Vente d'ITA Airways : Rome précise les conditions, Lufthansa en pole position

Le gouvernement italien vient d'adopter un décret qui prévoit de céder dans un premier temps une part minoritaire d'ITA Airways au futur acquéreur, probablement Lufthansa qui aura ensuite la possibilité de monter progressivement au capital. La compagnie nationale italienne reste fragile financièrement et a souffert des récentes crises de gouvernance.
ITA Airways a reçu 400 millions d'euros de fonds publics pour passer l'hiver.
ITA Airways a reçu 400 millions d'euros de fonds publics pour passer l'hiver. (Crédits : REMO CASILLI)

Fin d'un feuilleton qui dure depuis des mois ? Le conseil des ministres italiens a approuvé mercredi un projet de décret pour accélérer la vente d'ITA Airways, qui prévoit la cession d'une part minoritaire de l'entreprise par l'Etat.

Le groupe Lufthansa, qui fait la course en tête dans le rachat du successeur d'Alitalia, pourrait ainsi entrer en plusieurs étapes au capital de la compagnie italienne. Du côté du gouvernement, on assure que le critère majeur pour le choix de l'acquéreur sera son plan industriel.

Lufthansa vise 40%, puis 100% du capital

Dans le détail, la cession d'une première part minoritaire pourrait se traduire par une augmentation de capital réservée au futur acquéreur selon le nouveau décret. La presse italienne annonce que Lufthansa vise une part d'au moins 40%, évaluée entre 180 et 200 millions d'euros, et pourrait ultérieurement monter jusqu'à 100% du capital.

Une option accueillie plutôt favorablement par la direction de l'entreprise en difficulté. « Nous travaillons beaucoup avec Lufthansa, de manière très collaborative, et nous partageons des informations avec eux », a déclaré mercredi le directeur général d'ITA Airways Fabio Lazzerini. « La part et les modalités de la vente seront décidées par le ministère des Finances ».

Revirement successifs des gouvernements

La vente de la compagnie nationale prend depuis plusieurs mois l'allure d'un feuilleton, alimenté par les soubresauts de la vie politique italienne. Le gouvernement Draghi avait sélectionné fin août l'offre concurrente de Lufthansa avancée par le fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, en vue de l'ouverture de négociations exclusives.

Mais face à l'absence de progrès dans les discussions avec Certares, le nouveau ministre de l'Economie de Giorgia Meloni avait annoncé fin octobre sa décision de ne pas renouveler la période d'exclusivité des négociations. Lufthansa s'est ainsi retrouvé seul en piste après le retrait fin novembre de son allié, le géant italo-suisse du transport maritime MSC qui lorgnait aussi ITA.

L'Etat italien veut garder une part conséquente du capital

Dans tous les cas, l'Etat italien compte garder une part conséquente dans le capital d'ITA Airways. Le gouvernement de Giorgia Meloni, en place depuis fin octobre, souhaite tout de même conserver 30 à 35 % du capital selon le Corriere della Sera. De son côté, Lufthansa s'est encore dit début novembre « toujours intéressé par une véritable privatisation de la compagnie aérienne ».

ITA Airways doit aussi composer avec des remous internes. Alfredo Altavilla, son président, a démissionné avec fracas après avoir été désavoué à deux reprises par l'Etat italien, remplacé par Antonino Turicchi. Et la compagnie a dû recevoir une injection de 400 millions d'euros de fonds publics pour passer l'hiver.

Côté opérationnel, Fabio Lazzerini a été confirmé au poste de directeur général. Et comme l'a dit un des dirigeants de la compagnie italienne à La Tribune, la consigne est de développer la compagnie, avec l'objectif d'arriver à 96 avions en flotte d'ici fin 2023 et de laisser l'Etat italien s'occuper de la privatisation.

(avec agences)

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