Retour programmé des prorusses à Kiev

La " coalition orange " qui avait porté au pouvoir Viktor Iouchtchenko a volé en éclats ce week-end lorsque le leader socialiste Alexander Moroz, un de ses trois piliers, a plié bagages pour le camp adverse. Traité comme la troisième roue du carrosse par ses " alliés ", il s'est fait élire inopinément au poste de speaker de la Rada (Parlement ukrainien) par les voix du Parti communiste et du Parti des régions, dirigé par l'ancien Premier ministre prorusse Viktor Ianoukovitch. Grâce au renversement d'alliance, ce dernier a désormais toutes les chances de prendre la tête du gouvernement aujourd'hui, alors qu'un vote est prévu à la Rada.Pressions moscovites. Trois mois après les élections législatives, les trois partis de la coalition orange, qui détenaient une courte majorité parlementaire, n'ont donc toujours pas réussi à former un gouvernement. Kiev n'a pourtant pas de temps à perdre alors que Moscou, qui n'a jamais digéré le virage pro-occidental de son ancien allié, multiplie les pressions politiques et économiques. Le gouvernement sortant ukrainien a réussi in extremis la semaine dernière à négocier un délai supplémentaire de trois mois avant une nouvelle renégociation des tarifs gaziers.Mais Gazprom promet d'appliquer les tarifs du marché à l'Ukraine, soit près de 200 dollars les mille m3. L'économie ukrainienne, dominée par une industrie lourde au faible rendement énergétique, a déjà été durement touchée par le doublement des tarifs par Moscou en janvier dernier et la perspective d'un nouveau relèvement inquiète les milieux d'affaires, peut-être plus que les incertitudes politiques liées à la majorité au sein de Rada.Parallèlement, Moscou menace Kiev d'un embargo sur l'acier ukrainien sous le prétexte que du métal irradié à Tchernobyl serait écoulé sur le marché russe. Jeudi dernier, la Douma russe a appelé à un moratoire sur toutes les importations de métaux ukrainiens. Pour les investisseurs étrangers, qui avaient afflué dans le pays après la victoire de la coalition orange en décembre 2004, l'instabilité politique permanente a fortement contrebalancé les effets positifs des réformes économiques. " La nouvelle alliance représente une victoire significative pour la communauté d'affaires et pour le Parti socialiste ", estime Faig Baïramov, analyste chez Renaissance Capital. Le principal but était d'éviter la nomination de Yulia Tymoshenko au poste de Premier Ministre ". Celle-ci avait en effet considérablement irrité le business en se prononçant pour une large campagne de déprivatisations lorsqu'elle dirigeait le gouvernement. " Mais dans tous les cas, la constitution d'une véritable majorité va prendre encore quelques semaines ", conclut l'analyste.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.