les perspectives d'une détérioration de l'environnement géopolitique, les éventuelles conséquences en matière macroéconomique ou les décisions qui pourraient en résulter ne peuvent être évalués", reconnaît la direction.

Du transport maritime, CMA CGM veut se positionner comme un leader de la logistique, pour permettre une offre "de bout en bout" à ses clients du e-commerce, à l'image notamment des acquisitions annoncées de Colis privé et d'activités d'Ingram Micro.

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