Le vote décisif des pilotes sur l'avenir d'Air France est décalé

Le SNPL Air France a décalé au 20 février sa consultation des pilotes sur la création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits par rapport à Air France.
Fabrice Gliszczynski
La publication jeudi 9 février, six jours après le début de la consultation, du projet d'accord global de la direction, est de nature à modifier le vote des pilotes. Ceux qui n'avaient encore voté sont désormais tentés de le faire sur l'ensemble du projet et non plus sur un principe comme la question du référendum l'indiquait.

La journée "décisive" d'Air France (l'énième) est décalée d'une semaine. Ce ne sera pas ce lundi que le résultat du vote des pilotes d'Air France sur le projet de la direction de créer une nouvelle compagnie à coûts réduits par rapport à Air France, sera connu. Un projet (baptisé Boost), dont les paramètres qui l'accompagnent resteront insuffisants pour résoudre les problèmes intrinsèques de compétitivité du groupe (hors coût du travail français et hors coût de la taxation spécifique en France sur le transport aérien), mais qui permettraient néanmoins de remettre la compagnie en mouvement après des années de blocage.

Lancée le 3 février par le bureau du SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) Air France et devant s'achever ce lundi 13 février, la consultation des pilotes sur la question « Approuvez-vous l'externalisation d'une partie de l'activité et de la flotte long-courrier et moyen-courrier d'Air France dans une nouvelle structure ? », a été prolongée jusqu'au lundi 20 février prochain à 17 heures, peu avant le conseil du SNPL (le mercredi 22 février), l'instance souveraine au sein du syndicat.

 Le bureau du SNPL Air France est contre

Pour certains des opposants à l'intitulé de la question, cette prolongation de la consultation traduit la volonté du bureau du SNPL, hostile à ce projet, d'attirer plus de votes négatifs, alors que le taux de participation était faible, selon plusieurs sources. L'exécutif du Syndicat national des pilotes de ligne est en effet contre ce projet de création d'une nouvelle compagnie, même s'il a fait plier la direction sur de nombreux points, comme celui d'utiliser des pilotes Air France dans cette nouvelle entité.

La publication du projet d'accord global modifie le sens du vote

La publication jeudi 9 février, six jours après le début de la consultation, du projet d'accord global de la direction, est de nature à modifier le vote des pilotes. Ceux qui n'avaient encore voté sont désormais tentés de le faire sur l'ensemble du projet et non plus sur un principe comme la question du référendum l'indiquait. Certes, celle-ci concerne le volet essentiel du projet, mais une réponse positive n'était pas pour autant, dans l'esprit de certains pilotes, synonyme d'une acceptation de l'accord global.

 «Je vote «Oui» pour pouvoir continuer la négociation sans que cela ne présage en rien du vote final qui dépendra justement de l'issue de la négociation», confiait un pilote avant la présentation de la direction de son projet d'accord.

Ce dernier étant connu, les pilotes sont désormais tentés de voter sur son contenu. Or, aux yeux de certains pilotes, l'accord peut contenir des insatisfactions, voire des sujets d'irritation. Par ailleurs, beaucoup sont déçus par l'absence de réponse sur la question des équilibres de croissance entre Air France et KLM. Le SNPL dénonce depuis des années une croissance de KLM supérieure à celle d'Air France dans des proportions qui sortiraient des accords scellés dans le passé. Un sujet qui fait couler beaucoup d'encre et dont le résultat varie selon que l'on compare l'ensemble de la production des deux compagnies (alors que seul le long-courrier est concerné) ou que l'on ne prenne qu'un seul des deux critères (les sièges kilomètres offerts) sans tenir compte des heures de vol. Selon la direction, il y a eu une légère dérive en termes de sièges kilomètres offerts en lien avec la baisse du nombre de sièges dans les avions d'Air France du fait de la montée en gamme, mais pas en heures de vol.

 Si le "Non" l'emporte, le projet s'envole

Le résultat de ce vote s'annonce déterminant. Si le "Non" l'emporte, le projet "Boost" et, d'une manière générale, le projet "Trust Together", présenté fin novembre, tombe à l'eau. En effet, l'échec de Boost s'ajouterait à celui de la tentative de lancer une étude sur une éventuelle filialisation de l'activité maintenance, l'autre mesure phare du projet Trust Together. Même s'il est censé être souverain et qu'il n'est pas lié à cette consultation sur laquelle il n'a pas été consulté (une méthode qui a agacé de nombreux pilotes), le conseil du SNPL aura du mal à aller à l'encontre du vote des pilotes en lançant un nouveau référendum, même si cela reste toujours possible. La direction avait indiqué, qu'en cas de référendum, elle décalerait le calendrier de signature de l'accord, aujourd'hui ouvert jusqu'au 24 février.

Si le "Oui" l'emporte, il y aura des vagues au SNPL

Si le "Oui" l'emporte, le projet Boost reprendra des couleurs. Il pourrait légitimer le lancement par le conseil d'un nouveau référendum sur le projet d'accord de la direction en ouvrant la voie, selon certains syndicalistes, à une négociation de certains points perfectibles aux yeux des pilotes (sur les primes de fin d'année par exemple). En interne au SNPL, un tel vote risquerait de faire des vagues. Car il sonnerait comme un désaveu pour le bureau qui n'a cessé d'appeler à voter contre le projet de création d'une nouvelle compagnie.

Ce décalage du calendrier ne devrait pas faire avancer la négociation entre la direction et les syndicats PNC (hôtesses et stewards). Car, même si la direction les a invités à une semaine de négociations intenses, il est difficilement imaginable de voir les PNC négocier quoi que ce soit avant de savoir ce que feront les pilotes. D'autant plus qu'ils ne souhaitent pas la création de cette nouvelle compagnie.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 8
à écrit le 13/02/2017 à 21:38
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Le seul vrai patron chez AF c'est le SNPL qui dicte sa loi depuis plusieurs décennies d'ailleurs (cf grève du mondial 98, greves à chaque plan transform ou presque, greve lors de la tentative de creation de Transavia Europe..). On voit bien qu'avec...

le 15/02/2017 à 15:00
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Mmmm.. sauf que là, il n'est demandé justement de nouveaux efforts qu'aux pilotes (et à tous ceux d'AF), les PNC AF ne seront pas concernés puisqu'ils ne pourront aller dans cette nouvelle compagnie. Quant au non respect du précédent plan, vous de...

à écrit le 13/02/2017 à 20:57
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+1 Les articles sur air France dans la tribune se suivent et se ressemblent. On a le sentiment que vous ne voulez qu'une chose: lui nuire.

le 14/02/2017 à 3:24
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Comme AF avait nuire ses clients en raison des grèves.

à écrit le 13/02/2017 à 17:34
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Bonjour, je vous demande à vous La Tribune, journal d'information et d'analyse économiques, de publier une étude sérieuse, profonde de comparaison des traitements des pilotes de quelques compagnies aériennes, salaires, horaires, primes, rythme de tra...

le 13/02/2017 à 17:55
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+1 Comparatif également des taxes payées par AF avec les concurrents

à écrit le 13/02/2017 à 14:30
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Ca ressemble de plus en plus à la SNCM . De toutes façons pour se déplacer par les airs en France,Europe et dans le monde :Qui a besoin d'AF à part ceux qui ne paient pas leur billet sur cette airline ?

le 13/02/2017 à 17:54
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Réponse à votre question: plus de 90 millions de passagers en 2016. Vous voyez, mon cher Léon, Air France peut même se passer de vous...

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