Clinton espère voir Pékin tolérer la contestation à Hong Kong

Explosion de joie à Pékin, propos rassurants des dirigeants chinois à Hong Kong, émotion teintée d'inquiétude chez les Occidentaux... Les cérémonies de rétrocession du territoire de Hong Kong se sont déroulées comme prévu dans une ambiance digne mais ambiguë. Il faut dire que le sort de l'ancienne colonie britannique dépend désormais totalement du bon vouloide la République populaire de Chine de respecter - ou non - l'accord sino-britannique de 1984. Un accord aux termes duquel la Chine s'engage à préserver, durant cinquante ans, non seulement le système économique de Hong Kong mais également ses libertés. « Respect des engagements ». « Le succès de Hong Kong passe par le respect scrupuleux de ses engagements par Pékin », a ainsi rappelé le prince Charles d'Angleterre qui lisait un message de la reine Elisabeth II, tandis que le Premier ministre britannique, Tony Blair, souhaitait pour sa part « une relation fondée sur le XXIe siècle qui tourne le dos aux batailles et aux combats du passé ». Le « fringant Tony » n'avait sans doute pas prêté attention à l'éditorial publié le matin même par le Quotidien du Peuple, qui se plaisait à souligner que l'Histoire avait montré que « sans le Parti communiste chinois, le retour sans heurts de Hong Kong eût été impossible »... Le président chinois, Jiang Zemin, s'est pour sa part gardé de tout triomphalisme et, lors de la passation de pouvoir, a tout fait pour rassurer les représentants des gouvernements occidentaux : « Hong Kong gardera son système économique, social et son mode de vie », a-t-il affirmé, en ajoutant que le territoire « continuera à être une place financière, commerciale et portuaire de premier ordre qui maintiendra ses liens avec de nombreux pays ». Espoir. Répondant de la Maison-Blanche aux questions de la presse, le président américain n'a pas hésité toutefois à pousser « un peu plus loin le bouchon ». Selon lui, « il est difficile d'avoir un système d'élections libres et de liberté d'expression sans [que soit tolérée la] contestation ». Les mois qui viennent permettront de vérifier si Pékin tolère effectivement une certaine forme de contestation politique. On peut cependant augurer que les limites de cette contestation seront étroites, au vu des modalités de la transition. Tout en promettant l'organisation d'élections libres en mai 1998, la Chine n'a en effet pas hésité à dissoudre, sans autre forme de procès, le Conseil législatif (LegCo) partiellement élu en 1995 par une assemblée provisoire nommée par le gouvernement central. Capitalisme à visage humain. Hier, le nouveau chef de l'exécutif hong-kongais, Tung Chee-hwa, a cependant donné quel- ques indications sur le type de politique qu'il entendait promouvoir dans la « région administrative spéciale » qu'est devenue l'ancienne colonie. Il prévoit ainsi à Hong Kong une « société démocratique et capable de compassion, dotée d'un système de protection sociale encourageant certes l'autonomie des individus mais prenant soin des malades, des pauvres et des vieux ». Discours habile : les Chinois apporteraient à Hong Kong le bien-être social que les Britanniques n'ont pas cru bon d'importer de la vieille Europe. Hong Kong deviendrait ainsi le modèle d'un capitalisme asiatique à visage humain... Voilà qui peut séduire les millions de Hong-Kongais qui, n'étant ni capitaines d'industrie, ni cadres supérieurs, ni traders, se soucient plus de toucher une retraite décente que de jouir des libertés politiques à l'occidentale. Quant aux « tycoons », ils ne sauraient s'inquiéter de promesses qui sont de nature à leur assurer la paix sociale à bien moindre coût que les fusils de l'Armée populaire... D. V.
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