(Ir) esponsabilité (s)

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, François Hollande prépare l'opinion à une révision de la croissance économique, Barclays s'impose une cure d'austérité et la triste fin de Goodyear Amiens-Nord.
Le président de la république, François Hollande. Copyright Reuters

C'est dit au détour d'une phrase, comme une évidence, lors d'une conférence de presse. . « Il ne sert à rien d'afficher des objectifs s'ils ne peuvent pas être atteints », a philosophé François Hollande, lors d'un point de presse avec son homologue luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Les prévisions de croissance économique de la France pour 2013 pourraient dont être révisées à la baisse.

Communication politique

Un geste clair de  de la communication politique pour préparer l'opinion publique à la mauvaise nouvelle. Jusqu'alors, le gouvernement rejetait d'un revers de main les estimations inférieures à son + 0,8%. La dernière projection du FMI table sur + 0,3%.  : la croissance du PIB sera bien inférieur à + 0,8%. L'opinion s'en doute depuis un moment.

Mais ce qu'il faut, c'est trouver une raison justifiant la révision. L'euro fort qui surenchérit nos produits à l'exportation fait partie des coupables, François Hollande l'a expliqué aux eurodéputés la semaine dernière. La crise européenne reste un argument inoxydable, celui des méchants spéculateurs étant démonétisé. Quant à l'objectif de ramener le déficit public à 3% du PIB, il devient mission impossible, la Cour des Comptes l'a dit ce mardi. Il faut que Bruxelles devienne raisonnable, à l'impossible nul n'est tenu. Ce qui n'est pas dit, c'est que les Français devront subir une cure d'austérité, mais elle aurait été pire sans l'action du gouvernement. Voilà ce qu'il faut comprendre.

Capitalisme anglo-saxon

La banque Barclays n'a pas les mêmes scrupules de communication avec ses employés. La culture du capitalisme anglo-saxon admet que les erreurs doivent être payées, au comptant et rapidement. Dura lex sed capitalismus lex. L'établissement britannique, il est vrai, a perdu de sa superbe. Sa réputation est déjà mise à mal avec le scandale de la manipulation du taux interbancaire, le Libor, et les emails de ses traders montrent que l'on s'amusait bien à l'époque flamboyante des produits dérivés. La fête est bien finie, et le régime maigreur est prescrit.

Barclays vient donc d'annoncer une réduction de ses effectifs de 8% dans ses activités de financement et de 3% dans ses activités commerciales, soit 3.700 personnes. Elle va réduire ses coûts de 10%, soit quelque 1,7 milliard de livres et changer une culture d'entreprise qui avait connu certains relâchements. Bref, il ne faut pas faire fuir le client vers la concurrence.

Douche froide

Ceux qui ont également reçu une douche froide, ce sont les 1.173 employés de Goodyear à Amiens-Nord. L'espoir d'une reprise par Titan International, groupe américain, qui fabrique des pneus agricoles, a jeté l'éponge. C'est le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui l'a lui-même annoncé, se transformant en directeur de la communication d'une entreprise américaine.

Surenchère de la CGT

Cette situation, faut-il le rappeler, est le résultat d'un feuilleton à rebondissements où les rendez-vous manqués et la surenchère ont conduit à cette triste issue : la prochaine fermeture définitive du site. Un cas d'école. La direction de Goodyear France qui avait cherché à concluree un accord de compétitivité, déjà en place sur d'autres sites avec un certain succès, s'est heurtée à un refus de la CGT de l'entreprise.

Le site d'Amiens-Nord, n'était plus compétitif - le coût de production du pneu était supérieur à son prix de vente - et accusait des pertes structurelles depuis plusieurs années. La reprise de l'activité « pneu agricole » par Titan était conditionnée à la signature préalable d'un plan social sur l'activité « pneu touristique », mais en refusant cette solution la CGT a commis une erreur stratégique. A vouloir tout, elle a tout perdu.

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