Rome autorise la privatisation d'ITA Airways (ex Alitalia)

Lors d'un conseil des ministres vendredi, le gouvernement italien a donné son feu vert à la privatisation de la compagnie publique ITA Airways. Cette annonce intervient moins de trois semaines après l'annonce de négociations avec Lufthansa et MSC, désireux d'acquérir la majorité de son capital. Une aubaine pour Rome qui a cherché pendant des années à se défaire, en vain, de son ancienne compagnie aérienne nationale Alitalia, qui a donné naissance à l'actuelle.
A priori, ITA Airways devrait donner l'accès à ses données financières (data room) à tous les prétendants.
A priori, ITA Airways devrait donner l'accès à ses données financières ("data room") à tous les prétendants. (Crédits : ITA Airways)

tOn avait quitté ITA Airways en janvier dernier avec une manifestation d'intérêt reçue de Lufthansa et MSC pour entrer à son capital. Suite ce vendredi 11 février lors du conseil des ministres, où le gouvernement italien « a adopté un décret permettant de débuter le processus de recherche de partenaires pour ITA Airways », en vue d'une « offre publique ou une vente directe », a déclaré Daniele Franco, le ministre de l'Économie. Rome donne ainsi son feu vert à la privatisation de sa compagnie publique.

« Nous prévoyons que, dans une première phase, le gouvernement conservera une part minoritaire et non de contrôle, qui pourra être vendue ultérieurement », précise le ministre. Et d'ajouter : « Nous n'avons pas un programme avec un calendrier prédéterminé », indiquant qu'il y avait des candidats « intéressés », sans mentionner des repreneurs spécifiques. La valeur d'entreprise d'ITA Airways est estimée entre 1,2 et 1,4 milliard d'euros, a indiqué à l'AFP une source financière.

Lire aussi 7 mnEt si Lufthansa raflait ITA Airways au nez et à la barbe d'Air France-KLM ?

Finalement pas d'exclusivité pour MSC et Lufthansa

A priori, ITA Airways devrait donner l'accès à ses données financières ("data room") à tous les prétendants, sans accorder à MSC et Lufthansa la « période de 90 jours d'exclusivité » pour les négociations que le duo avait demandée. Ensemble, ils avaient proposé en janvier de racheter « la majorité du capital » d'ITA Airways et avait demandé que le gouvernement italien « conserve une participation minoritaire dans la société ».

MSC et Lufthansa ne sont néanmoins pas les seuls intéressés. Air France-KLM veut aussi acquérir la majorité du capital de la compagnie publique italienne. Cela fait d'ailleurs vingt ans que les deux groupes s'affrontent pour attirer ITA Airways, ex-Alitalia, dans leur giron respectif et prendre l'avantage sur le puissant marché italien.

Jusqu'à janvier, Air France-KLM semblait avoir l'avantage sur ses concurrents, fort d'un long passé commun avec Alitalia et d'accords de partage de codes pour des correspondances intra-européennes passées avec ITA Airways. Mais la capacité d'investir de Lufthansa, qui s'est associé à l'armateur italo-suisse MSC, pourrait faire pencher la balance de son côté.

Lire aussi 2 mnITA Airways confirme l'intérêt de Lufthansa, MSC s'invite dans les négociations

« ITA Airways ne peut pas survivre seule »

Une cession d'ITA Airways serait en tout cas un succès majeur pour le gouvernement italien. Au fil des années, l'État a dû débourser plus de 13 milliards d'euros pour tenter de remettre à flotAlitalia. Mais rien n'y a fait : la compagnie nationale, placée sous administration publique en 2017, a accumulé des pertes de 11,4 milliards d'euros entre 2000 et 2020 avant de mettre la clef sous la porte. Sa dérive inexorable a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a cloué au sol les compagnies aériennes du monde entier. ITA Airways a pris sa suite en octobre 2021.

« Une cession à MSC et Lufthansa pourrait être le dernier chapitre d'une histoire qui a déjà coûté trop d'argent au contribuable », a déclaré à l'AFP Andrea Giuricin, économiste des transports à l'université Bicocca de Milan. Une alliance avec Lufthansa pourrait selon lui permettre à ITA Airways de développer son fort potentiel pour des vols en Amérique du Sud. La compagnie italienne veut justement se renforcer dans le long-courrier.

« ITA Airways ne pourra pas survivre seule, sans le soutien d'une grande compagnie européenne. Pendant les deux premiers mois et demi de son existence, elle a perdu 135 euros par passager transporté », souligne Andrea Giuricin.

La jeune société italienne a essuyé une perte opérationnelle de 170 millions d'euros l'an dernier. Elle a enregistré un chiffre d'affaires de 86 millions d'euros entre la mi-octobre et fin 2021, soit 50% de moins que prévu, en raison de la déferlante du variant Omicron qui a perturbé le secteur aérien. Au total, 1,26 million de passagers ont été transportés pendant cette période.

Lire aussi 2 mnOmicron continue de perturber le transport aérien

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.