"La reprise du trafic aérien doit se faire avec moins de nuisances sonores" (Acnusa)

Création d'un observatoire national des vols de nuit dans les aéroports français, généralisation des procédures d'optimisation... l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires avance dans son rapport annuel quelques pistes pour limiter la gêne des riverains et les coûts sanitaires et sociaux qui en découlent. "La crise sanitaire apparaît comme un électrochoc et personne n'acceptera que la reprise du trafic se fasse avec autant de nuisances", alerte dans un entretien à la Tribune son président Gilles Leblanc.

LA TRIBUNE - L'effondrement du trafic aérien a-t-il donné un coup d'arrêt aux nuisances sonores et comment appréhendez-vous la reprise des vols ?

GILLES LEBLANC - L'effondrement du trafic en 2020 nécessite d'être analysé du point de vue territorial. Le nombre de mouvements d'avions pour passagers a chuté de 56% par rapport à l'année précédente. En revanche, au niveau du fret, les mouvements ont augmenté de 5% au niveau national et de 16% en Île-de-France. Comme les vols de fret volent souvent la nuit, la situation peut être vécue de manière différente par les populations. D'autant que le trafic de l'aviation d'affaires est resté plutôt soutenu et l'aviation générale, c'est-à-dire les petits avions, a connu une activité plus forte en 2020 qu'en 2019. Donc, les riverains autour d'un aéroport, comme Lyon-Bron, ont plutôt connu une augmentation des nuisances sonores.

Une chose est sûre, la crise sanitaire apparaît comme un électrochoc. Les compagnies aériennes, les aéroports et les industriels sont conscients aujourd'hui que l'avenir même de l'aviation passe par une réduction des nuisances. Personne n'acceptera que la reprise du trafic se fasse avec autant de nuisances qu'il y en avait précédemment. Et donc, si l'industrie aéronautique veut lutter contre le rejet de l'avion, il est impératif qu'elle s'attache à ce que, concrètement, il y ait des meilleurs résultats et une trajectoire de réduction des nuisances.

C'est dans ce contexte très sensible que l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires publie son rapport annuel. Pouvez-vous citer quelques-unes de vos recommandations ?

L'une des trois recommandations que nous mettons en avant concerne le suivi et si possible, la réduction du nombre de vols de nuit. C'est un sujet très impactant pour les populations concernées avec des répercussions sur la santé et les capacités d'apprentissage des jeunes enfants, donc cela a des conséquences sanitaires et sociales très importantes. L'enjeu de réduire les nuisances sonores la nuit est vraiment un enjeu prioritaire. Certains aéroports ont mis en place des concertations pour instaurer un couvre feu comme par exemple à Nantes. Une telle mesure existe déjà à Orly, Bâle-Mulhouse ou Beauvais. Sur les aéroports sur lesquels les besoins économiques empêchent de mettre en place ce couvre feu, il serait possible de réduire la nuisance la nuit en autorisant uniquement des avions qui auraient de bonnes performances acoustiques. Nous recommandons de créer un Observatoire national des vols de nuit de manière à améliorer la transparence générale. Il faut que chacun puisse avoir accès aux données pour pouvoir se concerter avec les compagnies aériennes afin de mieux programmer les vols.

L'Autorité demande également au gouvernement de prendre une initiative législative pour moderniser les textes relatifs à la lutte contre les nuisances environnementales sur et autour des aéroports. Il s'agit notamment de renforcer les missions de police de l'environnement et les pouvoirs de l'Autorité de contrôle tout en simplifiant la procédure relative à l'exercice de ses pouvoirs de sanction. Et puis notre organisation recommande à la Direction des services de la navigation aérienne de mettre à profit les moyens d'études mis en œuvre, notamment dans le cadre de la généralisation des descentes continues, pour s'assurer que toutes les optimisations environnementales des procédures de départ et d'arrivée ont été envisagées.

Cette dernière recommandation implique notamment la génération des vols en descente continue, une technique qui permet de réduire ces nuisances...

Les descentes continues représentent effectivement une base opérationnelle importante dans la réduction des nuisances. Lors d'une descente classique, l'avion descend de manière continue jusqu'à 3.000 mètres et ensuite il respecte des paliers dans l'attente du retour du contrôle aérien. La descente continue évite ces paliers et limite les survols de populations. En plus d'éviter une nuisance, cela permet de réduire la consommation de carburant. Cette technique intéresse tous les pays de l'Europe parce que cela permet d'améliorer la fluidité et d'éviter les embouteillages. La mise en œuvre 24h/24 des descentes continues à Paris-Charles de Gaulle devant être effective d'ici la fin de l'année 2023, notre autorité recommande à la DSNA d'établir le calendrier relatif à la généralisation des descentes continues sur les principales autres plateformes françaises en priorisant les terrains à forte densité de populations riveraines.

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Commentaires 3
à écrit le 27/05/2021 à 19:58
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ma petite belle soeur habite dans un des villages d'Orly, en gros la moîtié du village est couverte par le tarmac qui donc est à 500m, dire qu'on entend quelque chose serait mentir, par contre ce qui était des zônes industrielles de l'autre côté de l...

à écrit le 27/05/2021 à 18:33
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Bof, les rodéos urbains sont plus bruyants que les avions...

à écrit le 27/05/2021 à 8:26
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Ca doit être l'enfer d'habiter à côté d'un aéroport c'est sûr et certain mais également à côté d'une autoroute voir d'une route particulièrement dense, on en voit beaucoup également quand on se déplace en voiture, établir des statistiques des françai...

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