Taxis-VTC : "Pourquoi s'en prendre aux LOTI, qui ont des salariés et paient leurs charges ? " (Voitures Noires)

Karim Ferchiou, le président de Voitures Noires, PME de location de voitures pour professionnels, nous explique dans quelle mesure la loi Thévenoud, entrée en vigueur le 1er octobre 2014, menace son activité (florissante) et les emplois que sa société a permis de créer.
Karim Ferchiou, président de Voitures Noires, startup lancée en 2013, qui revendique un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros.

Alors que certains chauffeurs poursuivent la manifestation de la veille, une semaine après celle des taxis, le patron de Voitures Noires, société française de location de véhicules, estime que la loi Thévenoud est aussi absurde qu'inapplicable. Entretien.

La Tribune : On ne vous connaît pas bien. Quelle est la place de Voitures Noires dans l'écosystème du transport urbain?

Karim Ferchiou : Nous avons été plutôt discrets jusqu'à présent dans les médias. Mais nous sommes le leader français de la location de voitures pour chauffeurs professionnels (VTC et Loti - pour loi d'orientation des transports intérieurs). Nous avons lancé Voitures Noires en 2013 avec 15.000 euros, et sommes devenus aujourd'hui le plus gros acteur du marché, devant Uber.

A ce jour, nous revendiquons un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros. Lancée en 2013, notre PME a déjà créé 100 emplois directs, et compte doubler ce chiffre cette année. Nous louons 1.500 voitures à des chauffeurs professionnels -ce sont autant d'emplois indirects-, et il y en aura 1.000 de plus d'ici cet été, notamment grâce à la seconde levée de fonds que nous sommes en train de réaliser. Nous avons une ambition forte, et envisageons d'étendre notre activité en louant entre 7.000 et 8.000 véhicules d'ici à 2018. Sur la seule année 2015, nous avons investi 40 millions d'euros en un an avec pour objectif d'atteindre les 120 millions d'euros de chiffre d'affaires en moins de trois ans.

Si le grand public nous connaît moins, c'est parce que nous sommes une marque en BtoB (business to business, ndlr). Nous collaborons avec toutes les plateformes, qui mettent en relation passagers et chauffeurs.

Les chauffeurs Loti et les plateformes type Uber sont dans le viseur des autorités. Votre activité est du coup directement concernée ?

Absolument. C'est d'ailleurs l'une des raisons de notre colère, que j'estime légitime de la part d'un chef d'entreprise et d'un citoyen.

En effet, pourquoi s'en prendre aux Loti, alors qu'ils ne peuvent pas avoir le statut d'auto-entrepreneur, tant pointé du doigt par les taxis ? Seuls les VTC le peuvent.

| Lire "Le statut d'auto-entrepreneur est un faux problème" (Cardoso, LeCab)

Les Loti sont des sociétés commerciales qui payent leurs charges et qui sont obligées de salarier leurs employés ! Or ce sont ces mêmes Loti à qui l'on interdit d'utiliser une plateforme numérique. Mais où est-on ? Ce n'est pas possible !

Je ne demande pas de cadeaux, mais une loi qui ait du sens et qui soit applicable. Car nous n'en pouvons plus de ce millefeuilles administratif, avec des lois qui sont inapplicables dans notre quotidien.

Rendez-vous compte, certains chauffeurs capacitaires exercent depuis trente ans, et là, par un changement décidé en 2015, on bouleverse les conditions d'exercice de leur métier. Auparavant, ils pouvaient transporter moins de neuf personnes, et désormais, il faut qu'il y ait au moins deux passagers dans la voiture...

Donc en résumé, les taxis demandent l'application de la loi actuelle, tandis que les plateformes ainsi que leurs partenaires Loti et VTC déplorent son inapplicabilité. Pour l'instant, le gouvernement a mis en demeure certaines applications. Quant au médiateur qui a été désigné pour régler le conflit, le député socialiste Laurent Grandguillaume, il s'en tient au strict respect de la loi...

Et je le soutiens de toutes mes forces car sa mission n'est pas facile. D'autant qu'il y a des milliers d'emplois à la clef. C'est un homme qui a des valeurs et des convictions, comme il l'assure dans une interview accordée au Figaro. Et je pense d'ailleurs que nous devons en partager une bonne partie. Nous demandons simplement le droit d'exercer notre activité.

Ou sinon, demandons l'application à la lettre de la loi. Et dans ce cas, je m'engage à financer la mise à disposition de 1.000 personnes assermentées pour contrôler les 55.000 taxis. Afin de vérifier qu'ils acceptent bien les règlements par carte bancaire, comme l'impose la loi Thévenoud...

| Lire L'Etat a-t-il fonctionnarisé une profession?

Vous trouvez qu'il existe deux poids deux mesures ?

Il y a un vrai sujet avec les taxis aujourd'hui. Mais il faut avant tout arrêter de parler d'une industrie qui va mal : G7 affiche un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros et une marge nette de 25%. De qui se moque-t-on ?

| Lire sur L'Obs Derrière la grogne des taxis, le système Rousselet

Alors, que l'Etat veuille préserver une entreprise, qui a ses privilèges, cela peut s'entendre. Mais que l'on ne nous empêche pas d'exercer notre activité et de créer des emplois -qui plus est, des emplois qui ne sont pas délocalisables !- à l'heure où l'Etat français ne vit pas ses plus belle années économiques.

Nous avons dû convaincre des investisseurs, des banques, des constructeurs d'automobiles. Et nous ne demandons ni aides, ni subventions. Il ne s'agit pas d'emplois aidés, mais bien de créations nettes d'emplois directs et indirects dans un secteur qui s'auto-finance.

Que ferez-vous si l'Etat campe sur ses positions ?

Nous irons à Londres, où nous serons accueillis à bras ouverts.

>> Lire aussi Taxis/VTC: et si on passait à côté de la vraie question ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 12
à écrit le 05/02/2016 à 23:15
Signaler
La France ne veut de gens qui travaille

à écrit le 05/02/2016 à 20:43
Signaler
Je n'ai qu'une chose a dire: La loi c'est la loi. Point Barre La France fout le camp, c'est une vrai pagaille: les motards ont le droit de circuler dans les inter files, tout ca parce qu'ils le faisaient avant dans l'illégalité donc, pourquoi ne ...

à écrit le 05/02/2016 à 20:12
Signaler
La France un pays qui régresse. On ne peux rien faire , la France ferme les portes au travaille à ceux qui ont envie de travailler c est désolant . Vtc , taxis il y a de la place pour tout le monde. Avant les vtc ... on ne trouvais pas de taxis ou ...

à écrit le 05/02/2016 à 12:15
Signaler
Pourquoi ? Parce que tout un chacun veut conserver un monopole pardi ! Nous ne sommes pas dans une société d'intérêt général, mais dans une société d'intérêt individuel, n'est-ce pas :-)

le 06/02/2016 à 1:24
Signaler
Je vais vous dire la vérité, les taxis veulent conserver leur monopole et les VTC veulent se débarrasser des LOTI car il y a trop de chauffeur pour eux. Le plus drôle est que les LOTI sont là depuis 1983 et ont toujours eux le droit de prendre 1 per...

à écrit le 04/02/2016 à 19:03
Signaler
Bonjour, Je pense qu il va falloir faire une petite mise au point, je suis VTC depuis de nombreuses années et je connai la fameuse entreprise "voitures noires". Pour information ils ont su louer des voitures à des prix exorbitants avec des conditi...

le 05/02/2016 à 15:14
Signaler
Je suis tout à fait d'accord avec toi mon cher ami je suis taxi et je fais bien la différence entre les différents acteurs il est important que des personnes comme nous expliquent bien aux gens que ces arrivistes n'ont créer aucun emploi et profitent...

le 06/02/2016 à 1:17
Signaler
Il n'y a pas de VTC auto-entrepreneur ??? Ah bon, c'est nouveau alors ?

le 06/02/2016 à 12:08
Signaler
Il y a effectivement des auto entrepreneur chez les vtc d'ailleurs je je vois pas le problème c est un statut juridique comme un autre parfait pour débuter son activité. Ce que je reproche aux auto entrepreneur qui travail pour des capacitaires c est...

à écrit le 04/02/2016 à 18:50
Signaler
Qu'il aille à Londres , la bas la loi c'est la loi , il menace l'état c'est soit la loi s'adapte à mon activité ou soit je pars , il a créé quoi comme emploi , il loue à des pauvres chauffeurs ses voitures hors de prix , il nous parle de la carte ble...

à écrit le 04/02/2016 à 16:46
Signaler
On sent dans ce pays une énergie folle, une envie d'entreprendre, de créer de la richesse, de travailler. Ce pays pourrait être la première économie d'Europe si on le laissait exprimer son potentiel. Mais non, il faut toujours encadrer, limiter, régl...

le 04/02/2016 à 18:55
Signaler
A louis Vous parlez d'une économie en plein boom c'est pour cela que beaucoup de chauffeurs arretent et manifestent quand la plate forme décide unilatéralement de baisser les tarifs , ils ont pas inventer la poudre non plus , c'est juste des voitu...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.