Transport aérien : un contrôle aux frontières renforcé, oui, mais après les Jeux Olympiques !

Le renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne devra-t-il attendre la fin des JO peut devenir effectif ? Ou, tout du moins, la mise en place de l'entry/exit system, censé améliorer les contrôles mais qui risque d'engorger les files d'attente déjà longues pour passer les postes frontières dans les aéroports. Paris pousse en ce sens pour éviter de voir le premier événement sportif mondial perturbé par des visiteurs bloqués dès l'aéroport.
Léo Barnier
Le renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne risque d'engorger les files d'attente dans les aéroports.
Le renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne risque d'engorger les files d'attente dans les aéroports. (Crédits : Reuters)

Dans un peu plus de 500 jours, les 33e Jeux Olympiques de l'ère moderne s'ouvriront à Paris. Et le transport aérien est déjà focalisé sur cet événement, qui sera un défi en termes de qualité d'accueil et de sécurité.

Si des engagements sur une remontée des effectifs aux frontières semblent aller dans le bon sens, une question épineuse demeure : celle de la mise en place d'un système de contrôle électronique des entrées et des sorties (EES) dans le cadre du renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne. Repoussé à plusieurs reprises, il est désormais prévu fin 2023. Mais la proximité entre son entrée en service avec le premier événement sportif mondial pourrait s'avérer problématique, à moins que la pression mise par la France paye.

Preuve des inquiétudes qu'elle génère, cette arrivée de l'EES a animé, comme l'an dernier, les échanges lors de l'assemblée générale du Board Airlines Representatives (BAR France), l'association des compagnies aériennes étrangères basées en France, le 24 janvier dernier. Le ton était néanmoins moins grave que l'an passé, où chacun insistait alors sur les conséquences possibles de l'EES sur la fluidité du passage aux frontières, et notamment la crainte de voir les temps d'attente doubler du fait des formalités supplémentaires induites par le nouveau système.

Les détracteurs du système viennent tout juste de remporter, fin janvier, une nouvelle victoire en obtenant de Bruxelles un énième report de l'entrée en service du système, à fin 2023 donc. Une nouvelle dont n'ont pas manqué de se féliciter les associations d'aéroports et de compagnies aériennes ACI Europe, A4E, ERA et Iata dans un communiqué commun. L'an dernier, l'arrivée du système prévue au printemps avait déjà été décalée en septembre, puis en 2023 pour ne pas impacter la reprise du trafic aérien pendant l'été.

Lire aussiLe renforcement des contrôles aux frontières de l'UE menace les aéroports français d'engorgement

A quelques mois des JO

Pourtant, dans ce contentement général, la France a vu poindre un nouveau risque. Avec ce nouveau calendrier, l'EES doit arriver quelques mois seulement avant les Jeux olympiques qui débutent en juillet. Cela laisse a priori du temps, mais comme l'indique un responsable de compagnie aérienne, ce type de déploiement demande du temps avec souvent une certaine latence. D'où une pression actuellement mise par Paris pour reporter l'arrivée de l'EES au-delà des Jeux olympiques. Une position toutefois inconfortable, notre interlocuteur rappelant que la France fait partie des pays ayant poussé pour le renforcement des frontières de l'UE avec ce système.

Cette nouvelle demande de report semble néanmoins en bonne voie comme l'a laissé entendre Damien Cazé, lors d'une prise de parole. Le directeur général de l'aviation civile (DGAC) a ainsi rapporté que le ministre de l'Intérieur avait récemment réuni l'ensemble des organisateurs de transports pour se préparer aux JO. Parmi les thèmes abordés se trouvaient l'amélioration nécessaire de dispositifs pour les postes d'inspection-filtrage (PIF) et la police aux frontières (PAF), le renforcement des équipements de passage aux frontières automatisé Parafe, mais aussi la volonté de « voir avec l'Union européenne comment repousser certains projets ». Autrement dit, comment reporter à nouveau l'EES. Damien Cazé a assuré que les ministres de l'Intérieur et des Transports sont très mobilisés sur la question et « pense qu'il y aura de bons résultats ».

Augustin de Romanet, qui était à la pointe de la fronde contre l'EES - ou du moins contre la manière dont sa mise en place était envisagée en France - s'est montré encore un peu plus optimiste : « Lorsque nous disions que l'EES serait reporté à la fin de l'année, je crois savoir qu'il pourrait même être reporté après les Jeux olympiques. »

Lire aussiSûreté aérienne : depuis les aéroports britanniques, il sera bientôt possible d'embarquer avec deux litres de liquide

Mobilisation générale

La Coupe du monde de rugby 2023, qui se tiendra dans huit mois, sonne également comme une répétition générale avec 600.000 visiteurs étrangers. Mais comme le rappelle Damien Cazé, même si l'enjeu sportif de cet événement « que la France va gagner » est majeur, c'est bien les Jeux olympiques et ses dix millions de visiteurs étrangers affluer en plus des touristes estivaux habituels qui constituera le point d'orgue de cette séquence. Or, les acteurs de l'aérien ont fait de la qualité de service un enjeu crucial sur cette période, sur laquelle ils seront « très attendus ».

Damien Cazé a ainsi appelé à la mobilisation générale de l'ensemble de l'écosystème, depuis le politique jusqu'à l'opérationnel : « J'ai proposé à Clément Beaune (ministre délégué chargé des transports) dès qu'il est arrivé (en juillet 2022) de s'emparer de ce sujet car il est à la fois grand public et parle à nos concitoyens, mobilise aussi l'ensemble de notre secteur et nécessité une véritable mobilisation dans la perspective de la coupe du Monde de Rugby en 2023 et les Jeux olympiques en 2024. » Le ministre y a d'ailleurs répondu favorablement avec l'institution d'une charte de la qualité de service avec les aéroports et le reste de l'écosystème du transport aérien.

Lire aussiComment éviter les longues files d'attente dans les aéroports ?

Des aéroports sous tension

Le DGAC rappelle que cet effort est d'autant plus nécessaire que « le retour du trafic a mis tout le monde sous tension ». Et si « les aéroports français s'en sont mieux tirés (que les autres aéroports européens et nord-américains), toutefois le bilan a été globalement négatif ». Et même s'il note une amélioration avec des vacances de Noël qui se sont mieux passées, il reste inquiet pour l'été prochain : « Nous allons faire en sorte que cette période soit mieux préparée. Je dois aussi saluer la mobilisation de l'ensemble des acteurs, mais aussi du ministère de l'Intérieur qui a fait en sorte de beaucoup mieux répondre aux besoins des compagnies et des aéroports d'une part et de mettre en place des renforts d'effectifs d'autre part. »

Il est rejoint par le patron des aéroports parisiens : « Ma principale préoccupation est de bien servir mes clients. Nous sommes en train de gagner la bataille sur les temps de contrôle aux frontières. Progressivement, nous avons fait comprendre au ministère de l'Intérieur l'importance du sujet. » Augustin de Romanet est, en tout cas, convaincu qu'il y a désormais « une réelle prise de conscience » qui devrait générer d'importants progrès sur les files d'attentes aux frontières. Et quant aux postes d'inspection-filtrage, il assure que les aéroports parisiens ont fait de « nouveaux appels d'offres insistant plus sur la qualité de service que sur le prix ».

Léo Barnier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 05/02/2023 à 10:39
Signaler
A 64 ans j aurais 181 trimestres cotisé et vous? Il faut donc que tout le monde ai 180 trimestres pour partir en retraite . La ont va rigoler sur l age de depart ..

à écrit le 05/02/2023 à 9:44
Signaler
Et vous vous tuez le temps dans votre Ephad à commenter tout et n'importe quoi et nous infliger vos écrits stupides !

à écrit le 05/02/2023 à 0:53
Signaler
Sauver les Jeux semble plus important que la sécurité du pays! Dont acte.

à écrit le 04/02/2023 à 20:26
Signaler
Allez y reinforcer le controle aerienne vu que tout arrive par la mer ca va pas changer grand chose

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.