Le Japon est-il prêt à toutes les concessions pour l'or noir russe ? Tokyo fait miroiter une aide de 7,52 milliards d'euros à Moscou pour financer le futur oléoduc Sibérie-Pacifique à condition qu'il n'y ait pas d'embranchement vers la Chine, affirmait hier le quotidien d'affaires Tokyo Shimbun. Il s'agirait de prêts à taux bas et de garanties allant jusqu'au montant faramineux de 1.000 milliards de yens, soit l'aide la plus généreuse jamais offerte par le Japon à un projet pétrolier à l'étranger.Différends territoriaux. L'annonce intervient fort à propos, alors que le président chinois, Hu Jintao, vient de rentrer les mains vides d'une visite à Moscou. De nombreux observateurs s'attendaient à ce que Hu Jintao arrache le week-end dernier la promesse d'un oléoduc rival vers la Chine, bien moins cher que le projet vers le Pacifique estimé au bas mot à 15 milliards de dollars. Pressés de garantir leurs besoins croissants en pétrole, le Japon et la Chine courtisent activement un Kremlin satisfait de voir monter les enchères. Les relations diplomatiques entre les trois pays restent complexes et tendues en raison de différends territoriaux et de craintes devant la puissance chinoise montante.En rendant cette année à la Chine une minuscule île sur le fleuve Amour, Moscou avait fait preuve d'une rare bonne volonté. Par comparaison, les quatre îles Kouriles saisies par Staline au Japon tout à la fin de la Seconde Guerre mondiale continuent d'exacerber les tensions entre les deux pays, qui n'ont pas été capables, depuis, de signer un traité de paix. La droite japonaise rejette catégoriquement toute normalisation des relations bilatérales - et tout investissement majeur - tant que Moscou n'aura pas rendu les îles. Ceinturé par une droite et une gauche résolument chauvines, Poutine n'est guère à son aise pour faire des concessions territoriales alors qu'il prévoit de se rendre à Tokyo pour une première visite "historique" en novembre.Emmanuel Grynszpan, à Moscou

latribune.fr

26 Sept 2008, 2:19

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