Les nouveaux arguments économiques du "Green IT"

Les entreprises sont de plus en plus attentives à limiter l'impact de leur informatique sur l'environnement et à utiliser les nouvelles technologies pour gérer et diminuer la consommation d'énergie et les émissions de CO2 d'autres services.
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Dans la troisième édition de son enquête annuelle sur le Green IT, le cabinet de conseil Devoteam observe une progression du sujet au sein des entreprises. Thomas de Lacharrière, associé de Devoteam, attribue cette progression aux retombées économiques qui apparaissent de plus en plus clairement à mesure que les factures d'énergie flambent.

80 % des grands groupes (contre 63 % en moyenne en incluant les PME) déclarent aujourd'hui avoir un programme Green IT. C'est-à-dire un plan d'actions visant à diminuer la consommation d'énergie des centres de données (de 6 à 7 % de le consommation électrique française) et des terminaux et les émissions de CO2 liées à leur informatique.

Les DSI déresponsabilisés

La question de la fin de vie des équipements (qui entrent dans la catégorie des déchets d'équipements électriques et électroniques) relève également du Green IT, mais accuse un certain retard par rapport à la problématique de l'énergie. Il faut dire que cette dernière se traduit plus directement en économies financières. Et encore, les tarifs relativement bas en France n'incitent guère les entreprises à se pencher sur le dossier. En Allemagne, elles sont 83 % à connaître le montant de leur facture, contre seulement 65 % en France. Mais comme la consommation des systèmes informatiques est noyée dans celle des services généraux et surtout réglée par ces derniers, les DSI (directeurs des systèmes d'information) ne sont guère responsabilisés. Cependant, le suivi automatique des consommations (celle des data centers comme celles des terminaux) devient de plus en plus fréquent.

Concernant la fin de vie des équipements, la complexité et la méconnaissance de la réglementation ne favorisent pas la prise en main du sujet. Ce sont en principe aux fabricants et « metteurs sur le marché » que revient la responsabilité de la collecte et du traitement de ces déchets, dans le cadre de la directive européenne de la « responsabilité élargie du producteur ». Mais ce n'est pas ce qui se passe dans la réalité, oeut-être également parce que les entreprises, qui ne sont pas toujours bien informées, omettent de s'en assurer au moment de la commande de matériel. L'agrément d'éco-organismes chargés de cette mission, comme cela existe déjà pour les particuliers, devrait néanmoins leur simplifier la tâche.

Les achats, un poste clé

Les achats représentent un poste clé du Green IT. C'est à ce stade que l'entreprise peut exiger des équipements labellisés (sur le plan environnemental), et les deux tiers d'entre elles le font. Les acheteurs peuvent également négocier sur la base du prix total d'utilisation ou TCO (total cost of ownership), qui prend en compte le coût et les impacts des équipements sur toute leur durée de vie et pas seulement le prix d'achat. Typiquement, cela permet de distinguer un appareil à bas coût très énergivore d'un autre plus cher à l'achat mais très économe à l'usage.
Il reste un sujet qui reste très peu traité et qui pourtant recèle de gigantesques gisements d'économies : celui du développement. L'éco-conception logicielle (qui évite un surdimensionnement des logiciels au regard des besoins des utilisateurs et une consommation d'énergie disproportionnée) reste peu abordée. Pourtant, Facebook est parvenu il y a quelques mois à économiser 50 % sur un programme uniquement en améliorant la couche logicielle.

De l'efficacité interne à l'argument commercial

Mais le Green IT revendique d'autres initiatives que celles visant à réduire l'impact de leur informatique, et met en avant l'utilisation des nouvelles technologies pour réduire l'impact d'autres services. C'est dans les transports que les économies réalisées (en énergie, en CO2 et en euros) sont les plus importantes, notamment grâce à des outils de téléconférence toujours plus performants et à la généralisation de locaux « satellites » permettant aux salariés de travailler à proximité de chez eux dans des locaux de leur employeur.

Certains vont plus loin, en faisant du Green IT un véritable argument marketing et commercial. C'est le cas de l'opérateur de téléphonie belge Belgacom (client de Devoteam). Après avoir lui-même mis en application les grands principes du Green IT (approvisionnement en électricité exclusivement issue d'énergies renouvelables, ferme solaire, télétravail, formations à l'éco-conduite...) il a choisi ce positionnement pour proposer à ses propres clients de les accompagner dans leur démarche Green IT. En recourant évidemment aux produits et solutions Belgacom. « Les résultats de nos propres initiatives nous permettent d'être pris au sérieux sur ces sujets et nous évitent les soupçons de greenwashing », témoigne Loïc Lauwers, responsable grand comptes chez l'opérateur.
 

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