Le patriotisme économique n'a plus grand sens en Europe

Les termes " champion national " ont-ils un sens quand il s'agit du monde des entreprises, surtout pour les multinationales ? Cette controverse, très à la mode en France, est jugée démodée par Bruegel, un "think thank" bruxellois, dans un rapport qui passe au crible les 100 premières entreprises européennes.Ces compagnies " effectueront plus de la moitié de leurs activités hors de leurs frontières nationales d'ici à 2009 ", prévoit Nicolas Véron, auteur du rapport (*). Déjà, le chiffre d'affaires engrangé sur leur marché national a décliné de quelque 50,2 % en 1997 à 36,9 % l'an dernier. Et la répartition géographique des emplois générés par ces mêmes compagnies suit à peu de chose près une courbe similaire.De fait, cette tendance est accentuée par l'" européanisation " du marché domestique et la notion de " marché national " n'a plus grand sens dans l'Union européenne. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Commission de Bruxelles a considéré comme " protectionniste " l'appel du Premier ministre français, Dominique de Villepin, au " patriotisme économique ".Le modèle Nokia. Que ce soit dans le cas de Mittal-Arcelor ou d'Enel-GDF, la réaction de protectionnisme national trouve son essence, à en croire le rapport Bruegel, dans un double objectif : la préservation des emplois sur le territoire national et la défense des intérêts du contribuable qui a financé la recherche ainsi que les investissements publics. Encore que ce second argument ne tienne pas dès lors que le gouvernement a décidé de privatiser. Bref, selon Bruegel, les gouvernements feront mieux de s'occuper de la compétitivité de l'économie nationale au lieu d'aider directement les entreprises.De toute manière, le patriotisme économique prôné à Paris pour protéger les fleurons industriels ne parvient guère à résister à la logique des marchés, comme le montre le consentement d'Arcelor à une offre de Mittal au prix fort. Cette opération est ainsi devenue subitement " amicale " du jour au lendemain.Quoi qu'il en soit, les hommes politiques feraient bien de prendre en considération les dimension et identité européennes des entreprises, conseille Nicolas Véron, qui cite en exemple le PDG de Nokia, Jorma Ollila. Quelle entreprise, en effet, mieux que Nokia est confondue aussi fortement avec l'identité nationale ? Pourtant, Jorma Ollila admet que pour préserver son avenir Nokia doit étendre ses capacités de production au-delà des frontières de la Finlande.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.