ASIE + L'immigration, premier test pour la démocratie à Hong Kong

Comme prévu, la terre ne s'est pas écroulée à Hong Kong le 1er juillet 1997. Les 6 millions d'habitants de la « région administrative spéciale » chinoise se sont remis au travail et les 185.000 fonctionnaires sont désormais au service d'un nouveau chef de l'exécutif, Tung Chee-hwa. A part ce dernier et la secrétaire à la justice, Elsie Leung, tous les membres du gouvernement étaient en place sous l'administration coloniale. De son côté, le conseil exécutif (Exco) - chargé de conseiller M. Tung - s'est réuni au complet en début de semaine : parmi les quatorze membres figurent les deux plus hauts fonctionnaires de l'administration de l'ex-gouverneur Chris Patten : le Chief Secretary Anson Chan et le secrétaire aux finances, Donald Tsang. La transition n'est donc en rien « brutale ». «Début de singapourisation». Néanmoins, les dossiers explosifs ne manquent pas, surtout dans le domaine politique. Le premier concerne l'organisation des élections de mai 1998 : la Chine s'est engagée à organiser un scrutin afin de remplacer la législature provisoire. Les mesures qui viennent d'être annoncées prévoient la répartition suivante : sur 60 sièges du conseil législatif, 30 seront élus au sein des corporations (syndicats, fédérations industrielles ); 10 seront choisis par un comité électoral de 800 membres ; enfin, 20 sièges seulement seront issus du suffrage universel. Le président du Parti démocrate Martin Lee a qualifié ce montage de « début de singapourisation » de Hong Kong. Plus gênant encore pour certains démocrates : le nouveau système interdit aux possesseurs de passeports étrangers de se présenter à une élection directe. Cette mesure handicapera de nombreuses personnalités comme Emily Lau ou Christine Loh. Des mesures qui ne risquent pas d'améliorer l'image du nouveau régime auprès d'une population qui avait plébiscité les démocrates. Le deuxième grand dossier est celui de l'immigration illégale, et en particulier le cas de 66.000 enfants nés en Chine (et ayant au moins un parent originaire de Hong Kong). Rapatriements forcés. Ils devront, selon une nouvelle loi votée par la législature provisoire qui a soulevé un tollé, obtenir l'autorisation avant de venir vivre à Hong Kong selon le quota officiel de 150 arrivées par jour. Un millier d'enfants arrivés illégalement risquent le rapatriement forcé. Outre l'opposition hong-kongaise, Washington n'a pas manqué de réagir : « Toutes les actions de cette législature provisoire non élue sont douteuses » a lancé le porte-parole du département d'Etat américain, Nicholas Burns. L'immigration étant l'une des préoccupations principales de Pékin, les autorités chinoises ont renforcé la présence policière le long de la frontière, avec dix mille garde-frontières supplémentaires. Philippe Le Corre, à Hong Kong
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