VTC : "tout le monde doit être solidaire" contre Uber ! Sinon...

Gare aux chauffeurs qui ne suivent pas le mouvement contestataire contre les plateformes. Les grévistes estiment que leurs collègues sont des "traîtres" et n'hésitent pas à faire montre de violences. Des actes condamnés par le gouvernement, qui a pourtant reçu les organisateurs de cette manifestation, négociant une "trêve" afin d'instaurer un climat propice au dialogue.
Mounia Van de Casteele
Le respect du calendrier, fixé de "longue date" par les organisations Capa VTC, SCP-VTC et Actif VTC, peut surprendre. Car les plateformes contre lesquelles ils manifestent semblent tendre la main aux chauffeurs en leur proposant de telles réunions. A la suite d'une rencontre avec Uber, la CFDT a d'ailleurs salué cette initiative, enjoignant les autres organisations syndicales à lui emboîter le pas.

Tant qu'Uber ne proposera pas de date aux organisateurs de la grève pour une négociation des conditions de travail des chauffeurs, ceux-ci resteront mobilisés. C'est du moins ce qu'assure Sayah Baaroun, porte-parole du syndicat Scp-VTC, l'un des organisateurs de la manifestation contre les plateformes de réservation, qui a débuté jeudi. Samedi, des chauffeurs de VTC ont mis en place un barrage filtrant aux abords de l'aéroport d'Orly, empêchant leurs collègues non-grévistes d'accéder aux terminaux, a constaté un journaliste de l'AFP. A Orly, plusieurs VTC conduits par des chauffeurs non-grévistes ont été visés par des jets d'oeufs ou de farine, selon le journaliste de l'AFP. Des manifestants, remontés, ont par ailleurs arraché les essuie-glaces et donné des coups de pieds dans les portières d'un autre véhicule. Ces incidents n'ont toutefois pas été cautionnés par tous les manifestants, certains appelant leurs collègues au calme, tandis que plusieurs dizaines de voyageurs se faufilaient entre les voitures pour gagner à pied les terminaux.

Le but des négociations est d'avoir "un statut, salarié ou patron"

En milieu d'après-midi, plusieurs dizaines de VTC stationnaient sur deux des trois voies à quelques centaines de mètres de l'accès aux terminaux Sud et Ouest de l'aéroport. Vers 17h, des CRS leur faisaient peu à peu lever le barrage dans le calme. Une centaine de véhicules se trouvaient dans le cortège, parti plus tôt de la porte Maillot, a affirmé une source aéroportuaire, selon qui "la situation est complètement congestionnée" dans le sens Paris-Orly. Les chauffeurs en grève devraient rester "jusqu'à 20h-21h", a précisé à l'AFP Sayah Baaroun, porte-parole du syndicat SCP-VTC dont on ne connaît pas le nombre d'adhérents. "Et demain nous recommencerons les aéroports", a-t-il dit, poursuivant:

"Ce que nous demandons, et l'Etat est d'accord, c'est une date, et un rendez-vous officiel avec Uber sous la tutelle de l'Etat".

Le but des négociations est d'avoir "un statut, salarié ou patron", a-t-il ajouté, estimant que "l'ubérisation" de la société, "c'est la précarisation totale". Rappelons à cet égard que selon une récente enquête du BCG, les deux tiers des chauffeurs partenaires de la plateforme Uber seraient des salariés d'entreprises capacitaires (roulant sous le statut de Loti, qui sera bientôt "supprimé" par la loi Grandguillaume), le reste étant des auto-entrepreneurs roulant sous le statut VTC. Ce qui n'est pas le cas de la plateforme Marcel par exemple, dont la proportion d'auto-entrepreneurs et donc de VTC est largement majoritaire. Le point commun entre les deux plateformes Marcel et Uber étant d'avoir quasi en même temps annoncé la mise en place de cycles de discussions avec les chauffeurs dès janvier prochain.

Les plateformes sont justement en train de discuter avec les chauffeurs

C'est pourquoi le respect du calendrier, fixé de "longue date" par les organisations Capa VTC, SCP-VTC et Actif VTC, peut surprendre. Car justement, les plateformes contre lesquelles ils manifestent semblent tendre la main aux chauffeurs en leur proposant de telles réunions. A la suite d'une rencontre avec Uber, la CFDT a d'ailleurs salué cette initiative, enjoignant les autres organisations syndicales à lui emboîter le pas. Notons au passage que les représentants de ces formations ne se sont pas connectés à l'application Uber depuis plus d'un an.

Bref. Les organisateurs de la grève ont demandé à être reçus par le Secrétariat d'Etat aux Transports. Et le cabinet d'Alain Vidalies les a écoutés vendredi. A la suite de leur échange, le ministre a sommé Uber de les recevoir, tout en leur demandant bien entendu de suspendre leur mouvement. Mais dans un communiqué samedi, il a déploré "le non-respect de la trêve décidée hier midi avec leurs représentants", leur demandant de "mettre fin à ce mouvement et aux blocages qui perturbent la circulation sur la voie publique". Alain Vidalies, qui s'est engagé à recevoir la direction de la plateforme en début de semaine, demande en outre à la société Uber "d'engager des discussions avec l'ensemble des organisations syndicales dès que ces manifestations seront terminées". Ce qu'a annoncé Uber dans un communiqué vendredi soir:

"Uber prend immédiatement contact avec toutes les plateformes et associations de chauffeurs et de sociétés de transport pour organiser au plus vite une table ronde sectorielle avec l'ensemble des acteurs, qui ne pourra se dérouler qu'en l'absence de toute violence".

"Et à partir de lundi, on bloquera les locaux d'Uber"

Cependant, Hassan Benbarak, de Capa-VTC, a déploré qu'Uber ait proposé une table ronde sectorielle avec l'ensemble des acteurs, et non avec les deux seuls syndicats moteurs de la mobilisation. D'où la poursuite du mouvement protestataire contre la politique tarifaire des plateformes de réservation, notamment Uber, qu'ils jugent défavorables aux chauffeurs. Il a menacé les franciliens de "graves problèmes sur les aéroports et les gares". "Et à partir de lundi, on bloquera les locaux d'Uber", a-t-il averti. "On est là pour bloquer les collègues (qui travaillent, ndlr), ce sont des traîtres", a affirmé à l'AFP un gréviste tandis qu'un autre expliquait être "là pour défendre la profession, tout le monde doit être solidaire". Estimant que la plateforme américaine Uber se "moquait" d'eux et cherchait à "gagner du temps", des représentants d'Unsa-VTC et de Capa-VTC ont appelé les chauffeurs grévistes à de nouveaux "blocages" en ce jour de départ en vacances.

Dans un communiqué, Uber a appelé à "l'apaisement" tout en dénonçant les "violences" survenues dans la nuit de vendredi à samedi, évoquant des passagers "sortis de force" des véhicules, la "mise à sac" de voitures et des "violences physiques" contre des chauffeurs, malgré la trêve promise. La société a annoncé le dépôt d'une plainte et réclamé une protection policière.

Hors de contrôle

Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs incidents impliquant des chauffeurs grévistes ont conduit au placement en garde à vue de six personnes à Paris. Selon Joseph François, patron de l'entreprise de VTC Groupe Max et président de l'association AMT (Alternative Mobilité Transport), l'un de ses chauffeurs de 56 ans a été blessé alors qu'il transportait une cliente sur les Grands Boulevards, à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi. "Il y avait plus d'une vingtaine de chauffeurs VTC qui faisaient un barrage filtrant, ils l'ont arraché de sa voiture, roué de coups et lui ont craché dessus". Il a été hospitalisé, mais "il va pouvoir sortir tout à l'heure pour rejoindre sa famille", a déclaré Joseph François à La Tribune.

Le chef d'entreprise évoquait jeudi le climat de peur qui régnait sur ses chauffeurs. Il expliquait ainsi à La Tribune que certains n'osaient pas travailler par crainte des menaces de la part d'un "groupuscule minoritaire particulièrement violent". Aussi demande-t-il aujourd'hui au gouvernement de "prendre ses responsabilités" et "demande au parquet de Paris de se saisir de cette situation qui ne peut durer afin d'éviter le pire". L'apaisement ne semble hélas pas encore à l'ordre du jour à en croire Sayah Baaroun. Celui-ci a assuré à l'AFP avoir essayé de "calmer les troupes" mais "tant que nous n'aurons pas de date, ça va être hors de contrôle", a-t-il prévenu.

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux comme Twitter, Sayah Baaroun de Scp-VTC et Helmi Mamlouk de Capa VTC évoquent leur "stratégie". Ils envisagent notamment de "séquestrer la direction (d'Uber, ndlr)". "Imaginez-vous le buzz", dit Helmi Mamlouk. Quant à Sayah Baaroun, il prévient : "on n'est pas Air France les gars, on n'est pas Goodyear, on ne va pas arracher juste une chemise malheureusement".

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 39
à écrit le 23/12/2016 à 10:39
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Pourquoi les chauffeurs en colère ne se constituent pas en société ou en coopérative pour se payer décemment? Si UBER ne leur convient pas qu'ils se fédèrent et fondent leur propre entreprise !!

à écrit le 19/12/2016 à 18:10
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les méthodes CGT !! ?..... marches ou dérouilles !!!

à écrit le 19/12/2016 à 12:02
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Violence, menaces, libertés bafouées: oui, on est bien en France ! Cette mentalité disparaîtra-t-elle un jour ? Au moins pendant ce temps, personne ne parle du budget de la France dont 40% ne sert... qu'à payer le salaire et la retraite des fonctionn...

à écrit le 19/12/2016 à 11:21
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Toute les voitures bloquantes dans le fossé. Un peu de courage Cazeneuve, la circulation sur les routes nationales doit être LIBRE

à écrit le 19/12/2016 à 6:08
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Quelle publicité pour les VTCs. On nous annonce des chauffeurs en costumes avec des voitures impécables. A voir les images, ce sont plutôt des anciens lascards de cités du 93 qui n'arrivent pas à la hauteur des taxis. Dans certains domaines, interne...

à écrit le 18/12/2016 à 20:00
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Quelle image donnons-nous de la France : manifs= violences, déjà que le tourisme était en baisse... Que font les forces de "l'ordre" ? Le ministère de l'intérieur n'intervient que pendant les opérations anti-terroristes ? la sécurité des personnes, c...

à écrit le 18/12/2016 à 17:47
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Le droit à la grève OK, mais sans violence, sans totalitarisme et sans blocage des usagers qui sont avant tout des clients ne l'oublions pas. Qu'est ce que c'est que ces grévistes qui ne respectent pas leur congénères ? LE droit à la grève n'est pas...

à écrit le 18/12/2016 à 16:39
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Ils sont independants : personne ne les obligent a travailler pour UBER. Si ca ne leur va pas qu'ils fassent autre chose. UBER est moins cher que les taxis et meilleur service

le 18/12/2016 à 19:36
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Quand on est esclave on n'a pas d'autres choix que de donner un meilleur service. Faire autre chose ? Facile à dire... Uber profite de la difficulté de trouver du boulot et de la précarité. Et je passe sur les systèmes mis en place pour ne pas pay...

à écrit le 18/12/2016 à 16:38
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Et le client dans cette histoire tout le monde s'en fou. C'est bien par ce que UBER apporte une amélioration, et de fait remet en cause notre système obsolète, que tout le monde défend ses avantages acquis. Triste pays qui n'est pas capable d'évoluer...

le 18/12/2016 à 19:39
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Uber casse tout. Il n'y a pas que la France qui est concernée. Que ce soit aux States, en Angleterre ou en Allemagne cette boite ne respecte aucun droit du travail et est épinglée par les services des Etats. Alors arrêtez votre char dogmatique. Si...

le 19/12/2016 à 9:00
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Tout casser, cela s'appelle la destruction créatrice. la lampe électrique à fait disparaître le fabriquant de bougie. C'est l'évolution du monde, ce n'est pas un dogme, que cela vous plaise ou non,il faut faire avec ou disparaître. choisissez.

à écrit le 18/12/2016 à 16:21
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Le seul patron, c'est le chauffeur, Uber n'étant qu'un moyen technique de mettre le client en relation avec le service de chauffeur. Maintenant, si le système ne plait pas, développez un système alternatif. La réaction des taxis, des chauffeurs de VT...

à écrit le 18/12/2016 à 15:57
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C'est la G7 qui doit se frotter les mains... Bravo !

à écrit le 18/12/2016 à 15:47
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Quelle honte !

à écrit le 18/12/2016 à 15:46
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Elle est belle la France... Et pendant ce temps-là à Alep...

le 18/12/2016 à 17:44
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Quel rapport ? Pourquoi se préoccuper d'un petit pays du moyen orient alors que l'on peut justement s’occuper tout d’abord de nos chômeurs, de nos SDF, de nos petits vieux, et de nos jeunes sans emplois ? Charité bien ordonné commence par soi-mêm...

à écrit le 18/12/2016 à 15:44
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Liberté... Liberté bannie ??

à écrit le 18/12/2016 à 15:43
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Cette vidéo est inadmissible !!!

à écrit le 18/12/2016 à 15:42
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Qui représente les chauffeurs ? Quels sont les syndicats représentatifs ?

à écrit le 18/12/2016 à 15:40
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La faute à qui ??????

à écrit le 18/12/2016 à 15:40
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Peut-on forcer les gens à faire grève et est-il normal d'agresser des personnes qui ne suivent pas le mouvement ?

à écrit le 18/12/2016 à 15:39
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Une centaine de grèvistes pour 20000 VTC en France... N'y a-t-il pas un problème ?

à écrit le 18/12/2016 à 15:38
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Une telle violence est-elle tolérable ?

à écrit le 18/12/2016 à 15:37
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Donc le ministère a donné RV à tout le monde demain 10h. Alors pourquoi les violences continuent-elles ???

à écrit le 18/12/2016 à 11:40
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L'économie selon Uber, c'est l'esclavage. Les VTC ont raison de se défendre. Ils défendent au passage l'intérêt général, car si on n'y prend garde, c'est toute l'économie qui sera ubérisée, c'est à dire socialement dégradée. Uber, une fabrique de pa...

le 18/12/2016 à 17:35
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Notre liberté en 1918 puis en 1945 vient des US . Alors calmez vous Monsieur et criez VIVENT les USA . Aussi le rock et Cuck BERRY en viennent aussi . Longue vie aux burgers

le 18/12/2016 à 19:42
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Le propos va un peu loin, mais je suis d'accord. Uber et l'autoentreprenariat sont de l'esclavage. T95 % des gars qui réagissent ici pour dire qu'Uber c'est fantastique n'accepteraient pas une minute ces conditions de travail et ne lâcheraient pas ...

à écrit le 18/12/2016 à 11:07
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Les manifestations menées par les syndicats VTC ont-elles été déclarées en bonne et due forme auprès de la préfecture de Paris ? Si oui, cela signifie que les services du ministère de l'intérieur couvrent sciemment le blocage des accès à deux des pri...

à écrit le 18/12/2016 à 10:59
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Ceci est le resultat du laxisme des authorités et de notre modèle sociale sacrifié sur l'autel de l'"innovation". Uber n'a rien innové mais juste eu le "courage" de mépriser les régles et les lois. Pour que vous compreniez bien... C'est comme si une ...

à écrit le 18/12/2016 à 10:44
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Y a une petite chose que je ne saisi pas... Uber a décidé de passer la commission de 5 à 6 euros passant aussi sa commission de 20 à 25%: 5€ * 20 % = 1€ laissant 4€ au chauffeur 6€ * 25 % = 1,5€ laissant 4,5€ au chauffeur Alors pourquoi vous p...

à écrit le 18/12/2016 à 10:09
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Uber n'oblige aucun VTC a aller sur sa plateforme. LEs VTC n'ont qu'à se cotiser pour faire développer un système de réservation alternatif. Rien ne sert de manifester qui vend un service. Si le (le VTC) n'est pas content, il peut s'en défaire.

à écrit le 17/12/2016 à 19:59
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Merci Uber ... jeudi j'ai perdu ma journée ...3h de bouchons et de galères pour faire étampes porte La Chapelle et rebelotte le soir 3h ... petit blocage mais dans le flot de véhicules ça crée des bouchons de folie ... couplée avec la fermeture des v...

le 18/12/2016 à 10:45
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Changez d'emploi et aller bosser en campagne vous verrez non seulement il y a de l'emploi mais en plus on râle quand on a 1km de bouchon tellement c'est rare !!! Et la vie est bien plus agréable !

le 18/12/2016 à 11:21
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C'est de la faute de Uber s'il y a des bouchons ?

à écrit le 17/12/2016 à 19:53
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Violent retour de bâton pour une plateforme de voyous se gavant en détruisant notre système social. Que les salariés d'Uber ne lâchent rien, il y a quelques milliards de valeurs capitalisée sur leur dos, cela peut faire en flux quelques centaines d'e...

le 18/12/2016 à 10:47
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Avec le nombre de chômeurs? Uber peut aussi tous les virer et embaucher d'autres chauffeurs qui accepteront ce salaire !!!

le 18/12/2016 à 19:57
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le probleme que ce pas de salarié quant on sait pas on ce tais

le 19/12/2016 à 10:48
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@réponse de feldhuner "d'autres chauffeurs qui accepteront ce salaire !!! " Ce ne sont pas des salaires qui sont versés, c'est une rémunération qui ne supporte AUCUNE charge sociale puisque les chauffeurs sont des indépendants. C'est à eux qu'il i...

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