Le président d'ITA Airways démissionne en pleines négociations sur la vente de la compagnie

Après avoir été désavoué à deux reprises par l'État italien, actionnaire à 100% de la compagnie publique, Alfredo Altavilla a démissionné de son poste. Le président d'ITA Airways a indiqué vouloir permettre au nouveau gouvernement « de mettre en œuvre ses décisions le plus rapidement et le plus efficacement possible, sans être en aucune façon un obstacle ou une entrave ». Il s'est récemment vu reprocher de ne pas avoir fourni toutes les informations sur ITA au consortium emmené par Certares, qui a remporté fin août la course au rachat.
Alfredo Altavilla n'avait jamais caché sa préférence pour l'offre concurrente soumise par Lufthansa et l'armateur italo-suisse MSC pour la reprise d'ITA Airways.
Alfredo Altavilla n'avait jamais caché sa préférence pour l'offre concurrente soumise par Lufthansa et l'armateur italo-suisse MSC pour la reprise d'ITA Airways. (Crédits : REMO CASILLI)

Le patron de la compagnie italienne ITA Airways a pris les devants. Alfredo Altavilla a en effet remis sa démission ce lundi 7 novembre au soir, à la veille d'une assemblée générale des actionnaires de la compagnie censée voter en faveur de son limogeage. Il s'est vu reprocher ces dernières semaines de faire obstruction à la vente d'ITA Airways au fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines. Ce qui l'avait d'ailleurs privé de ses pouvoirs opérationnels par les représentants de l'État au conseil d'administration d'ITA.

« Les conditions de l'actionnaire unique ont changé suite à l'arrivée d'un nouveau décideur politique après les élections nationales » qui ont porté au pouvoir une coalition d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni, constate Alfredo Altavilla. Afin de permettre au nouveau gouvernement « de mettre en œuvre ses décisions le plus rapidement et le plus efficacement possible, sans être en aucune façon un obstacle ou une entrave, j'ai pris la décision de démissionner de la présidence de la société », a-t-il poursuivi.

Alfredo Altavilla n'avait jamais caché sa préférence pour l'offre concurrente soumise par Lufthansa et l'armateur italo-suisse MSC pour la reprise d'ITA Airways. Ces derniers étaient considérés jusqu'à cet été comme favoris dans la course au rachat du successeur d'Alitalia. Mais l'ancien gouvernement dirigé par Mario Draghi avait annoncé fin août avoir retenu l'offre de Certares en vue de l'ouverture de négociations exclusives.

Le choix de Certares ne faisait d'ailleurs pas l'unanimité au sein du gouvernement Draghi. Giancarlo Giorgetti, alors ministre du Développement économique, s'était montré « surpris » de cette décision, estimant que « l'avenir de la compagnie n'(était) pas garanti », en l'absence de partenaires industriels pouvant prendre une participation financière importante.

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Lufthansa reste en embuscade

Sauf que, depuis, face à l'absence de progrès dans ces tractations, Giancarlo Giorgetti a annoncé fin octobre sa décision de ne pas renouveler la période d'exclusivité pour les négociations avec Certares, remettant ainsi en piste MSC et Lufthansa.

« Nous surveillons la poursuite du processus de vente d'ITA et sommes toujours intéressés par une véritable privatisation de la compagnie aérienne », a déclaré le 2 novembre une porte-parole de la compagnie allemande à l'AFP. Le groupe « est toujours intéressé par le marché italien », a ajouté cette source.

Lufthansa a toujours dit privilégier une privatisation complète de la compagnie italienne alors que l'ancien gouvernement de Mario Draghi avait choisi de conserver une participation publique. Avant d'être écartés de la course, MSC et Lufthansa avaient proposé fin août de débourser 850 millions d'euros pour 80% d'ITA, ne laissant à l'État italien qu'une part de 20%.

Air France-KLM a de son côté « pris note » de l'annonce par le Ministère de l'Économie italien de la fin de la période d'exclusivité et ajouté qu'il « évalue ses options sur le marché italien du transport aérien et attend de plus amples informations de la part de l'État italien ». Une entrée au capital d'Air France-KLM ne pourrait en tout cas pas dépasser 10%, car la compagnie a les mains liées par les conditions imposées par la Commission européenne en contrepartie de l'aide publique reçue pour surmonter la crise du Covid-19.

Certares était prêt à débourser 350 millions d'euros pour acquérir 50% plus une action d'ITA Airways, laissant la part restante à l'État italien, lui permettant de continuer à peser sur les décisions stratégiques concernant la compagnie nationale.

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(Avec AFP)

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