tOn avait quitté ITA Airways en janvier dernier avec une manifestation d'intérêt reçue de Lufthansa et MSC pour entrer à son capital. Suite ce vendredi 11 février lors du conseil des ministres, où le gouvernement italien « a adopté un décret permettant de débuter le processus de recherche de partenaires pour ITA Airways », en vue d'une « offre publique ou une vente directe », a déclaré Daniele Franco, le ministre de l'Économie. Rome donne ainsi son feu vert à la privatisation de sa compagnie publique.
« Nous prévoyons que, dans une première phase, le gouvernement conservera une part minoritaire et non de contrôle, qui pourra être vendue ultérieurement », précise le ministre. Et d'ajouter : « Nous n'avons pas un programme avec un calendrier prédéterminé », indiquant qu'il y avait des candidats « intéressés », sans mentionner des repreneurs spécifiques. La valeur d'entreprise d'ITA Airways est estimée entre 1,2 et 1,4 milliard d'euros, a indiqué à l'AFP une source financière.
Finalement pas d'exclusivité pour MSC et Lufthansa
A priori, ITA Airways devrait donner l'accès à ses données financières ("data room") à tous les prétendants, sans accorder à MSC et Lufthansa la « période de 90 jours d'exclusivité » pour les négociations que le duo avait demandée. Ensemble, ils avaient proposé en janvier de racheter « la majorité du capital » d'ITA Airways et avait demandé que le gouvernement italien « conserve une participation minoritaire dans la société ».
MSC et Lufthansa ne sont néanmoins pas les seuls intéressés. Air France-KLM veut aussi acquérir la majorité du capital de la compagnie publique italienne. Cela fait d'ailleurs vingt ans que les deux groupes s'affrontent pour attirer ITA Airways, ex-Alitalia, dans leur giron respectif et prendre l'avantage sur le puissant marché italien.
Jusqu'à janvier, Air France-KLM semblait avoir l'avantage sur ses concurrents, fort d'un long passé commun avec Alitalia et d'accords de partage de codes pour des correspondances intra-européennes passées avec ITA Airways. Mais la capacité d'investir de Lufthansa, qui s'est associé à l'armateur italo-suisse MSC, pourrait faire pencher la balance de son côté.
« ITA Airways ne peut pas survivre seule »
Une cession d'ITA Airways serait en tout cas un succès majeur pour le gouvernement italien. Au fil des années, l'État a dû débourser plus de 13 milliards d'euros pour tenter de remettre à flotAlitalia. Mais rien n'y a fait : la compagnie nationale, placée sous administration publique en 2017, a accumulé des pertes de 11,4 milliards d'euros entre 2000 et 2020 avant de mettre la clef sous la porte. Sa dérive inexorable a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a cloué au sol les compagnies aériennes du monde entier. ITA Airways a pris sa suite en octobre 2021.
« Une cession à MSC et Lufthansa pourrait être le dernier chapitre d'une histoire qui a déjà coûté trop d'argent au contribuable », a déclaré à l'AFP Andrea Giuricin, économiste des transports à l'université Bicocca de Milan. Une alliance avec Lufthansa pourrait selon lui permettre à ITA Airways de développer son fort potentiel pour des vols en Amérique du Sud. La compagnie italienne veut justement se renforcer dans le long-courrier.
« ITA Airways ne pourra pas survivre seule, sans le soutien d'une grande compagnie européenne. Pendant les deux premiers mois et demi de son existence, elle a perdu 135 euros par passager transporté », souligne Andrea Giuricin.
La jeune société italienne a essuyé une perte opérationnelle de 170 millions d'euros l'an dernier. Elle a enregistré un chiffre d'affaires de 86 millions d'euros entre la mi-octobre et fin 2021, soit 50% de moins que prévu, en raison de la déferlante du variant Omicron qui a perturbé le secteur aérien. Au total, 1,26 million de passagers ont été transportés pendant cette période.
(Avec AFP)
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