Danone : Schnepp rassure les actionnaires, Faber écrit aux salariés

Dans une lettre aux actionnaires, le nouveau président du groupe leur promet d'"accélérer la création de valeur" en leur faveur. En écrivant aux salariés, l'ancien PDG estime pour sa part que le choix de Danone de devenir société à missions est " la seule route possible pour l'économie de marché".
Un jour la justice sociale et climatique s'imposera d'elle-même au capitalisme et à sa gouvernance du passé, écrit Emmanuel Faber.
"Un jour la justice sociale et climatique s'imposera d'elle-même au capitalisme et à sa gouvernance du passé", écrit Emmanuel Faber. (Crédits : Charles Platiau)

Le nouveau président de Danone Gilles Schnepp, désigné dimanche soir après l'éviction d'Emmanuel Faber, promet d'oeuvrer pour "accélérer la création de valeur" en faveur des actionnaires mécontents des performances du géant agroalimentaire français, dans une lettre consultée jeudi par l'AFP.

"Ma priorité en tant que président est de mener la transition de l'entreprise vers un système de gouvernance renouvelé, renforcé, pour contribuer à accélérer la création de valeur pour vous, nos actionnaires, et toutes nos parties prenantes", écrit-il dans ce message en anglais adressé aux actionnaires daté de mercredi.

Le projet de réorganisation toujours d'actualité

Gilles Schnepp, qui avait les faveurs des fonds d'investissement hostiles à son prédécesseur Emmanuel Faber, souligne par ailleurs que le conseil d'administration soutient toujours le projet de réorganisation Local First imaginé par Emmanuel Faber, qui prévoit un profond remaniement de l'organigramme de Danone et jusqu'à 2.000 suppressions de postes (sur les 100.000 que compte Danone dans le monde) dans l'encadrement. Les fonds hostiles à M. Faber voulaient que ce plan soit suspendu le temps que le prochain directeur général du groupe soit trouvé.

Ce projet "rendra Danone plus fort, va nous permettre d'accélérer la croissance et la création de valeur et de mieux satisfaire les besoins des consommateurs dans tous les pays où nous opérons", estime M. Schnepp.

"Cela permettra aussi de débloquer d'importantes ressources qui seront réinvesties dans nos marques et projets commerciaux", ajoute-t-il.

Un futur conseil d'administration resserré

Il précise que ce projet porte uniquement sur des questions d'organisation, et que le prochain directeur général aura "toute latitude pour élaborer et mettre en oeuvre sa stratégie pour l'entreprise, y compris, sans que la liste soit exhaustive, en termes d'allocation de capital, de décisions d'investissement et de changements dans le portefeuille".

M. Schnepp indique par ailleurs que le conseil va se pencher sur sa proche composition afin de s'assurer qu'il comporte en son sein "la juste proportion de compétences, de perspectives et d'expérience". Le futur conseil d'administration sera resserré (il est composé à ce jour de seize administrateurs, dont le président) et devra présenter une indépendance accrue vis-à-vis de la direction, précise-t-il.

Le refus de "sauver les apparences"

Dans une lettre aux 100.000 salariés consultée jeudi par l'AFP, l'ex-PDG Emmanuel Faber est revenu pour sa part sur le statut d'entreprise à mission récemment adopté par Danone, qui lui enjoint de poursuivre des objectifs extra-financiers, notamment en matière de préservation de l'environnement.

"C'est la seule route possible pour l'économie de marché car un jour la justice sociale et climatique s'imposera d'elle-même au capitalisme et à sa gouvernance du passé", estime-t-il, non sans rappeler qu'il avait renoncé en 2019 "à tous les privilèges de patron que j'estime d'un autre âge, mes indemnités de départ, ma retraite chapeau".

Lire: Mathias Vicherat, Danone : « La loi Pacte n'interdit pas aux entreprises à mission de se réorganiser »

Quant à son éviction, il souligne qu'il ne voulait pas "sauver les apparences" en renonçant de lui-même à ses fonctions.

"Bien sûr, j'aurais pu éviter cela en proposant une élégante démission 'pour motifs personnels' qui aurait sauvé les apparences. Mais comme vous le savez, j'aime regarder la vérité en face ; et que chacun prenne ses responsabilités", écrit-il dans ce courrier de deux pages, daté du 16 mars.

Un dernier acte de président

Dimanche soir, le conseil d'administration a voté pour évincer Emmanuel Faber avec effet immédiat. Une dizaine de jours plus tôt, ce même conseil avait décidé de conserver Emmanuel Faber à la présidence et de rechercher un nouveau directeur général, une option qui n'avait ni apaisé les fonds ni calmé les tensions parmi les administrateurs lui reprochant un exercice du pouvoir trop solitaire.

"Vous avez lu, entendu beaucoup de choses sur le fonctionnement du conseil ces dernières semaines. Il a été mis (...) sous une pression inadmissible", commente le dirigeant.

"Face aux menaces de démissions individuelles ou collectives largement commentées dans la presse, en entrant dans cette réunion dimanche soir, j'ai posé un dernier acte de président : demander à tous les membres que, quelle que soit la décision, personne ne démissionne", ajoute-t-il.

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Commentaire 1
à écrit le 19/03/2021 à 9:26
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On est en UE, les discours économiques progressistes et donc productifs ne peuvent pas être entendus par nos zombies financiers hélas. Sont ils déjà encore vivants vu que personne n'ose aller voir ?

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