Jeux olympiques 2024 : l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite inquiète encore

Plusieurs milliers de personnes à mobilité réduite sont attendues aux Jeux olympiques de Paris 2024 dont 4.000 par jour en fauteuil. Or, les transports publics restent très peu accessibles dans la capitale. Des navettes ainsi que des taxis seront mis en place pour l'occasion. Les associations, de leur côté, regrettent un manque d'héritage après les Jeux. Explications.
(Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

465 jours. C'est le temps restant avant le coup d'envoi des Jeux olympiques de Paris 2024. Un peu plus pour les Jeux paralympiques. Et si Anne Hidalgo a affirmé il y a encore quelques jours à Ouest France que tout était prêt, force est de constater que les modalités de transports, notamment pour les personnes à mobilité réduite, posent question. Un point sur lequel la maire de Paris concède « des difficultés que l'on ne va pas résoudre complètement ». Même son de cloche du côté de Clément Beaune, le ministre chargé des Transports : « on sait que c'est un des défauts de notre vie et de nos transports en général ». Pendant les Jeux olympiques, la ville de Paris s'attend à recevoir 4.000 personnes en fauteuil roulant par jour et 2.500 lors des Jeux paralympiques, ainsi que plusieurs autres milliers de personnes à mobilité réduite. Un chiffre « sous-estimé » selon l'association APF France handicap qui déplore : « les Jeux sont un révélateur de la situation catastrophique de l'accessibilité dans notre pays. »

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Un état des lieux actuel très mitigé

Dans la capitale, l'état des lieux de l'accès aux transports pour les personnes à mobilité réduite (PMR) est très mitigé. Côté bus d'abord, tous sont désormais accessibles pour les fauteuils et équipés de signaux sonores et visuels pour les personnes malentendantes et malvoyantes. Mais l'association APF France handicap regrette le manque de places attribuées à l'intérieur des bus - une seule pour ceux circulant en deuxième couronne parisienne - ainsi que des infrastructures au niveau des points d'arrêts de bus inaccessibles pour les fauteuils.

Côté RER, le réseau est accessible sur les trajets qui concentrent au total 80% de l'affluence des personnes à mobilité réduite. Néanmoins, il est nécessaire de solliciter un agent avant chaque montée dans le train afin qu'une rampe d'accès soit amenée. Une situation qui inquiète l'association en période de forte affluence comme lors des Jeux olympiques.

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Le gros point noir reste le métro parisien : sur l'ensemble des stations, seules celles de la ligne 14 sont accessibles aux fauteuils et de nombreuses lignes ne sont pas équipées de signalétiques sonores et visuelles.

« Pour les Jeux olympiques de Londres, ils avaient augmenté l'accessibilité du métro à hauteur de 18% avec des contraintes plus importantes que le métro de Paris. Chaque année, 3 à 4 stations de métro sont rénovées sans jamais revoir l'accessibilité », regrette Nicolas Mérille, Conseiller national accessibilité pour APF France handicap.

Les tramways sont les seuls à être entièrement équipés pour transporter correctement les personnes à mobilité réduite.

1000 taxis attendus et des navettes réservées

Fort de ce constat et bien que la ville de Paris souhaite favoriser au maximum les transports en commun pour le déplacement des usagers vers les sites olympiques, le manque d'accessibilité a obligé les organisations à prévoir des alternatives pour les personnes à mobilité réduite.

La région Ile-de-France a donc lancé un appel d'offres pour le mois de juillet avec pour objectif de déployer des navettes gratuites, spécifiques aux personnes en fauteuil roulant et munis d'un billet pour assister aux compétitions. Environ 200 navettes partiraient des gares et de la station RATP Rosa Parks. Très peu d'informations ont été dévoilées à ce sujet pour le moment.

Aussi, Clément Beaune promet 1.000 taxis PMR. « Nous avons déverrouillé tous les règlements pour que ce soit faisable, ils sont en cours de commande ». Aujourd'hui, on compte entre 200 et 250 taxis équipés pour transporter des personnes en fauteuil roulant à Paris. Afin de tripler leur nombre, le gouvernement souhaite faciliter l'accès aux licences de taxis sous réserve de conduire un véhicule PMR. « Il est plus facile de convaincre de nouveaux chauffeurs », explique, en effet, Armand Joseph-Oudin, délégué général de l'Union nationale des industries du taxi (UNIT).

Le gouvernement a également acté des aides à l'achat de véhicules neufs aménagés pour les fauteuils. Ceux-ci nécessitent la mise en place d'une rampe et d'un décaissement, deux modifications qui coûtent plus chers que l'achat d'un véhicule classique. Il y aura donc 15.000 euros de subventions pour une voiture à essence et 22.000 euros pour une électrique. « Ces véhicules consomment plus et demandent des prestations qui prennent plus de temps, il faut donc une compensation financière pour les chauffeurs qui les utilisent », plaide Armand Joseph-Oudin.

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Peu d'héritage pour l'accessibilité

Des voies spécifiques seront réservées pour ces navettes ainsi que les taxis PMR permettant une fluidité de transports pour ces personnes au même titre que les athlètes. Mais l'UNIT reste réservée quant à l'application dans les faits de cette mesure et les contrôles sur les routes. De même, la fédération demande davantage de contrôles au niveau des gares en particulier pour éviter les risques de faux conducteurs de taxis.

De son côté, l'association APF France handicap se réjouit de ces aides : « il y a déjà près de 481 dossiers de candidatures pour conduire des taxis PMR. Si l'on continue, nous pourrions monter jusqu'à 1.200 taxis » !

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L'association regrette néanmoins le manque d'héritage de l'accessibilité en particulier sur le métro alors que le gouvernement se targue de l'effet bénéfique des infrastructures après les Jeux olympiques. En effet, les navettes mises à disposition ne sont que temporaires, seuls les taxis resteront. « Il y aurait pu avoir une réelle plus-value à ces Jeux en termes d'accessibilité, mais l'héritage après cet événement est beaucoup trop faible ».

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Commentaire 1
à écrit le 19/04/2023 à 19:45
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" la ville de Paris s'attend à recevoir 4.000 personnes en fauteuil roulant par jour et 2.500 lors des Jeux paralympiques" Comme les deux sur la photo ?

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