La réforme de Medicare vire au cauchemar

George W. Bush tiendra la semaine prochaine le traditionnel discours présidentiel sur l'état de l'Union alors qu'une confusion extrême règne autour de sa principale réforme économique : celle de Medicare (système de couverture santé des plus de 65 ans) votée par le Congrès en 2003 et entrée en vigueur le 1er janvier.Selon un sondage Associated Press-Ipsos, seules 16 % des personnes âgées affirment éprouver "peu de difficultés" à comprendre le nouveau système quand les deux tiers d'entre elles le trouvent "confus". Grâce à cette réforme, l'administration Bush espérait à terme faire baisser le coût associé à la santé des 43 millions de personnes éligibles au programme en mettant en compétition les assureurs du privé, désormais chargés de gérer leurs cotisations et leurs remboursements ("La Tribune" du 30 décembre).Après avoir dû faire un choix hasardeux entre les dizaines d'options proposées par les assureurs, des milliers de retraités à travers le pays ont compris que certains médicaments, parfois cruciaux pour leur santé, ne leur seraient plus remboursés. Les pharmaciens ne semblant pas plus saisir les nuances entre les options offertes par les assureurs, le gouvernement fédéral a été contraint de faire passer de 150 à 4.000 le nombre de fonctionnaires chargés de leur expliquer au téléphone le fonctionnement du nouveau système.La situation est particulièrement délicate pour les 6,4 millions de "seniors" qui dépendaient auparavant de Medicaid, le programme santé destiné aux plus démunis, car ils ont automatiquement basculé dans le nouveau système. Nombre d'entre eux ont été affiliés à un plan qui ne couvre pas leurs besoins médicaux ou qui est trop coûteux pour eux. Certains se sont retrouvés avec plusieurs assureurs quand d'autres n'avaient été affiliés à aucun plan !C'est dans ce contexte chaotique que, jour après jour, les médias américains se font l'écho de situations personnelles tragiques et de la complainte des milieux médicaux, notamment en psychiatrie, dont les services d'urgence voient, par exemple, affluer des malades privés de leurs neuroleptiques... "Vingt-quatre millions de personnes sont déjà inscrites au nouveau programme et, pour la plupart d'entre elles, le système fonctionne", a voulu temporiser le secrétaire à la Santé, Mike Leavitt, insistant sur le fait que le gouvernement "était en train de résoudre les problèmes".Plan d'urgence. En attendant que l'administration remette de l'ordre, vingt-quatre États ont volé au secours de leurs "seniors". Le républicain Arnold Schwarzenegger a décrété "un plan d'urgence" visant à procurer aux Californiens âgés et démunis les "médicaments de première nécessité qu'ils risquent de perdre". Las, alors que les dépenses de santé des Américains ont progressé de 7,9 % à 1.900 milliards de dollars en 2004, la réforme de Medicare risque de se révéler aussi inefficace qu'onéreuse. Après avoir été initialement estimé à 400 milliards de dollars sur dix ans, son coût est évalué à 724 milliards.Éric Chalmet, à New York
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