« Fast Foiling Ferry » : trois gammes de bateaux pour décarboner le transport maritime de passagers

Transposer une expertise développée dans la course au large : l’architecte naval VPLP Design, le cabinet de conseil Alwena Shipping et MerConcept, l’écurie du skipper François Gabart sont partenaires dans le projet industriel « Fast Foiling Ferry ». Ce concept de bateaux innovants utilise la technologie des foils, alliée à une motorisation plus vertueuse, pour réduire l’impact environnemental des navires à passagers de trente mètres et moins. Trois gammes sont à l’étude dont une version « City » pour le transport côtier.
Un projet de « navire volant » doté d'un foil.
Un projet de « navire volant » doté d'un foil. (Crédits : MerConcept)

Les projets ne manquent pas pour accélérer la transition écologique dans le transport maritime. Au-delà de la montée en puissance de la propulsion vélique (à voile), très prisée dans les projets innovants de fret maritime, différents acteurs parient, pour le transport de passagers, sur les performances de la technologie des foils, ces appendices permettant aux bateaux de voler.

C'est le cas de l'architecte naval breton VPLP Design et du cabinet de conseil marseillais Alwena Shipping, expert dans les bateaux de travail et les systèmes de propulsion. Les deux entreprises collaborent déjà sur plusieurs projets de transition comme le Trade Wings 2.500, un porte-conteneurs de 2500 équivalent 20 pieds à propulsion hybride, GNL/éolien (six ailes).

Présenté début 2020, leur concept de navire volant, « Fast Foiling Ferry » ou F3 (prononcer F Cube), entend transposer dans le transport maritime les savoir-faire développés pour la course au large tout en contribuant à une transition énergétique durable du secteur. Le transport maritime compte pour 3% des émissions de CO2 chaque année dans le monde.

Trois gammes, trois usages

L'arrivée à l'automne 2021 d'un troisième partenaire technique et commercial, MerConcept, l'écurie de course au large du skipper François Gabart, a permis d'élargir ce projet de mobilité maritime. La structure installée à Concarneau exploite son expertise en R&D en prenant en charge la conception des systèmes de commandes électroniques et mécaniques des foils.

Le « Fast Foiling Ferry » est à ce jour décliné dans trois gammes, allant des navires de transfert d'équipage vers des plateformes offshore (CTV) au ferry à passagers pouvant accueillir de 120 à plus de 200 personnes. Pour ces navires, fabriqués en alu ou en composites et potentiellement opérationnels en 2024, les trois partenaires espèrent stimuler rapidement une première commande, d'un armateur ou d'un donneur d'ordre public.

Un concept « City » à hydrogène pour la mobilité urbaine

« Nous avons commencé à travailler sur ce projet fin 2019, avec Alwena Shipping, autour d'un premier concept de plateforme volante » explique Simon Watin, président de VPLP Design, dont l'activité tend à se diversifier au-delà de la course au large.

« Ce catamaran polyvalent de 30 mètres de long se déclinait en deux variantes : un F3 ferry pouvant embarquer de 100 à 200 personnes sur de moyennes distances et un F3 offshore conçu pour assurer la relève d'équipages professionnels sur des sites pétroliers ou éoliens flottants. L'idée étant de concurrencer l'hélicoptère pour les rotations d'équipages sur une journée. »

Grâce aux foils, qui limitent la trainée de la coque dans l'eau et donc la consommation de carburant, le navire est capable de naviguer à 44 nœuds en vitesse de croisière, avec une consommation réduite jusqu'à 40% par rapport aux carènes classiques (archimédiennes).

En juin, lors du salon Euromaritime 2022 de Marseille, les trois partenaires ont dévoilé une troisième version du F3 : le « City » dédié aux mobilités urbaines. Ce catamaran de 24 mètres de long entend répondre à une demande de déplacement rapide dans les agglomérations maritimes, à Marseille ou encore entre Nice et Monaco, « sans bruit et en consommant le moins possible » font valoir les trois entreprises. Ce ferry pourra embarquer 220 passagers à 35 nœuds en vitesse de croisière, « avec une consommation réduite jusqu'à 40% ».

Mix énergétique et propulsion hybride

« Les évolutions technologiques des foils offrent un confort pour le passager et un vol stable, sans subir la houle » note Ludovic Gérard, président d'Alwena Shipping.

« Pour les zones densément peuplées, nous envisageons d'équiper ce catamaran côtier d'un moteur électrique fonctionnant à l'hydrogène, rechargeable la nuit. En utilisant des énergies décarbonées, le F3 pourra être décliné dans différentes versions adaptées à chaque marché en fonction de la disponibilité des énergies et des politiques locales » ajoute-t-il.

Alors que le concept a été présenté au salon de Dubaï au printemps dernier, le trio indique que ses premières discussions, « encourageantes » avec des armateurs et des collectivités orientent les études en cours vers plusieurs solutions de systèmes de propulsion et de génération d'énergie, incluant l'hydrogène ou le bio-carburant.

La version offshore pourrait associer un système d'hydrojets et du diesel, tandis que le « City » réunirait des hélices et un moteur hydrogène à combustible. Selon la demande, plusieurs déclinaisons du ferry volant, y compris en termes de capacité, sont donc envisageables.

Vers un démonstrateur industriel

DPLP design, Alwena Shipping et MerConcept cofinancent et investissent ensemble dans ce projet qui représente plus de 3.000 heures de travail à ce jour. En recherche de partenaires, y compris institutionnels, le triumvirat envisage la conception d'un prototype industriel de 24 mètres. Dans l'immédiat, les trois entreprises affinent leurs études et la R&D grâce à un bateau volant de 12 mètres de long construit par MerConcept pour un client privé.

« Ce catamaran équipé d'un foil et de deux plans porteurs sur safrans est propulsé par deux moteurs électriques » détaille Antoine Carraz, directeur de la division Mobilité maritime de MerConcept. « D'une autonomie de 90 milles nautiques (170 km), pour une vitesse de croisière de 22 noeuds et un équipage de huit personnes, il a été développé pour la course et pour un usage de plaisance dans une optique de mobilité moins impactante. Il nous permet d'éprouver l'utilisation des foils sur des bateaux à moteur, d'augmenter le confort à bord par un vol stable et d'optimiser l'efficacité énergétique grâce au vol », poursuit-il.

La prise de conscience de l'urgence climatique est propice à l'émergence de nouvelles formes de transport maritime et aux évolutions réglementaires. « C'est dans l'innovation qu'on avancera », prédit Simon Watin.

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Commentaire 1
à écrit le 27/08/2022 à 12:41
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Bonjour, Bien sûr ils faut désabonner le transport maritime... Mais ils faut avant tout que cela soit viable économiquement, prix de construction et prix du personnel navigant en plus... Cela est avant tout un impératif économique importants... L'...

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