Lufthansa ne renonce pas à ITA Airways malgré les tergiversations italiennes

Après avoir repris l'avantage face à Air France-KLM pour l'acquisition d'ITA Airways, Lufthansa a dû faire face à la défection de ses différents partenaires. Mais il en faut visiblement plus pour décourager son patron, Carsten Spohr, qui affirme à nouveau ses ambitions sur le marché italien.
Léo Barnier
ITA Airways et le marché italien attirent toujours les convoitises de Lufthansa.
ITA Airways et le marché italien attirent toujours les convoitises de Lufthansa. (Crédits : REMO CASILLI)

En succédant à Alitalia il y a un peu plus d'un an, ITA Airways a visiblement hérité de son inclinaison pour les feuilletons concernant son rachat. Depuis le début de l'année, les rebondissements se multiplient pour la désignation du futur actionnaire industriel de la compagnie d'Etat italienne dont la privatisation est pourtant décidée depuis sa création. Mais, forte de l'attractivité du marché italien, ITA Airways continue d'attirer les convoitises, en particulier de Lufthansa et d'Air France-KLM.

Dans une interview au journal allemand Die Zeit, Carsten Spohr, directeur général du groupe, a affirmé ses ambitions pour « devenir encore plus européen ». Après avoir acquis Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines dans les années 2000, Lufthansa vise depuis longtemps le sud de l'Europe. En dépit de ses échecs du temps d'Alitalia, puis du refus par l'Etat italien de ses précédentes offres pour ITA Airways, Lufthansa n'entend pas renoncer. Carsten Spohr ne s'en cache d'ailleurs pas. Dans la même interview, il déclare : « Ce n'est un secret pour personne que l'Italie est pour nous l'un des marchés les plus importants et que nous avons déjà plus de personnes qui volent vers l'Italie depuis les États-Unis que vers l'Allemagne. L'Italie est économiquement forte et constitue une destination de vacances attrayante. »

Le patron de Lufthansa est ainsi convaincu de l'intérêt d'un tel rachat qui « ouvrirait de nouvelles perspectives dans le domaine de l'aviation non seulement à Lufthansa, mais aussi à ITA et à l'Italie. » Il veut néanmoins rester discret sur ses intentions, indiquant que « la règle d'or de l'économie financière s'applique : on ne parle publiquement d'achat et de vente que lorsque le moment est venu. » Des pourparlers sont ainsi en cours, comme l'a indiqué fin novembre le ministère de l'Economie du gouvernement de Giorgia Meloni, présidente d'extrême-droite du conseil des ministres italien. Carsten Spohr semble donc s'être armé de patience, lui qui avait envoyé une lettre cet été à Mario Draghi, Premier ministre italien alors en poste, pour lui demander d'aller vite et prévenir « que (sa) patience n'est pas illimitée ».

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Une offre en solo ?

Bien que laconiques, ces déclarations posent beaucoup de questions. Lors de ses précédentes approches pour ITA Airways, Lufthansa était en partenariat avec des poids lourds locaux du transport, d'abord l'armateur italo-suisse MSC dans le maritime, puis le groupe public italien des chemins de fer Ferrovie dello Stato (FS) dans le ferroviaire. Mais ces deux derniers ont jeté l'éponge depuis. Le groupe allemand n'a ainsi pas forcément vocation à aller seul et devra sans doute se trouver un nouvel associé, même s'il a prouvé sa capacité à aller se financer sur les marchés depuis l'an dernier, que ce soit pour rembourser sa dette auprès de l'Etat allemand ou assurer sa reprise.

La suite dépend largement de cette inconnue, notamment pour déterminer le niveau de contrôle visé par Lufthansa. Lors de sa première offre avec MSC en janvier, une prise de participation à hauteur de 40 % était d'abord évoquée, avant que l'agence Reuters n'indique que Lufthansa souhaitait acquérir 20 % du capital de la compagnie publique italienne, tandis que son partenaire visait 60 %. Les estimations de la somme proposée ont, elles aussi, varié, entre 1,4 milliard d'euros en début d'année à 850 millions quelques mois plus tard selon l'AFP, en raison de la détérioration du marché aérien qui était alors attendue après l'été.

Par la suite, le consortium formé par Certares Management, Delta Air Lines et Air France-KLM avait proposé le rachat de près de 56 % d'ITA pour environ 600 millions d'euros selon les chiffres de la presse italienne. Il avait même cru avoir remporté la mise fin août, en vain. Et enfin, en novembre, lorsque Lufthansa est revenu à la charge avec Ferrovie dello Stato, une prise de participation de 51% par le groupe allemand était évoquée, pour un montant de 250 millions d'euros, et de 29 % par son partenaire.

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L'Etat italien veut garder du poids

Dans toutes ces configurations, l'Etat italien gardait donc une part dans le capital d'ITA Airways plus ou moins importante, mais toujours conséquente. Le gouvernement de Mario Draghi avait ainsi choisi de conserver une importante participation publique. Le gouvernement de Giorgia Meloni, en place depuis fin octobre, semble moins exigeant mais souhaite tout de même conserver 30 à 35 % du capital selon le Corriere della Sera. De son côté, Lufthansa qui s'était dit début novembre « toujours intéressé par une véritable privatisation de la compagnie aérienne ». Pour autant, le groupe allemand aura-t-il les moyens de monter très haut au capital d'ITA Airways sans le soutien d'un partenaire d'envergure ?

Pendant ce temps, ITA Airways doit aussi affronter des remous internes. Alfredo Altavilla, son président, a démissionné avec fracas après avoir été désavoué à deux reprises par l'Etat italien, remplacé par Antonino Turicchi. Et la compagnie a dû recevoir une injection de 400 millions d'euros de fonds publics pour passer l'hiver.

Côté opérationnel, Fabio Lazzerini a été confirmé au poste de directeur général. Et comme l'a dit un des dirigeants de la compagnie italienne à La Tribune, la consigne est de développer la compagnie, avec l'objectif d'arriver à 96 avions en flotte d'ici fin 2023, et de laisser l'Etat italien s'occuper de la privatisation.

Léo Barnier

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Commentaires 2
à écrit le 14/12/2022 à 22:40
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Meloni la populiste et extreme droite qui va vendre la feu alitalia a des intérêts allemands ? Ses électeur doivent la remercier .. c est beau l extrême droite : que du blabla pas de résultat comme les autres

à écrit le 14/12/2022 à 22:39
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Meloni la populiste et télé droite qui va vendre la feu alitalia a des intérêts allemands ? Ses électeur us doivent la remercier .. c est beau l extrême droite : que du blabla pas de résultat comme les autres

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