Pour attirer les cheminots de la SNCF, Transdev est prêt à les payer plus

Thierry Mallet, le Pdg de Transdev, explique que si le statut et les conditions de travail de la SNCF sont imposés aux nouveaux entrants dans le cadre de l'ouverture à la concurrence du ferroviaire, Transdev ne bougera pas.
Fabrice Gliszczynski
Pour laisser le temps à la SNCF de revoir son mode de fonctionnement, Thierry Maillet, le Pdg de Transdev, soutient une ouverture à la concurrence progressive comme ce fut le cas en Allemagne
Pour laisser le temps à la SNCF de revoir son mode de fonctionnement, Thierry Maillet, le Pdg de Transdev, soutient une ouverture à la concurrence progressive comme ce fut le cas en Allemagne (Crédits : Regis Duvignau)

En plein bras de fer entre le gouvernement et les syndicats de la SNCF sur la réforme de la société publique pour la préparer à l'ouverture à la concurrence, Transdev, l'opérateur privé français de mobilités, présent dans le secteur ferroviaire dans plusieurs pays comme l'Allemagne ou la Suède, lorgne la fin du monopole de la SNCF sur le réseau régional et reste attentif aux modalités de l'ouverture à la concurrence. Notamment sur le plan social, alors que le gouvernement pourrait être tenté, pour calmer le jeu avec les syndicats, de faire des concessions aux cheminots qui mettraient des bâtons dans les roues des futurs nouveaux entrants.

« Il y a deux conditions à la réussite de la réforme ferroviaire : mettre en place une véritable ouverture à la concurrence permettant aux nouveaux entrants de détenir une part de marché significative, mais aussi une organisation du travail différente, plus souple que celle que nous connaissons aujourd'hui », a déclaré ce mardi Thierry Mallet, le Pdg de Transdev, lors de la présentation des résultats financiers de 2017 marqués par une hausse de 10 millions du résultat net, à 76 millions d'euros pour un chiffre d'affaires stable de 6,6 milliards.

«Il ne faut pas rigidifier le modèle social et faire en sorte que le statut et les conditions de travail qui existent à la SNCF soient imposés aux nouveaux entrants, sinon nous ne bougerons pas », a-t-il ajouté.

Également président de l'UTP, l'union des transporteurs publics, Thierry Mallet prône la flexibilité du travail et la polyvalence des équipes sur le terrain, nécessaires selon lui à l'amélioration de la qualité de service.

Pour laisser le temps à la SNCF de revoir son mode de fonctionnement, il soutient une ouverture à la concurrence progressive comme ce fut le cas en Allemagne où 24 ans après l'ouverture à la concurrence « la Deutsche Bahn est aujourd'hui aussi compétitive que les acteurs privés ». Lui ne voit pas Transdev ouvrir les premières lignes régionales françaises avant fin 2020-début 2021 et n'envisage pas de se lancer sur les lignes à grande vitesse.

Intérêt pour les petites lignes

Cette polyvalence est d'ailleurs à ses yeux indispensable pour relancer les « petites lignes » exploitées à grand frais par la SNCF dont la pérennité, même si le gouvernement a garanti leur maintien, est menacée à terme pour des raisons de coûts.

« Le bénéfice de la concurrence, c'est aussi la capacité de régénérer les petites lignes. Il y a beaucoup de choses à faire pour les petites lignes en France », a expliqué Thierry Mallet en prenant l'exemple des réussites de Transdev dans ce domaine en Allemagne ou celui de la ligne Carhaix-Guingamp-Paimpol en Bretagne que Transdev ne pourrait pas exploiter aux mêmes coûts avec le modèle SNCF.

En évitant de « démultiplier les personnes pour faire une fonction » ou « que plusieurs fonctions puissent être portées par plusieurs personnes », la polyvalence permet de baisser les coûts du personnel.

« Il faut faire en sorte que le train soit presque géré comme un autocar sur rail avec un chef de train qui est également le conducteur. C'est comme cela que l'on peut avoir un service économique. Si l'on compartimente les fonctions, il faut 3 ou 4 personnes et on ne peut plus faire fonctionner ce type de lignes. C'est un élément clé », a précisé Thierry Mallet.

Certains éléments du statut seront conservés

S'il défend une nouvelle façon de travailler, ce dernier est néanmoins favorable à conserver des éléments du statut des cheminots qui viendraient chez Transdev, comme « la rémunération, la garantie de l'emploi, certains avantages comme les facilités de circulation ou l'accès à la médecine particulière de la SNCF et le système de retraite ».

Thierry Mallet entend bien attirer des volontaires de la SNCF.

« On va faire en sorte d'être attractif. Pour que les cheminots aient envie à venir chez nous. Je suis prêt à les payer plus pour autant qu'on ait une organisation du travail différente », a-t-il expliqué.

Autrement dit en travaillant plus, l'objectif de  Transdev étant de faire rouler plus de trains avec les mêmes effectifs.

Édouard Philippe affiche sa fermeté

Les propos du Pdg de Transdev interviennent au moment où Edouard Philippe a affiché mardi devant les députés LREM sa fermeté face aux mouvements contre les réformes de l'exécutif, jugeant qu'"il se joue quelque chose de plus large que la réforme ferroviaire", certains attendant "le grand soir" ou "que l'on cède".

"Il faut toujours plus d'explications et toujours plus de pédagogie. En matière d'explication, nous n'en faisons jamais assez. Il faut démultiplier cet effort et chacun doit s'y coller", a exhorté le Premier ministre, selon des participants à cette réunion à huis clos.

Le chef de file des députés LREM Richard Ferrand les avait appelés la semaine dernière à aller "voir les cheminots" pour faire la pédagogie de la réforme. Ceux des élus qui l'ont fait ont été diversement accueillis sur le terrain.

"Nous devons donner des exemples. On a ouvert la concurrence dans le secteur aérien par exemple, et le client a eu une offre développée. Le transport ferroviaire gagnera lui aussi beaucoup à l'ouverture à la concurrence", a aussi plaidé Edouard Philippe.

Et cet ancien LR de marteler : "On ne privatise rien, on ouvre à la concurrence".
Le projet de loi de réforme ferroviaire, vivement critiqué à gauche, est au menu de l'Assemblée toute la semaine, avec un examen rallongé jusqu'à vendredi.

"Il se joue aujourd'hui quelque chose de plus large que la réforme ferroviaire : certains attendent le grand soir, d'autres attendent que l'on cède", a ajouté le chef du gouvernement, en référence également aux mouvements de blocage dans les universités contre la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'enseignement supérieur et Parcoursup. Sur ces réformes, "nous irons jusqu'au bout", tweetaient des députés LREM pendant leur réunion de groupe.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 35
à écrit le 09/09/2020 à 19:13
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quel baratin et mensonges j en prend un au hasard, les facilites de circulation ne sont pas liees au statut sn cf la preuve les contractuels qui ne sont pas au statut beneficient des memes avantages en la matiere que le personnel au statut.... ces...

à écrit le 11/04/2018 à 19:11
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Une évolution de la SNCF est indispensable pour les usagers et les contribuables. C'est un service public, mais n'en déplaise à ceux qui l'associent obligatoirement au statut des cheminots, c'est un peu court. Le but doit être de faire baisser les...

le 11/04/2018 à 22:19
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@ Teddy Je ne vois vraiment pas comment les Français pourraient accepter et approuver... et presque soutenir que l'État ne s’endette pas encore un peu plus davantage pour soutenir un autre canard boiteux. J'admire votre optimisme... mais pens...

à écrit le 11/04/2018 à 15:13
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"la polyvalence permet de baisser les coûts du personnel". On peut noter que les coûts sont toujours pour certaines categories de salariés souvent les plus faiblement remunéré d'ailleurs,jamais pour d'autres categories de l'entreprise.Est-ce que l...

à écrit le 11/04/2018 à 11:46
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les cheminots de la sncf sont habitués de la chaise longue depuis 70 ans pendant leurs heures de travail ils ne bougerons pas comme Transdev beaucoup de blabla pour pas grand chose

à écrit le 11/04/2018 à 10:33
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rejet de la politique monarchique tout libérale .point

à écrit le 11/04/2018 à 8:41
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Le réseau de bus et tramway d'Aubagne est gratuit depuis 2009 et il est géré par Transdev,donc le profit vient des conditions de travail dégradées,de la subvention de la Mairie et de la taxe transport payée par les entreprises.

le 12/04/2018 à 8:51
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Oui mais le transport est gratuit non seulement à Aubagne, mais aussi sur toute la communauté de communes. Le peuple a parlé quand Marseille a voulu englober Aubagne, cette gratuité a été l’argument majeur contre le projet marseillais.

à écrit le 11/04/2018 à 7:04
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Oui à l’ouverture à la concurrence avec une convention collective, mais la SNF n’a pas à imposé ses conditions aux entrants, il faut sortir du corporatisme tout le monde sera gagnant, l’etat, les cheminots, la SNCF et les clients

à écrit le 11/04/2018 à 2:43
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La SNCF doit restes dans l état francais Avec macron ins vas vendre. ! la SNCF la sécurité S/S ! les caisses des retraites ! C est un libéral ?

à écrit le 10/04/2018 à 23:57
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J'avais cru comprendre que le principe de la concurrence libre et non faussée, c'est que tous les concurrents se battent à armes égales. Ce qui veut dire, le même contexte réglementaires, le même code du travail, les mêmes contraintes fiscales et lég...

le 11/04/2018 à 4:53
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vous savez lire ou pas ?????? si vous avez un train avec 4 personnes dedans comme controleurs ce n'est pas viable, si vous avez juste le conducteur de train c'est viable : vous comprenez ?????

le 11/04/2018 à 11:54
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Réponse de bertrand le 11/04/2018 à 4:53 : vous savez lire ou pas ?????? si vous avez un train avec 4 personnes dedans comme controleurs ce n'est pas viable, si vous avez juste le conducteur de train c'est viable : vous comprenez ????? Et Toi ...

à écrit le 10/04/2018 à 21:50
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voila pourquoi l ETAT est mauvais élève au regard de nos régions cela a débuté par le conventionnement

à écrit le 10/04/2018 à 20:23
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pourquoi le journaliste ne précise pas que pour garantir la concurrence les landers paient 8 milliards d euro de subvention à celui qui a pris l exploitation des lignes régionales. c est un mensonge de ne pas le dire. le contribuable finit par payer ...

à écrit le 10/04/2018 à 20:14
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Travailler plus, gagner plus... et payer plus d'impôts à la fin.

à écrit le 10/04/2018 à 19:56
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Si certains de la SNCF veulent aller chez transdev, je pense que le mix des cultures peut avoir du bon mais je conseillerais à ce Mr de transdev de bien les choisir sinon il va se retrouver avec une bande de boulets pour qui il aura donné une garanti...

le 10/04/2018 à 22:20
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dommage que votre réflexion soit à charge....si la SNCF A DES PROBLEMES DE PRODUCTIVITE PAR RAPPORT A SES HOMOLOGUES EUROPEENS C EST AUSSI QUE DANS LES AUTRES PAYS EUROPEENS LES POLITIQUES NE MAGOUILLENT PAS TEL ARRET OU TELLE LIGNE CI ET LA SELON...

à écrit le 10/04/2018 à 18:46
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Je ne comprend plus rien, ils sont pas 30% plus cher à la SNCF à cause de leur statut, donc: Ils gardent leurs "avantages" donc 30% trop cher mais ce monsieur leur propose de les payer... encore plus cher? Vous voulez dire qu'en fait ils ne gagnent...

le 10/04/2018 à 20:22
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Le cout du travail n'est pas seulement fonction des salaires Il faut également ajouter les charges (cotisations sociales et patronales) et évidemment l'organisation du travail (qui ne permet pas a la SNCF comme dans bcp d'entreprises publics d'avoir...

le 10/04/2018 à 22:07
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c est un piege: les cheminots intégrés pour -quelques temps- formeront les salariés transdev aux spécificité ferroviaire française dont transdev ne connait pas 1%...une ois son personnel formé..tchao le cheminot.. au fait aucun journaliste ne s ' es...

le 10/04/2018 à 22:14
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vous avez raison de vous étonner: les salaires SNCF QUAND VOUS N ËTES PAS CADRE SONT EN MOYENNE ENTRE 1290 € ET 1745 € POUR UN EXECUTANT PUIS MAITRISE. quand les journalistes ou politiques évoque 3000€ brut en moyenne ils oublisENT -ACIDENTELLEMENT...

à écrit le 10/04/2018 à 17:24
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Pour les petites lignes,il vaut mieux les mettre gratuites,pour qu'elles soient plus rentables pour la collectivité, tout en étant un service public qui diminue la fracture territoriale. Même, avec un meilleur rendement dans l'organisation, avec la d...

à écrit le 10/04/2018 à 17:05
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"certains avantages comme l'accès à la médecine particulière de la SNCF " Dès qu'il s'agit de médecine du travail chez Transdev ,on se souvient d'un coup que la SNCF est la.Ou comment se débarrasser du bébé à moindre frais.Au fait, qu'est-ce qu'e...

à écrit le 10/04/2018 à 16:56
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La SNCF n'a pas attendu Mallet pour se réformer, mais Pepy n'en dit rien. Il y a eu des autocars sur les rails il n'y a pas si longtemps. Ils s'appelaient Micheline.

à écrit le 10/04/2018 à 16:54
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"la mise en place d'une organisation du travail différente, plus souple que celle que nous connaissons aujourd'hui », a déclaré ce mardi Thierry Maillet, le Pdg de Transdev". Toujours plus souple : Mai 2017 : Les chauffeurs de bus de Transd...

à écrit le 10/04/2018 à 16:44
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Un patron conscient du danger a s'engager avec cheminots sous statuts!!!

à écrit le 10/04/2018 à 16:42
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Un patron conscient du danger a s'engager avec cheminots sous statuts!!!

à écrit le 10/04/2018 à 16:41
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Cela démontre que les bénéfices des "réformes" se font au détriment des salariés. Une preuve de plus de la pratique systématique du dumping salarial en europe.

le 10/04/2018 à 18:09
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Malheureusement, les fameuses réformes se transforment très rapidement en régression des droits pour les salariés concernés.Il est rare que les salariés en tirent un bénéfice et la loi travail pour le privé va accentuer cette régression très rapideme...

à écrit le 10/04/2018 à 16:17
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De toute façon, le gouvernement va bien être obligé à un moment où un autre de donner des gages aux cheminots. Quand à ces propos du patron de transdev de gérer certains trains comme un bus c'est loin d'être possible partout. Conduire le train, vendr...

à écrit le 10/04/2018 à 16:13
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Mr le pdg de Transdev la SNCF ne vous à pas attendu pour subir de profondes transformation...avec les nouveaux train à 2 cabines (AGC REGIOLIS etc...) le conducteur est beaucoup plus productif (changement de côté en 5minute au terminus,caméra à sa di...

à écrit le 10/04/2018 à 15:55
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Se greffe un problème majeur, celui du travail détaché européen qui voit massivement les travailleurs de l'est venir travailler ici pour 300 euros par mois du coup difficile de croire aux bonnes intentions affirmées des uns, qui si elles étaient vrai...

le 10/04/2018 à 22:52
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@Citoyen blasé - Comme son nom l'indique, le travailleur détaché retourne chez lui après une période max de 2 ans. Remplacer un maçon par un autre, c'est très facile. Remplacer un conducteur de train ou un technicien de maintenance ferroviaire tous l...

le 11/04/2018 à 9:53
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Mouais... jusqu'à ce que ce nos dirigeants politique européens serviteurs des riches décident de passer la clause de 2 ans à 5 ou 10 afin justement de régler le "problème" que vous soulevez. LE cynisme de notre UE n'ayant visiblement plus de limi...

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