Easyjet : comme pendant la crise de 2009, le fondateur veut la tête du directeur général

Fustigeant la décision de la direction de la compagnie à bas coût britannique de ne pas annuler une commande d'avions à Airbus, Stelios Haji-Ioannou, le fondateur et actionnaire d'Easyjet à hauteur de 34% demande le départ du directeur général Johan Lundgren. Il y a une dizaine d'années, il a avait agi de la même façon à l'égard du DG de l'époque, Andy Harrison, qui avait quitté son poste peu de temps après.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Stefano Rellandini)

Bis repetita pour Stelios Haji-Ioannou, le fondateur et actionnaire d'Easyjet à hauteur de 34%. Une dizaine d'années après avoir contribué au départ d'Andy Harrison, le directeur général d'Easyjet de l'époque avec qui il était en confit ouvert, il remet ça en appelant au départ de l'actuel directeur général, Johan Lundgren, et du président du conseil d'administration John Barton.

Les commandes d'Airbus au coeur du conflit

Comme à l'époque, le grief est le même : le refus de la direction d'annuler des commandes d'avions à Airbus. En 2009, en pleine crise financière, "Stelios" comme on l'appelle, préconisait une stratégie de croissance plus prudente que celle décidée par Handy Harrison. Alors que 109 avions devaient être livrés d'ici à 2012, le fondateur de la compagnie orange demandait une réduction des commandes afin de préserver ses liquidités. Aujourd'hui, Stelios fustige également la décision de la direction de conserver les 107 A320 Neo qu'Easyjet a encore en commande malgré la crise du Covid-19. La semaine dernière, la compagnie a trouvé un accord avec Airbus pour reporter la livraison de 24 A320 Neo prévue en 2020 (10), 2021 (12) et 2022 (2), mais n'a pas remis en cause le contrat. Une décision qui, aux yeux du fondateur d'Easyjet , aurait dû"être soumise au vote des actionnaires. Estimant que le groupe s'est mis en infraction avec la réglementation financière, Stelios a écrit en début de semaine au régulateur financier britannique, la FCA pour que celui-ci oblige la direction à organiser un vote. Si la FCA ne le fait pas, il portera l'affaire en justice, avait-il écrit en insultant au passage les membres de la direction qualifiés de "vauriens".

"Le groupe est parfaitement conscient de ses obligations", en matière de régulation de marché, s'était contentée de déclarer la compagnie.

Neuf mois de trésorerie

Pour Johan Lundgren, Easyjet est solide. Avec trois milliards de livres dans ses caisses, la compagnie peut supporter une immobilisation totale de ses avions comme c'est le cas depuis fin mars pendant neuf mois. Ce qui est énorme. Easyjet a en effet obtenu 2 milliards de livres de financement, dont un prêt de 600 millions de livres du Trésor et de la Banque d'Angleterre dans le cadre du fonds d'urgence de soutien face au Covid-19 mis en place par le Royaume-Uni. Dans le même temps, les coûts ont été réduits avec la mise au chômage partiel de la majorité des salariés en avril et mai, ou encore avec le report de livraison des 24 A320 Neo.

"Le groupe peut respirer et les investisseurs sont désormais mieux informés sur ses perspectives", souligne William Ryder, analyste chez Hargreaves Lansdown

"Le confinement va vraiment faire mal (...) mais si les vols reprennent cette année, le groupe va probablement survivre et les investisseurs saluent ce degré de certitude", selon lui.

EasyJet a en outre abordé cette crise en meilleure santé financière, comme en témoigne l'amélioration de ses prévisions financières attendues pour le premier semestre, lequel, achevé fin mars, n'a été impacté par la pandémie que sur le mois de mars. Pour cette période traditionnellement dans le rouge, la compagnie compte publier prochainement une perte avant impôt et hors éléments exceptionnels comprise entre 185 et 205 millions de livres, soit moindre que l'an dernier (-275 millions livres). Compte tenu des incertitudes actuelles, aucune prévision n'est donnée pour l'ensemble de l'exercice qui s'achèvera fin septembre.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 17/04/2020 à 23:07
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Priver les sociétés de trésorerie est le bon moyen pour rendre ces entreprises complètement dépendantes du système bancaire. En nous rendant dépendant du crédit, les banquiers ont maintenant le droit de vie et de mort économique sur chacun d'entre no...

à écrit le 17/04/2020 à 10:56
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Il semble que le fondateur d'Easyjet n'ait que pour seul centre d'intérêt la valorisation de son portefeuille d'action.

à écrit le 17/04/2020 à 8:40
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Il ferait mieux de remercier son PDG qui a bien géré la compagnie a lui a permis d'avoir des réserves pour tenir 9 mois. Peu compagnies ont de telles marges. Mais bon, pas de dividendes cette année, ça doit faire mal...

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