Certains l'ont déjà surnommé « le sommet qui doit sauver le monde ». La COP26, qui se tiendra mi-novembre 2020 à Glasgow, en Écosse, s'annonce comme un moment charnière dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cinq ans après l'accord de Paris, elle ne devra pas seulement constituer un point d'étape sur les objectifs pris en 2016. Elle devra également remobiliser les États, insuffler un nouvel élan et déboucher sur des engagements plus forts et contraignants.
« Les enjeux pourraient difficilement être plus grands », souligne la Fondation européenne pour le climat. Et de prévenir: « Si la COP26 venait à être un échec, ou simplement un succès diplomatique permettant aux Nations unies et à la présidence britannique de sauver la face mais sans augmenter de manière significative les ambitions de baisse des émissions de gaz à effet de serre, il deviendrait alors impossible de limiter la hausse des températures à 2 °C, et encore moins à 1,5 °C. »
Cette fourchette, s'étendant de la période préindustrielle à 2100, doit permettre d'endiguer les conséquences du dérèglement climatique. Et ainsi d'éviter des bouleversements sans précédent pour l'humanité. Mais elle apparaît aussi de plus en plus illusoire. Car les engagements pris à Paris par les 200 pays présents semblent aujourd'hui très insuffisants pour rester sur la bonne trajectoire: ils ne permettraient de limiter la hausse du mercure que de 3,2 °C, selon les estimations de l'Unep, le Programme des Nations unies pour l'environnement.
Mesures radicales
Pis encore, ces engagements, dans les faits non contraignants, ne sont pas en passe d'être tenus. Dans son dernier rapport annuel, publié fin novembre, l'Unep tire ainsi la sonnette d'alarme. Au rythme actuel, le réchauffement pourrait être de 3,4 à 3,9 °C d'ici la fin du siècle. Pour rester sur la trajectoire de 1,5 °C, des mesures radicales et immédiates sont indispensables. Il faudrait en effet, estiment les experts des Nations unies, réduire les émissions de CO2 de 7,6 % par an au cours de la prochaine décennie. Cela passe notamment par une forte baisse de la production d'énergies fossiles, qui devrait être, en l'absence d'ajustements, deux fois trop élevée dans dix ans. Après « dix ans de procrastination climatique », le temps est donc à l'action, prévient l'Unep.
« Chaque année de retard à partir de 2020 nécessitera des réductions d'émissions plus rapides, ce qui deviendra de plus en plus cher, improbable et difficile », indique-t-il dans son rapport annuel. Un sentiment partagé par la Fondation européenne pour le climat. « Les récentes études scientifiques ont mis en évidence que des petits pas ne sont plus suffisants, estime-t-elle. Limiter la hausse des températures à 1,5 °C est certes toujours techniquement réalisable, mais la fenêtre de tir est en train de se refermer très rapidement ».
À Madrid, la COP25 a débouché sur un accord a minima. Les discussions ont essentiellement été techniques. Elles ont notamment porté sur les modalités d'application du mécanisme de compensation carbone prévu dans l'accord de Paris. Celui-ci doit permettre à des pays de compenser leurs émissions en finançant des projets verts ailleurs, dans des pays en développement par exemple. Le sujet est très complexe. Et les négociations difficiles. Comme lors de la précédente COP, à Katowice, en Pologne, aucun compromis n'a pu être trouvé.
À Glasgow, il faudra donc bien plus de détermination pour aboutir à un accord à la hauteur des enjeux. Par l'intermédiaire d'Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission, l'Union européenne affiche son volontarisme. Dans son pacte vert (le « Green New Deal » européen), présenté le 11 décembre, elle propose de fixer un objectif de neutralité carbone d'ici à 2050. Et de porter la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 %, voire 55 % à l'horizon 2030, contre 40 % actuellement. Mais l'exécutif européen doit encore convaincre les États membres, aussi bien sur la portée de ses ambitions que sur les investissements financiers nécessaires pour les atteindre. Un soutien loin d'être acquis.
Certes, 80 pays ont déjà promis d'accroître leurs efforts climatiques. Mais la Chine, le Japon, le Brésil, l'Inde ou encore l'Australie ne figurent pas dans cette liste. Restent enfin les États-Unis, qui ont acté en novembre leur sortie de l'accord de Paris. Celle-ci doit intervenir le 4 novembre 2020, cinq jours seulement avant le sommet de Glasgow. La veille, le 3 novembre, les électeurs américains auront élu leur président. Ils devront choir entre Donald Trump, le climato-sceptique, ou un candidat démocrate qui ne sera pas encore entré en fonction au moment de la COP26. Pas de quoi inciter à l'optimisme...
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S'ENGAGER POUR LA BIODIVERSITÉ, UNE PRIORITÉ ABSOLUE
Neuf ans après, le constat d'échec est implacable. En 2010, à Nagoya, au Japon, la dixième conférence sur la biodiversité avait débouché sur un plan stratégique sur dix ans, alors qualifié « d'historique ». Force est aujourd'hui de constater que celui-ci n'a pas permis d'inverser la tendance. Ces derniers mois, toutes les études scientifiques ont en effet souligné une érosion inquiétante et croissante de la biodiversité.
Fin 2020 - les dates exactes n'ont pas encore été annoncées -, dans la ville chinoise de Kunming (province du Yunnan), les dirigeants politiques mondiaux auront donc l'occasion de rectifier le tir. Réunis par les Nations unies dans le cadre de la COP15 sur la biodiversité, ils devront prendre des engagements pour la prochaine décennie. « Il faut que les États s'engagent en faveur d'actions claires, précises, multiples et quantifiables, en privilégiant la réduction rapide et effective des grands facteurs de pression », préconise la Fondation de recherche sur la biodiversité, qui réclame aussi « des actions de protection de grande ampleur ».
Dans un rapport publié en mai, l'IPBES, le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité, recensait environ 1 million d'espèces animales et végétales en danger, sur les quelque 8 millions estimées sur Terre, dont « beaucoup dans les prochaines décennies ». Principales menaces : l'agriculture intensive, la déforestation, l'urbanisation, la surpêche ou encore la pollution. Un exemple supplémentaire, pour les scientifiques, que la sixième extinction de masse du vivant a déjà commencé
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