Pourquoi Uber a gagné malgré l'interdiction d'UberPop

Le Conseil constitutionnel a tranché en défaveur d'Uber. UberPop est de fait bel et bien interdit. Mais le géant américain a déjà trouvé la parade semble-t-il...
Mounia Van de Casteele
Le Conseil constitutionnel rendra sa décision publique mercredi 23 septembre à 10 heures.

Fin du suspense concernant UberPop. Le verdict des Sages de la rue Montpensier est finalement tombé ce mardi soir, alors qu'il n'était attendu que pour mercredi 23 septembre, donnant tort au géant américain. La plus haute juridiction française a en effet rejeté les griefs soulevés par Uber dans une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), qui leur avait été transmise par la Cour de cassation au sujet de l'article 3124-13 de la loi Thévenoud, punissant de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende "le fait d'organiser un système de mise en relation de clients avec des personnes qui se livrent" au transport de passagers à titre onéreux sans être des entreprises de transport, des taxis ou des VTC.
Cela paraissait contraire au principe d'égalité et de liberté d'entreprendre, selon le géant américain. Mais le Conseil constitutionnel en a décidé autrement. Les neuf Sages ont également estimé que cette disposition n'avait "ni pour objet ni pour effet" d'interdire le covoiturage, comme l'affirmait la firme californienne dans sa QPC.
Bref, cela confirme de facto l'interdiction de son offre low cost - le service de transport de passagers par des particuliers, le très controversé UberPop - interdit en France par divers arrêtés préfectoraux depuis plusieurs mois.

A lire pour : Comprendre le dossier Uber en cinq points

Tous contre UberPop

Certes, il aurait été surprenant que le Conseil constitutionnel tranche en faveur de l'Américain, dont le service à bas prix est aussi bien pointé du doigt par les VTC professionnels que par les taxis ou encore les applications pour mobile de covoiturage de courte distance telles que Heetch ou Mapool.

Cela dit, il ne serait guère étonnant qu'avant même que le couperet ne tombe, Uber ait déjà fait une croix sur ce service, notamment dans un climat tendu par les récentes émeutes des taxis. D'autant qu'un éventuel redémarrage de cette offre suspendue depuis trois mois aurait coûté très cher. Sachant également que les équipes qui auparavant étaient dédiées à UberPop ont désormais été réallouées au service professionnel de la plateforme, qui en a profité pour développer son offre de VTC en région (Bordeaux, Nice, Toulouse, etc.), là où seul le service "pop" avait été lancé jusqu'à présent.

Lire aussi: Uber s'étend en région, la DGCCRF sur les talons

Un énième recours juridique

D'ailleurs, la plateforme semble avoir trouvé la parade. Du moins propose-t-elle une alternative aux candidats, que la formation de 250 heures pour devenir chauffeur professionnel, ainsi que le coût de 2.500 voire 3.000 euros pourrait dissuader. Il s'agit du statut de chauffeur "capacitaire" (celui des conducteurs de navettes d'hôtels par exemple), accessible pour moins de 1.500 euros et à partir de 140 heures de formation seulement. Seule contrainte, si l'on ose dire, ce statut ne permet pas de transporter plus de neuf personnes. Bien entendu, Uber détaille toutes les démarches sur son site et guide les potentiels futurs partenaires (cf capture d'écran ci-dessous).

UberFormation

De quoi mettre la puce à l'oreille alors qu'Uber semble vouloir faire monter en puissance son service UberPool lancé il y a un an, qui permet de partager un véhicule à plusieurs, et donc de payer une course moins cher qu'avec un véhicule Uber X par exemple. Mais la greffe a du mal à prendre apparemment. Faute de communication ? Alors pour séduire les passagers et les inciter à prendre ce réflexe, dans un premier temps, une réduction de 10% est assurée pour tout trajet commandé même si le véhicule n'est pas partagé... Essayer c'est l'adopter, promet Uber.

Quoi qu'il en soit, Uber saura encore une fois tirer son épingle du jeu semble-t-il. D'autant que la société valorisée plus de 50 milliards de dollars selon la presse américaine va prendre le temps de la réflexion afin notamment d'étudier les éventuels recours juridiques possibles, nous confie une source proche du dossier. Et ce, alors qu'il lui reste encore peut-être un atout dans sa manche. Du moins la Commission européenne n'a-t-elle pas encore tranché...

Le groupe semble du reste loin d'être abattu. En témoigne l'objectif d'Uber France de doubler ses effectifs et passer d'ici fin 2016, à plus de 150 salariés "si la croissance du secteur du transport à la demande est au rendez-vous", explique Grégoire Kopp, le directeur de la communication. Avec un environnement concurrentiel pacifié. En tout cas, délesté de son service UberPop, l'entreprise fait désormais partie de "la bande" des VTC tels que Marcel, Le Cab, Allocab et autres Chauffeur Privé, semble-t-il. Preuve en est le tweet commun du 23 septembre à l'initiative d'Uber et repris par les VTC dans le but d'interpeller Anne Hidalgo, Maire de Paris, sur les raisons de la dérogation faite aux taxis de pouvoir circuler lors de la journée sans voitures.

Mounia Van de Casteele

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 32
à écrit le 26/09/2015 à 13:51
Signaler
C'est très bien que les "sages" se penchent sur le sujet et prennent le temps de la réflexion. Über (suivant en cela l'évolution précurseur du tourisme avec Booking.com, AirBnB) est la porte ouverte à toutes les dérives ultralibérales. Car ne cro...

le 26/09/2015 à 23:09
Signaler
Alors, puisqu'il ne faut plus faire de transactions directes, interdisons les petites annonces, interdisons le journal "de particulier à particulier", interdisons aux étudiants de donner des cours à domicile, interdisons les chambres d'hôtes, etc......

le 27/09/2015 à 21:29
Signaler
Vous n'y êtes pas. Vos annonces de particuliers à particuliers, vous pouvez mettre le prix souhaité, choisir où les poster, changer de journal ou de site quand cela vous chante. Ici on parle de situation monopolistique où en plus la société commerc...

à écrit le 26/09/2015 à 9:22
Signaler
tant qu'a faire ... il faut instaurer une taxe sur le cour-voiturage ... au nom de l'écologie !

à écrit le 25/09/2015 à 18:38
Signaler
Il est temps d'en finir avec tous ces lobbyes et cet état LIBERTICIDE : les notaires, les huissiers , les taxis , les médecins, les grandes entreprises publiques ou semi publiques , les hauts fonctionnaires , les politiciens professionnels, les impô...

à écrit le 25/09/2015 à 17:32
Signaler
Extrait de l'article:"l aurait été surprenant que le Conseil constitutionnel tranche en faveur de l'Américain". L'Américain ? On devrait dire "tranche en faveur des utilisateurs d'Uber pop", qui n'ont rien d'américain. Qu'ils soient chauffeurs ou pas...

le 26/09/2015 à 9:27
Signaler
comme internet est américain ... zou, autant rajouter une taxe de plus !

à écrit le 24/09/2015 à 7:38
Signaler
Notre gouvernement a encore réussi à bloquer des créations d'emploi ! Merci François nous sommes tous fiers de ce nième succès.

à écrit le 24/09/2015 à 7:10
Signaler
Pour mieux expliquer l' analogie avec la symbiose microbienne, l emission " gut microbiotia " de la BBC : http://www.bbc.co.uk/programmes/b03h429g

à écrit le 24/09/2015 à 6:49
Signaler
Dans l' Encyclopédia Galactica, cet épisode sera appelée "premiers contacts". L' intelligence artificielle, Logos en mutation permanente, a l' éternité pour sculpter le droit. De même que les mitochondries, (petits organites intracellulaires ayant ...

à écrit le 23/09/2015 à 22:18
Signaler
Il s'agit de techniciens du droit plus ou moins objectifs et certainement pas de "sages", expression ridicule. UBER c'est l'avenir un point c'est tout. La France des "sages", c'est le passé.

le 23/09/2015 à 23:38
Signaler
Allez y dans votre futur, passez devant je vous en prie. Hâtez vous d'aller engraisser une énième multinationale devant laquelle vous vous prosternez, Courez vers l'uniformisation qui vous rassure et vous donne l'illusion d'être un humain branché qui...

le 24/09/2015 à 6:25
Signaler
très juste : ils ne sont sages que parce qu'ils plaisent !!!

le 24/09/2015 à 8:52
Signaler
il est rigolo , notre ami @ Geo , quand il repond à @ Suivant via ...son clavier d'ordinateur ...!

le 24/09/2015 à 14:40
Signaler
d'autres ont dit avant vous que l'atome serait l'avenir avant que l'humanité en mette un "certain" hola... l'informatique et une certiane puissance destructrice ou accaparemment d'un très petit nombre d'autant de puissance (financière, informative, e...

à écrit le 23/09/2015 à 12:50
Signaler
Triste est la décision de ce conseil des sages qui n'en sont pas. Uber et tout type de méthode ressemblante est un point de référence pour le dynamisme de ceux qui sont non pas le rejetés mais les dépossédés du système français. Conduire une voiture ...

le 23/09/2015 à 23:39
Signaler
Que c'est bien écrit. Vide de sens mais bien écrit.

le 24/09/2015 à 6:28
Signaler
aucun politique n'a jamais lutté contre le chomage chaque fonctionnaires n'a qu'un objectif faire du chomage : c'est bien l'objectif totalement de la DGCRRF !!!!!

à écrit le 22/09/2015 à 22:35
Signaler
Sinon, La Tribune, un article sur de l'économie mondiale fouillée ferait tout de même un peu de bien de temps en temps...

à écrit le 22/09/2015 à 21:34
Signaler
Le problème de l’UBER ne montre-t-il pas que l’Etat agit contre la création d’emplois et a pour objectif de contrôler la société civile par une forme de tyrannie de manière à vampiriser la société civile. N’est-ce pas un cas d’étude alors qu’on enten...

le 22/09/2015 à 22:19
Signaler
Uber un créateur d emploi? Mais qui d irait vous quand Uber achètera des Tesla autonome et se passera de chauffeurs,ceux qu'elle a prévu de faire très prochainement renseigner vous avant de parler de sujet que vous ne m étriser pas. Uber est un déstr...

le 22/09/2015 à 22:36
Signaler
Et sinon, Roosevelt, ça vous parle..?? Je parie que non.

le 23/09/2015 à 0:38
Signaler
Qui fabrique les Teslas ? Il suffit qu'ils implantent des usines en France. Y a aussi des garages pour les réparer, et plein d'autres exemples. Alors quand vous dites que ça détruit des emplois, c'est faux. Et pour vous, les machines détruisent les e...

le 23/09/2015 à 1:24
Signaler
T'as raison: "l’Etat agit contre la création d’emplois et a pour objectif de contrôler la société civile par une forme de tyrannie de manière à vampiriser la société civile". Je vais t'embaucher à 4 euros de l'heure et je t'appelerai sur ton por...

le 23/09/2015 à 7:20
Signaler
bienvenu dans ce monde de profiteurs et d"égoistes

le 24/09/2015 à 6:31
Signaler
@ pepito : être payé 4 € de l'heure, c'est ok pour moi si je peux gagner plkus après !!! être appelé le dimanche ne me pose aucun problème : mon souhait : nourrir ma famille et me donner des perspectives d'avenir !!!!

le 28/11/2015 à 10:15
Signaler
@ bertrand, avez vous déjà eu à travailler pour 4 euros de l'heure ? Je ne pense pas non sinon vous sauriez que ça ne suffit pas à nourrir votre famille. Une certaine enseigne de cafeteria commençant par un C le fait avec ces employers cadre, 300 he...

à écrit le 22/09/2015 à 20:58
Signaler
Une seule question: pourquoi quand les places boursières chutent c'est le CAC 40 qui dégringole de loin plus que les autres?

le 23/09/2015 à 1:27
Signaler
A cause des gens comme toi !!!!!!!!!

le 23/09/2015 à 22:29
Signaler
Pour bien moins que ça mon commentaire serait modéré. T'as fumé quel genre de moquette, Pepito ?

à écrit le 22/09/2015 à 20:54
Signaler
Parce que Uber est une entreprise américaine et elle est en France. Point à la ligne.

à écrit le 22/09/2015 à 19:20
Signaler
Uber aurait gagné c’est comme pour la croissance on dit qu’on gagne quand on a des résultats médiocres avec une croissance sous la moyenne OCDE ? On entend parler dans les radios que l’Etat détruirait l’emploi et la croissance. N’est-ce pas contraire...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.