Retards incessants sur la ligne Paris Normandie : Borne veut une solution dès 2027

2027 au lieu de 2032. La première ministre donne un coup d’accélérateur à la réalisation de la Ligne Nouvelle Paris Normandie en promettant un traitement plus rapide de l’embolie de la gare Saint-Lazare. Mais l’affaire n’est pas gagnée d’avance. Explications.
1400 Transiliens et 100 trains normands se croisent quotidiennement dans la deuxième gare d'Europe, d'où des retards récurrents.
1400 Transiliens et 100 trains normands se croisent quotidiennement dans la deuxième gare d'Europe, d'où des retards récurrents. (Crédits : Reuters)

Tous les voyageurs qui empruntent le train entre Paris et la Normandie au départ ou à l'arrivée de la gare Saint-Lazare connaissent le phénomène. En heure de pointe, il est très difficile à la centaine de TER normands quotidiens de se frayer un chemin parmi les 1.400 Transiliens qui affluent tous les jours dans la deuxième plus grande gare d'Europe. Les premiers doivent souvent s'arrêter pendant de longues minutes avant de pouvoir accéder aux huit quais qui leur sont réservés (ou d'en repartir), le temps que les seconds libèrent les voies.

Pour bien comprendre l'origine de ces embouteillages, il faut avoir en tête l'écheveau complexe de rails qui dessert la gare. Ceux-ci sont séparés en cinq groupes de voies parallèles numérotés de 2 à 6. Curieusement, les trains normands circulent sur le cinquième groupe alors que leurs quais sont positionnés sur les voies du groupe 6. Problème, le trafic est tel que passer de l'un à l'autre relève sinon de l'exploit, au moins de la prouesse aux périodes les plus chargées. « Cela conduit à des cisaillements entre les trains des deux groupes ainsi qu'entre les mouvements techniques des trains normands et franciliens, ce qui fragilise l'exploitation », reconnaît d'ailleurs pudiquement la SNCF.

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Matignon donne le Go au « saut de mouton »

La solution ? Pour dénouer ce nœud responsable d'environ un tiers des retards aux heures de pointe, les élus normands ferraillent depuis plusieurs années en faveur de la construction d'un pont passerelle en amont de Saint Lazare, sur les communes de Clichy et de Levallois. Les intéressés sont même allés jusqu'à proposer de le financer en totalité. Chiffré autour de 150 millions d'euros, cet ouvrage d'art de 700 mètres de long joliment baptisé « saut de mouton » serait réservé aux trains en provenance ou à destination du Havre et de Cherbourg ainsi qu'à ceux de la ligne J6 (Conflans/Mantes/Gisors). Il leur permettrait de passer d'un groupe de voies à l'autre sans crainte de se voir barrer la route par un Transilien.

C'est à ce chantier, premier jalon de la future Ligne Nouvelle Paris Normandie, qu'Elisabeth Borne vient de donner un sérieux coup d'accélérateur, au moins oralement, confirmant ainsi les promesses du ministre Christophe Béchu aux maires de Rouen et du Havre lors des dernières « rencontres de l'axe Seine ». Alors que la SNCF projetait la mise en service du « saut de mouton » au mieux en 2032, la première ministre lui demande de mettre le turbo avec une enquête publique l'an prochain et une ouverture en 2027. Soit avec cinq ans d'avance sur un calendrier que les dirigeants de la compagnie qualifiaient déjà de tendu en coulisses. « Cela risque de ruer dans les brancards à la SNCF et à la Région Ile-de-France qui redoutent de grosses perturbations », prédit un bon connaisseur du dossier.

Le chantier du RER E, point bloquant ?

En cause, les incertitudes sur le chantier d'extension du RER Eole à l'Ouest, vers Mantes-la-Jolie que les équipes de SNCF Réseau jugent impossible de mener de front avec celui du « saut de mouton », compte tenu du niveau de fréquentation de l'axe ferroviaire entre Paris et la Normandie. Initialement prévue fin 2022, puis en 2024, la livraison du dernier tronçon d'Eole a de nouveau été repoussée. Les plus pessimistes suggèrent que les travaux pourraient se prolonger jusqu'en 2026, hypothéquant de fait la réalisation du pont de Clichy à la date envisagée par la première ministre.

Au reste, les élus normands se sont bien gardés de déboucher le champagne à l'annonce d'Elisabeth Borne. En témoigne la méfiance affichée par le maire de Rouen. Nicolas Mayer Rossignol se félicite, certes, de la décision de la cheffe du gouvernement. « Quand une orientation est bonne, il faut savoir la saluer ». Mais le nouveau numéro 2 du Parti socialiste ne crie pas victoire pour autant. « Il faudra rester attentif aux discussions qui vont maintenant s'engager, et surtout aux actes », écrit-il dans un communiqué publié durant le week-end.

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2023 à 11:13
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Il ne se passe pas une semaine sans qu'il y ait un problème majeur sur une ligne de la SNCF ! Guillaume Pépy aurait du être mis en examen pour avoir laissé cette entreprise dans un tel état de délabrement. Mais aussi pour les deux accidents mortels s...

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