Coup de gueule du chef de la BEI contre le secteur industriel, jugé trop lent face au changement climatique

Werner Hoyer, chef de la Banque européenne d'investissement, a tenu des propos très durs à l'encontre du secteur industriel, et notamment les constructeurs automobiles qui auraient mis trop de temps à passer du moteur à combustion polluant à des voitures électriques propres. Mais la transition vers une économie neutre en carbone peut réussir "si la volonté existe", a-t-il ajouté.
Il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s'ils ne se sont pas endormis à la barre de leurs entreprises, s'est agacé Werner Hoyer.
"Il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s'ils ne se sont pas endormis à la barre" de leurs entreprises, s'est agacé Werner Hoyer. (Crédits : Reuters)

Le président de la Banque européenne d'investissement (BEI) a vivement critiqué la lenteur des entreprises industrielles à réagir au changement climatique, estimant que certains patrons ne se rendent compte de rien.

Dans une interview à paraître ce lundi dans le groupe de presse allemand RND, le chef de cette Banque qui relève de l'Union européenne, Werner Hoyer, a affirmé comprendre les inquiétudes au sujet de la perte d'emplois dans les industries traditionnelles.

"Mais il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s'ils ne se sont pas endormis à la barre" de leurs entreprises, a-t-il dit, en soulignant que la lutte contre le réchauffement climatique rendait inévitable le fait d'évoluer.

Il a estimé en particulier que les constructeurs automobiles avaient mis trop de temps à passer du moteur à combustion polluant à des voitures électriques propres.

Lire aussi : La voiture électrique sauvera-t-elle l'industrie auto française ?

Il était "parfaitement clair il y a 15 ans ou même 20 ans" que cette transition aurait "un impact considérable notamment sur les constructeurs automobiles", a-t-il dit.

"Mais au lieu d'y faire face, de nombreux [industriels] n'ont pas réagi, et ont préféré attendre".

L'Allemagne en perte de vitesse

M. Hoyer a tenu ces propos alors que son pays d'origine, l'Allemagne, première économie d'Europe, connait un plongeon de son activité manufacturière, en raison des tensions commerciales, d'une faible croissance mondiale et des incertitudes entourant le Brexit.

Lire aussi : L'Allemagne confirme qu'elle a échappé de peu à la récession technique

Le secteur crucial de l'automobile en Allemagne a été durement frappé par le ralentissement économique, qui intervient au moment où les finances des constructeurs sont alourdies par les énormes investissements nécessaires pour produire les véhicules propres et autonomes de demain.

Des entreprises de premier plan comme Volkswagen, Daimler et Continental ont annoncé la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans les prochaines années.

Lire aussi : L'industrie automobile se prépare à la plus grave crise de son histoire

M. Hoyer a fait un parallèle avec les difficultés éprouvées par les mineurs de charbon dans la région industrielle allemande de Rhénanie du Nord-Westphalie au cours des décennies passées, au moment où les mines fermaient les unes après les autres.

Si la "volonté existe", la transition est possible

"Nous devons tracer une nouvelle route", a-t-il estimé. "Personne ne passe du jour au lendemain d'un travail de mineur à la direction d'une startup numérique".

Mais la transition vers une économie neutre en carbone peut réussir "si la volonté existe", a-t-il ajouté.

La Banque européenne d'investissement, dont le siège est au Luxembourg, a annoncé à la mi-novembre qu'elle allait arrêter de soutenir les projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz, à partir de 2022.

Cette nouvelle politique répond notamment à un appel de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à devenir une véritable "banque du climat".

Lire aussi : Gaz et nucléaire mis de côté, l'Europe s'accorde sur la liste des investissements durables

la BEI prévoit aussi de débloquer jusqu'à 1.000 milliards d'euros d'investissements dans l'action pour le climat et le développement durable au cours de la prochaine décennie.

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Commentaires 17
à écrit le 26/12/2019 à 9:13
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Ils pourraient utilement développer des petites voitures bridées à 110, dépourvues des bidules à la mode, qui ne consommeraient que 2,5 litres de carburant, en outre ou en est les moteurs au gaz.. Ces grosses et puissantes bagnoles pour des déplaceme...

à écrit le 25/12/2019 à 20:24
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Il roule en véhicule électrique à titre personnel (et pas avec un véhicule payé par son employeur) ?

à écrit le 25/12/2019 à 10:07
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En utilisant le terme "voiture électrique PROPRE", ce technocrate arrogant est discrédité. Qu'il aille voir les mines en Chine et Bolivie pour le lithium et autres matières. Propre en Occident, la pollution et saleté sont ainsi repoussées dans des ...

à écrit le 24/12/2019 à 11:51
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Écologie, je rigole, à côté de chez moi une usine de papier spécialisée recyclé :fermée. Une fonderie spécialisée recyclage, pas fermée mais tout juste : les déchèteries qui ne bouclent pas leur budget. Elles sont ou les aides, il est ou CR soi-disan...

à écrit le 24/12/2019 à 11:11
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Très amusant, cet hurluberlu croit que son intox va marcher. Qui est responsable de la politique des grands groupes industriels, sinon la finance? Depuis quelques décennies, peu à peu, la finance a pris le pas sur l'économie en général et l'Industrie...

à écrit le 24/12/2019 à 8:38
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Trump et Xi Jinping peuvent se frotter les mains, l'Europe vient de signer son acte de décès.

à écrit le 24/12/2019 à 0:42
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vous avez 1 000 milliards pour favoriser l'évolution, mais que ne le disiez vous pas ???

à écrit le 23/12/2019 à 18:48
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Les banquiers sont-ils les mieux placés pour donner des conseils aux industriels; voici quelques chiffres incontestables : Ainsi, si l’on regarde les rapports de l’Agence Européenne de l’Environnement, voici les chiffres que l’on obtient pour les ém...

le 24/12/2019 à 8:35
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il faut tenir compte (1) du nb d’habitants, (2) des importations et des exportations ! vous vous apercevrez alors notamment qu’un chinois émet peu de co2 comparativement à un européen

le 24/12/2019 à 11:15
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TITOU… il faudrait aussi donner les chiffres du maritime qui sont catastrophiques.

à écrit le 23/12/2019 à 18:22
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La guerre contre la vehicule electrique est longue et ne cessera jamais - par ex le Lithium, un materiau inadapte (dangeruex) et dont l'offre potentiel ne peut jamais suffir pour electrifier les vehicules terrestres, pour ne pas mentionner les navire...

à écrit le 23/12/2019 à 17:14
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encore un crabe de fonctionnaire deconnecte de la realite operer des changements dans une boite, c'est dur, changer de technologies c'est colossal et tres risque mais devoir changer de techno avec des gouvernements qui retournent leur chemise a gog...

à écrit le 23/12/2019 à 15:16
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Les industriels font ce que leurs propriétaires actionnaires leur demandent de faire et ces derniers leur demandent de faire de l'argent et pas de protéger la nature. Vous demandez aux grands patrons de faire un effort encore plus grand que celui que...

à écrit le 23/12/2019 à 14:32
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Au lieu de donner des leçons au secteur automobile où les 1eres électriques industrialisées remontent à 20 ans avec les 1eres hybrides Toyota, ce Monsieur pourrait véritablement s'insurger sur la politique de financement de sa propre maison " qui va ...

à écrit le 23/12/2019 à 13:39
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La voiture électrique est aussi polluante que les autres fonctionnant à l'essence ou diesel. L'avenir, c'est l'hydrogène , de la vapeur d'eau. Cette technologie progresse , les constructeurs ne doivent pas s'orienter dans cette filière électrique ave...

à écrit le 23/12/2019 à 13:12
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Et bien sûr la BEI n'a rien à se reprocher sur ces financements passés à des secteurs qu'elles rejettent maintenant! Un peu facile après coup... Greenwashing généralisé hypocrite

le 23/12/2019 à 13:49
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Ceux qui ont quelque chose à se reprocher sont ceux qui continuent de critiquer ceux qui essayent de changer. Cela ne sert à rien de se préoccuper du passé, on n’a plus le temps

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