ALLEMAGNE + Le dauphin de Kohl alarmiste sur les finances publiques

« Nous serions bien avisés de ne pas nous ériger aujourd'hui en donneurs de leçons aux Français et aux Italiens. » A la veille de la première visite à Bonn du nouveau ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, le numéro deux officieux de la CDU, Wolfgang Schäuble, donné comme le dauphin potentiel du chancelier Kohl, a cherché à apaiser les doutes nés des deux côtés du Rhin quant aux difficultés de chaque pays à remplir les critères de convergence du traité de Maastricht. Mais, simultanément, le même Schäuble reconnaissait que si la France « manquait nettement » les critères d'adhésion à l'euro, « cela poserait problème ». S'il est évident que cette question sera au centre des discussions qu'aura Hubert Védrine, d'abord avec le chancelier Kohl ce matin, puis avec son homologue Klaus Kinkel, le Quai d'Orsay se bornait hier à préciser que ces rencontres donneraient lieu à un vaste « tour d'horizon » et qu'il n'y avait « pas d'ordre du jour bien arrêté ». Sérieux dérapage. A la télévision, Wolfgang Schäuble a en tout cas brossé un tableau plutôt sombre de la situation allemande. Selon le bras droit du chancelier, le déficit fédéral déraperait à un tel point qu'il faudrait constater « l'état de perturbation de l'équilibre économique global ». Une notion contenue dans l'article 115 de la Loi fondamentale allemande, qui prévoit que le déficit fédéral ne doit en aucun cas dépasser le niveau des investissements. C'est pourtant bien ce qui risque d'arriver cette année. La loi de finances initiale retenait en effet un montant d'investissements de 59,9 milliards de marks et un déficit total de 56,4 milliards. Mais le ministère des Finances est confronté à un manque à gagner fiscal de l'ordre de 18 milliards de marks, auquel il convient d'ajouter une vingtaine de milliards dus au coût du chômage massif qui frappe le pays. Ce qui a contraint Bonn à annoncer une loi de finances rectificative pour limiter ce dérapage budgétaire et répondre aux critères de Maastricht. Si l'endettement public devrait atteindre 60,5 % du PIB, ainsi que Theo Waigel l'a précisé lui-même hier, le critère relatif au déficit public (3 % du PIB) semble toujours problématique à atteindre. Hier, l'institut économique DIW de Berlin, proche des sociaux-démocrates et traditionnellement pessimiste sur la conjoncture, annonçait que Bonn ne respecterait pas ce critère, les déficits atteignant selon lui 3,4 % du PIB en fin d'année. Une prévision qui ne tient pas compte de la loi de finances rectificative actuellement en préparation et qui sera présentée prochainement. « Absurde ».Selon le DIW, la volonté du gouvernement de respecter à la virgule près ce critère est « absurde », en raison des effets de la politique d'austérité qui en découle sur la croissance. Mais le débat semble tranché outre-Rhin : dans un discours fleuve à Munich mardi, où d'aucuns ont vu le lancement réel de la campagne pour les élections de 1998, Helmut Kohl a martelé sa volonté de respecter les critères comme le calendrier de la monnaie unique. Alain Baron
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