Qantas mise sur l’Airbus A380 pour relancer son trafic après crise

Pris dans l'étau de la stratégie "zéro Covid" du gouvernement australien, Qantas accuse le coup financièrement avec plus d'un milliard et demi d'euros de pertes lors de son exercice 2021. Le groupe mise sur la vaccination pour voir son trafic redécoller à partir de la fin de l'année. Preuve de son optimisme, il compte accélérer la remise en service de ses A380, avec cinq appareils opérationnels dès l'année prochaine.
Léo Barnier
Qantas prévoit de remettre en service dix de ses douze Airbus A380 d'ici début 2024.
Qantas prévoit de remettre en service dix de ses douze Airbus A380 d'ici début 2024. (Crédits : Jason Reed)

« Ce sont de gros chiffres. » Alan Joyce n'a pas caché l'ampleur du désastre pour Qantas dans sa présentation des résultats pour l'exercice financier 2021 (achevé le 30 juin dernier). Ce 26 août, le directeur général historique du groupe de transport aérien australien a annoncé une perte avant impôts de 2,4 milliards de dollars australiens (près de 1,5 milliard d'euros), contre un bénéfice de 1,2 milliards (740 millions d'euros) lors de l'exercice 2019. Dans le même temps, son chiffre d'affaires a été divisé par trois, à 6 milliards de dollars australiens (3,7 milliards d'euros).

Qantas a notamment subi de plein fouet l'arrêt quasi complet de son trafic international, divisé par dix avec la mise en place de mesures drastiques par le gouvernement australien sur les déplacements internationaux dans le cadre de sa stratégie « zéro Covid ». En dépit des bons résultats du cargo, Qantas et sa filiale Jetstar ont accusé une perte opérationnelle ajustée de l'ordre du milliard de dollars australiens (600 millions d'euros) sur le segment international. Seule la « bulle » mise en place avec la Nouvelle-Zélande a permis de faire redémarrer quelque peu le trafic à partir d'avril (avant d'être suspendue en juillet).

Qantas s'en tire un peu mieux sur l'activité domestique, avec un trafic seulement divisé par deux. Surtout, la compagnie a opéré une remontée en puissance significative depuis la fin de l'année 2020, en dépit des confinements locaux à répétition. Cela n'empêche pas Qantas et Jetstar d'afficher une perte opérationnelle ajustée de 669 millions de dollars australiens sur ce segment, soit un peu plus de 410 millions d'euros.

Le groupe a tout de même réussi la mise en place de son plan d'économie pour limiter ses pertes de trésorerie. Qantas a ainsi réussi à réduire ses dépenses annuelles de 650 millions de dollars (400 millions d'euros), soit 50 millions de plus que prévu. Ce plan doit se poursuivre jusqu'en 2023, avec l'objectif d'atteindre 850 millions de dollars australiens d'économie l'an prochain et un milliard à terme. La réduction de la masse salariale apparaît comme le principal levier de ce plan, avec le départ d'un tiers des effectifs. Pas moins de 9.400 salariés ont ainsi quitté le groupe, largement au-delà de l'objectif initial de 8.500 personnes.

Le pari du trafic international

Malgré ce bilan, Alan Joyce vise un renforcement continu du trafic domestique au cours de l'exercice financier 2022 avec la remise en ligne des trois-quarts de la capacité pré-Covid : 53 % au deuxième trimestre (octobre-décembre 2021) puis plus de 100 % au second semestre (janvier-juin 2022).

Le directeur général du groupe Qantas mise aussi sur un redémarrage du segment international durant cet exercice financier, au fur et à mesure des progrès de la vaccination. Le gouvernement australien doit en effet alléger les mesures sur les déplacements internationaux à partir de décembre, une fois son objectif d'avoir 80% de la population vaccinés atteint.

Si les vols internationaux ne devraient pas dépasser 15 % de leur niveau de 2019 d'ici la fin de l'année, une accélération est prévue au second semestre de l'exercice (janvier-juin 2022). Qantas prévoit ainsi d'atteindre 30 et 40 % de sa capacité de 2019 au cours du troisième trimestre et 50 à 70 % au quatrième trimestre. Cette accélération passera d'abord par la réouverture de vols vers des pays à fort taux de vaccination : Singapour, Japon, Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni et possiblement la Nouvelle-Zélande. Les autres destinations devront attendre au moins fin avril 2022.

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L'Airbus A380 va revenir en flotte

Pour cela, le groupe compte sur sa flotte d'Airbus A380. Alors que certaines compagnies ont mis à profit la crise pour accélérer la sortie du très gros porteur de leur flotte - Air France dès mai 2020, Malaysia Airlines cet été - Qantas accélère leur retour en service. Prévue en 2023, il interviendra dès le milieu de l'année 2022, selon Alan Joyce, avec une cabine réaménagée.

Sur douze appareils actuellement parqués, cinq exemplaires seront ainsi remis en ligne l'an prochain. Basés à Sydney, ils desserviront d'abord les Etats-Unis à partir de juillet, puis le Royaume-Uni via Singapour en novembre. Cinq autres doivent suivre d'ici début 2024, mais Qantas entend conserver une certaine flexibilité sur le calendrier. En revanche, le groupe a décidé de sortir définitivement deux appareils du service.

En attendant le retour en service de ses A380, Qantas compte aussi accroître les capacités de ses A330-200 avec une augmentation de leur autonomie. La compagnie annonce ainsi être en train de finaliser une solution technique avec Airbus pour permettre à ses appareils d'opérer des vols transpacifiques depuis Brisbane vers Los Angeles et San Francisco, soit environ 11 500 km.

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Boeing 787 et Airbus A321 LR à la manœuvre

Qantas va également s'appuyer sur sa flotte d'onze Boeing 787-9. La compagnie a d'ores et déjà prévu de prendre livraison de ses trois derniers exemplaires au cours de l'exercice financier 2023, afin de renforcer ses capacités. Déjà produits, ceux-ci sont pour l'instant stockés chez Boeing.

En parallèle, Jetstar va recevoir ses premiers A321 LR (long range), la version long-courrier du moyen-courrier A321 NEO (New engine option), au début de l'exercice financier 2023, soit dans un an environ. L'autonomie accrue de ses futurs appareils monocouloirs permettra à la filiale à bas coût du groupe de redéployer ses 787 sur d'autres destinations.

Qantas n'a pas non plus renoncé à son projet Sunrise, soit des liaisons directes depuis Sydney vers Londres au Royaume-Uni, et New York aux Etats-Unis . Pour ces vols de plus de 20 heures, le groupe australien avait sélectionné l'A350-1000 d'Airbus fin 2019 avant de geler son projet de commande en mars 2020, suite à l'irruption de la Covid-19. Qantas estime que ce projet est toujours un rouage capital de sa stratégie long-courrier, même si Alan Joyce a déclaré qu'il n'interviendrait « qu'à terme », laissant ainsi entendre qu'il n'interviendrait qu'après un véritable redémarrage du trafic international.

Léo Barnier

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Commentaires 3
à écrit le 27/08/2021 à 15:41
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Pour connaître les dessous du scandale de la vente à un chinois de l'aéroport de Toulouse et la manière dont la Chine a dépecé un Airbus A320 pour le copier au profit de son avion commercial, lisez "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez C.LC. Edit...

à écrit le 26/08/2021 à 21:18
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Le redémarrage de l'activité aéronautique n'est pas uns bonne nouvelle vu que c'est le moyen de diffusion rapide des virus.

le 27/08/2021 à 0:14
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N'oubliez pas de cesser vos achats de produits chinois, mais aussi de produits provenant de n'importe quel continent hors Europe : les virus voyagent en avion, mais aussi en bateau ...!

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