Opération escargot, manifestation, heurts avec des taxis en région parisienne. Inquiets pour leurs emplois après des concessions faites aux taxis par le gouvernement, des chauffeurs travaillant pour des plateformes VTC (voitures de transport avec chauffeurs) restaient mobilisés vendredi 5 février, malgré une tentative de médiation.
Pourtant, depuis le dernier mouvement de grève des taxis, le député socialiste Laurent Grandguillaume -chargé de l'épineux dossier "Taxis et VTC "- ne cesse d'écouter les différents avis des acteurs du secteur, les rencontrant les uns après les autres afin de trouver des solutions. Le parlementaire a pris le dossier à bras le corps. Avec l'objectif de présenter dès la semaine prochaine des pistes satisfaisantes pour tout le monde, dès la semaine prochaine au Premier ministre.
Aussi s'étonne-t-il que certains chauffeurs VTC et LOTI (pour Loi d'orientation des transports intérieurs) poursuivent ce vendredi leur troisième jour de manifestation, alors que "tout le monde est en train de chercher des solutions".
Une taxe mensuelle pour les taxis et VTC
L'une des pistes à l'étude serait celle d'une taxe mensuelle acquittée par tous les chauffeurs (taxis et VTC) pour l'occupation de la voie publique. Une sorte de fonds d'indemnisation qui permettrait de rembourser les fameuses licences des chauffeurs de taxis partant à la retraite, nous confie une source au fait du dossier. Cela irait dans le sens de ce que proposent les plateformes, à l'instar d'Uber et même Heetch, depuis plusieurs semaines. Et permettrait de rembourser les quatre ou cinq milliards d'euros que représenteraient les licences -selon le rapport Thévenoud-, sans en faire payer le prix au contribuable.
Mais alors, quel serait, dans une telle hypothèse, l'avenir du statut de taxi ? S'orientera-t-on vers une convergence des statuts de taxi et VTC ?
En attendant, c'est, semble-t-il, dans ce sens que s'oriente l'arrêté récemment publié au Journal officiel avec les nouvelles modalités relatives à la formation des chauffeurs VTC. En effet, l'examen obligatoire aurait un tronc commun avec celui des taxi - dont l'examen doit d'ailleurs être entièrement revu pour 2017. Seuls leur fréquence et les centres d'examen semblent encore poser problème à différentes parties, qui en ont fait part au député. Celui-ci a entendu leurs revendications, comme il écoute celles de tous ceux qui le sollicitent, assure-t-il.
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Et si un échange musclé avec un dirigeant d'Uber sur Twitter, ou encore une réponse tirée d'un entretien accordé au Figaro ont pu laisser certains penser que Laurent Grandguillaume avait déjà choisi son camp :
"Je n'aime pas ce mot de médiateur. Il laisse penser que je suis neutre."
Le député remet ensuite les pendules à l'heure :
"J'ai été sollicité en tant que parlementaire en mission. On ne peut pas me demander de ne pas avoir de liberté de pensée ou de ton. D'autant que je serai amené à prendre des décisions."
Des solutions satisfaisantes pour tout le monde
Il reconnaît néanmoins que les propositions devront être satisfaisantes pour tout le monde. Aussi les ministères planchent-ils activement sur la faisabilité des opérations. Ce qui nécessite avant tout de réunir des données chiffrées et précises. Ne serait-ce que pour établir le nombre exact de chauffeurs exerçant sous le régime Loti par exemple.
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Sur ce point, le député explique que certes les plateformes ont leur part de responsabilité, puisque certaines ont incité de jeunes conducteurs à choisir ce statut, alors qu'il a historiquement été créé pour le transport de groupes (à partir de deux personnes, donc), assure-t-il. Ajoutant à cet égard, que si la loi ne le précisait pas, la règle figurait dans une circulaire depuis toujours.
Pour autant, celui qui dit lutter contre l'exclusion et la pauvreté n'envisage pas non plus de laisser ces milliers de chauffeurs sans emploi du jour au lendemain. L'une des options serait d'établir une équivalence avec le statut de VTC pour les Loti justifiant d'une certaine expérience de plusieurs mois. La suggestion a en tout cas été mise sur la table par la société Capa-VTC, qui représente autant des chauffeurs Loti que des VTCistes. Rien n'est du reste tranché pour l'instant. Mais une chose est sûre pour le député socialiste :
"Il faut sortir rapidement de cette situation."
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