L'éléphant dans un magasin de porcelaine

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, le Premier ministre russe fait la leçon à l'Europe, les (très) riches contribuables français seront (un peu moins) moins taxés, et le nombre de pauvres en Espagne augmente rapidement.
Dmitri Medvedev, Premier ministre recevait jeudi à Moscou, son "vieil ami" José Manuel Barroso, président de la Commission euoropéenne.Copyright Reuters

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, n'a pas manqué l'occasion de brocarder ce qu'il faut bien appeler un fiasco, celui de la gestion européenne du plan d'aide à Chypre, en parlant « d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. » Le revirement sur l'application d'une taxe sur les dépôts bancaires, désormais totalement abandonnée, en quelques jours en dit long sur la difficulté à trouver un véritable pilote dans l'avion Union européenne.

Medvedev se plaint de la spoliation des Russes

Il est évidemment pour le moins piquant de se voir donner une leçon de gouvernance par Moscou, qui n'est pas un modèle en la matière. Mais Dmitri Medvedev peut se permettre de tenir le beau rôle dans cette affaire, où l'Union européenne a montré une fois de plus ses limites, en se plaignant de la maladroite sinon injuste spoliation des intérêts russes qui pourrait bien amener Moscou à revoir à la baisse la part en euros de ses réserves de change.

Il en a parlé à son « vieil ami » José Manuel Barroso, qui avait fait le voyage à Moscou. Aux dernières nouvelles, Nicosie optait pour un fonds d'investissement de solidarité, ce qui devrait permettre de réintroduire les Russes dans un jeu dont ils avaient été exclus dans le plan du week-end. Opportunistes, ces derniers se proposent d'aider le gouvernement chypriote à exploiter le gaz naturel off shore qui attend dans les eaux turquoise méditerranéennes. Le feuilleton n'est pas encore terminé.

1.500 personnes concernées

La taxe de 75% que voulait imposer François Hollande aux très hauts revenus avait été retoquée par le conseil constitutionnel. Dans ce cas aussi, on avait assisté à quelques cafouillages sur les personnes qui seraient concernées pour contribuer au budget de l'Etat. Au final, le gouvernement est revenu avec un taux révisé à la baisse qui sera plafonné à 66,66% (si, si !) et touchera tous les revenus, y compris donc ceux du patrimoine. On connaît même le nombre de personnes qui seront soumis à cet impôt : 1.500.

Evidemment, comme souvent avec l'administration fiscale française, il y a derrière cette mesure tout un assortiment de critères qui transforment la mesure en une sorte d'usine à gaz - exemptions, effets de seuils, situation familiale... - et qui au final conduit à se demander s'il n'y a pas eu beaucoup de bruit pour rien.

Un ton politique très anti-finance

Mais on pourra toujours admirer un texte qui a pris en compte les remarques du Conseil constitutionnel, la nécessité de rester dans le ton politique très anti-financier qu'avait tenu le candidat Hollande durant la campagne tout en faisant rentrer quelques sous dans les caisses vides de l'Etat.

En Espagne, il y a aussi des riches mais c'est surtout le nombre de pauvres qui est en train de grandir. Désormais, trois millions d'Espagnols sont dans une situation d'extrême pauvreté, quasi 6,5% de la population. Autrement dit, ces personnes vivent avec 304 euros maximum par mois. Il s'agit de l'antichambre de l'exclusion sociale. Et les spécialistes mettent en garde sur ce phénomène car il est très difficile de pouvoir sortir de cette situation lorsqu'on s'y trouve. Surtout, un des effets de la crise est de creuser les inégalités encore davantage.

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