L'augmentation des coûts salariaux inquiète Wall Street

Neuf petits cents ont suffi vendredi à provoquer une vive tension des taux d'intérêt américains à long terme et une dégringolade à Wall Street. Ces 9 cents représentent l'augmentation - calculée par le bureau du travail - du salaire horaire moyen qui a atteint 11,82 dollars en juin. Ce chiffre a beaucoup plus inquiété les boursiers que la baisse du taux de chômage et le nombre - provisoire - d'emplois créés (lire ci-dessus). Alors que la séance boursière était écourtée pour le lendemain de la fête nationale américaine du 4 Juillet, le manque relatif de liquidités a pénalisé les cours sur le marché obligataire. Le rendement de l'emprunt de référence à trente ans est remonté à 7,19 %, contre 6,93 % à la clôture de mercredi. La tension des taux d'intérêt a influencé négativement l'évolution des actions américaines, les valeurs financières (JP Morgan, Citicorp, Merril Lynch), mais aussi les valeurs cycliques (Chrysler, Ford, General Motors) et les valeurs technologiques (Intel, Microsoft, IBM, et Hewlett-Packard). Les grands indices boursiers ont décliné, dont l'indice Dow Jones des trente valeurs industrielles (- 114,88 points à 5.588,14, soit une baisse de 2,01 %, la plus forte depuis quatre mois), l'indice Standard and Poor's des 500 valeurs (- 14,96 points à 657,44) et l'indice Nasdaq (- 23,25 points à 1158,35). De nombreux titres ont fait l'objet de dégagements rapides. Les stars du début du premier semestre, comme Chrysler et Hewlett-Packard, ont perdu plus de 15 % en quatre semaines. La rapidité de la correction témoigne de l'inquiétude de certains investisseurs qui cherchent à protéger leur gain. Ces corrections sont indépendantes des recommandations des analystes, qui arrivent généralement après que le mouvement a commencé. Ainsi, Goldman Sachs a révisé en baisse sa recommandation sur Hewlett-Packard vendredi, estimant que la faiblesse de la croissance économique européenne pénalisait le fabricant informatique. Hewlett-Packard a perdu 2 dollars à 92-1/8 vendredi, mais le titre se situait à 115 dollars le mois dernier. La brutalité de la réaction boursière à la publication des chiffres de l'emploi est liée à la politique de la Réserve fédérale. Son comité de politique monétaire a décidé de ne pas modifier le niveau cible des fonds fédéraux (loyer de l'argent interbancaire au jour le jour) lors de sa réunion des 2 et 3 juillet. Le marché a interprété cette décision, estimant que la Réserve Fédérale ne trouvait pas que le rythme de la croissance économique américaine soit inflationniste. Et tout le monde de se demander aujourd'hui si la Fed ne s'est pas trompée et si elle ne devrait pas frapper un peu plus fort et un peu plus rapidement que prévu pour endiguer les tensions inflationnistes (les fameux 9 cents de hausse de salaire horaire). Comprenez qu'elle pourrait relever le niveau cible des fonds fédéraux avant la prochaine réunion de son comité de politique monétaire. Un tel événement serait de mauvais augure. La dernière fois que la Réserve Fédérale avait infléchi sa politique monétaire, en février 1994, la Bourse avait perdu 10 % en moins de deux mois. A l'époque, le mouvement avait surpris les marchés financiers qui, au départ, n'avaient pas anticipé un repli de cette ampleur. Aujourd'hui, tout le monde attend une correction. Elle semble avoir commencé puisque l'indice Dow Jones des trente valeurs industrielles a été récemment plus performant que les autres grands indices boursiers à assiette plus large. Bref, une trentaine d'actions se sont bien comportées alors que l'ensemble du marché manquait d'entrain. Une autre manière d'analyser la situation consiste à considérer l'évolution de l'indice Dow Jones depuis 1974, alors qu'il se situait à 570 points. Son récent niveau de 5.700 points montre qu'il a été multiplié par dix en vingt-deux ans. Il n'en est pas de même pour le salaire horaire. Et certains observateurs de remarquer que le salaire horaire pourrait maintenant progresser plus vite que les actions américaines. PASCAL BOULARD, AUX ÉTATS-UNIS
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